Fils de Henri François Léon GALLIOT, docteur en médecine (décédé en 1914), et de Irma Clarisse Marguerite CAMUS.
Polytechnique (promotion 1907, entré classé 104 et sorti en 1910 classé 5 sur 167 élèves), Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.
Nommé inspecteur général des mines en 1930. Il est directeur des Mines au ministère de l'industrie de 1928 à 1936, date à laquelle il est nommé directeur du Bureau de documentation minière du Ministère en remplacement de Leprince-Ringuet, lui-même nommé directeur de l'Ecole des mines.
Avec notre ami à tous, Armand GALLIOT, c'est un grand honnête homme et un bon serviteur de l'État qui a disparu. Personnellement, je garde le souvenir d'un chef respecté, d'un ami très cher, dont le nom seul évoque pour moi toute une époque bien différente de celle que nous vivons actuellement.
Il avait eu, avant que je serve sous ses ordres, une carrière exemplaire : issu des classes libérales de province, qui ont fourni pendant tant d'années un encadrement de haute valeur au pays, il était sorti de l'X dans le Corps des Mines mais il n'avait pris le poste d'ingénieur ordinaire à Grenoble, en 1914, que pour partir à l'armée et servir dans les troupes combattantes sur tous les grands champs d'opérations; sa conduite lui a valu les Croix de guerre française et belge et la Légion d'Honneur à titre militaire. [En 1920 il est nommé ingénieur des mines à Chalon sur Saone ; début 1926, à Saint-Etienne].
Après un bref passage dans la Ruhr, où il a pu faire preuve de ses qualités de chef, il est rentré au service ordinaire pour être choisi, en novembre 1927, à 39 ans à peine comme Directeur des Mines et succéder à Marin GUILLAUME qui avait illustré ce poste pendant huit années.
Dès 1930, j'ai eu personnellement l'honneur de travailler avec lui : il était, en effet, de tradition que l'Ingénieur du 1er Arrondissement de Paris, poste qui m'était échu, consacre les 5/6e de son temps à la direction des Mines pour s'occuper, d'ailleurs, des affaires diverses et périphériques. A vrai dire, le Directeur des Mines était peu aidé : aucun Ingénieur autre que moi et deux chefs de bureau, dont beaucoup doivent encore se souvenir : CHAUDIÉ, qui lui servait de secrétaire, capable mais désabusé, et CHAPELLE qui siégeait dans des étages où personne ne se risquait. A vrai dire, comme les Cabinets ministériels étaient inexistants à l'époque, les affaires pouvaient être traitées rapidement. J'ai entendu GALLIOT, informé de l'institution de licences à l'importation des charbons par le Directeur du Cabinet du Président du Conseil qui venait lui demander ce qu'il lui fallait comme crédits et comme personnel, répondre : « Je n'ai besoin de rien ». Et, effectivement, il s'est débrouillé avec les moyens du bord pendant des années : beaucoup d'entre nous s'en souviennent.
En 1936, nous avons participé ensemble à la World Power Conférence à Washington, et fait le tour des U.S.A. Je me souviens encore d'avoir entendu GALLIOT décrire aux producteurs de charbon américains de Pittsburgh, ce qu'était le marché français des combustibles, pour leur plus grand étonnement. Je me souviens, aussi, que la presse américaine le décrivait comme un « typical french man », ce qui était bien vrai et tout à son honneur.
Au retour, comme il fallait s'y attendre, il a trouvé de grands changements dans la Direction des Mines et a pris la présidence de l'ONIA. Il s'est ensuite tourné vers l'industrie et a commencé une carrière brillante au Groupe Nobel pour la réorganisation et l'expansion duquel il a beaucoup fait. Il a eu aussi, comme bien d'autres, la tâche ingrate et délicate de protéger le personnel et maintenir la Société pendant l'occupation.
Il est mort à près de 79 ans, après une vie professionnelle et familiale en tous points exemplaires. Les Américains l'avaient bien jugé, comme un Français classique, pour qui le service de l'Etat passait avant tout, et qui n'a laissé derrière lui que des amis.
J. THIBAULT
Président de la Chambre Syndicale des Mines de Fer de France