Edouard-Louis-Daniel DE BILLY (1802-1874)


Cliquez pour agrandissement

Edouard, né le 26 mai 1802 à Anvers (alors département des Deux-Nèthes), mort dans un accident de chemin de fer le 4 juillet 1874 à Perigny (Côte d'Or), est le fils du général Jean-Louis de Billy (1768-1806, tué à la bataille d'Iéna) et de sa seconde épouse Marie-Barbe Saum (1774-1849), il est le frère de Marie-Barbette ép. Auguste Brackenhoffer.
Edouard de Billy avait épousé le 26 novembre 1831 Anne Louise Alix Pieyre fille du préfet Jean Pieyre (1755-1839), baron d'Empire.
Ils ont eu 3 enfants : Alfred (1832-1906 ; X 1852 ; inspecteur des finances) (ép. Henriette Marguerite Grand d'Esnou), Marguerite (ép. Gustave Coste), et Charles (ép. Lucie Courtois).

Edouard de Billy occupe une place importante dans la "famille polytechnicienne" ; il est le père de Alfred Adolphe Édouard de Billy (X 1852 ; 1832-1906, inspecteur des finances); le grand-père de Émile Gustave Alfred Coste qui joua un rôle clé dans l'occupation de la Ruhr après la 1ère guerre mondiale; de Jules Robert Édouard de Billy (X 1885, corps des Mines 1887 ; 1866-1917 qui juste avant sa mort était délégué général du haut-commissaire de France aux USA); le beau-père de Édouard Ferdinand Gustave Philippe Coste (X 1848 ; 1830-1918) qui commanda l'Ecole polytechnique en 1883-1884; l'aïeul ou le bisaïeul de nombreux polytechniciens dont Thierry Christian Coste (X 1961 ; né en 1942), lui-même ingénieur au corps des mines.

Ancien élève de l'Ecole de Polytechnique (promotion 1820) et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines.


Résumé de biographique de Edouard de Billy, publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III

Né le 26 mai 1802, à Anvers, fils du général de Billy tué à la bataille d'Iéna, est mort Inspecteur général de 1re classe en retraite, dans un accident de chemin de fer, le 4 avril 1874. Après sa collaboration à la Carte de 1826 à 1829, il dirigea pendant deux ans, de 1834 à 1836, les forges et fonderies d'Alais, et revint au service de l'Etat, qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mise à la retraite; il fut pendant quelques mois, en 1872, président du Conseil général des Mines. Le portrait [ci-dessus] le représente en élève de l'École Polytechnique.


Résumé de carrière professionnelle d'après le site http://roger.leveque.pagesperso-orange.fr/ :

De 1826 à 1834, ingénieur d'arrondissement dans les départements du Haut-Rhin et des Vosges. Voyage en Angleterre, dans le but d'y étudier l'exploitation des mines, la géologie et les établissements métallurgiques du pays. Autorisé, en 1834, à accepter la proposition faite par la compagnie des forges et fonderies d'Alais de prendre la direction de ses établissements. Les affaires de cette compagnie étaient alors dans un état de crise qui pouvait amener une liquidation. En deux ans il rend la prospérité à cet établissement et revient au service de l'Etat. Ingénieur de l'arrondissement minéralogique de Colmar, il est en même temps chargé, par décision du 9 avril 1836, de la confection de la carte géologique des Vosges. Ce remarquable travail est terminé et publié en 1852. Ingénieur en chef en 1840, à Strasbourg ; il est alors nommé membre du comité d'hygiène publique du Bas-Rhin et de tous les jurys d'Exposition qu'il préside plusieurs fois. Dès 1839, il est chargé du contrôle des chemins de fer de l'Alsace. En 1851, il est chargé du service des appareils à vapeur du département de la Seine et des fonctions de secrétaire de la commission centrale des machines à vapeur. En 1852, le ministre lui confie la direction du service de contrôle et de surveillance des chemins de fer de Paris à Lyon et du réseau qui s'y rattache. En 1857 inspecteur général de 2e classe et membre du conseil général des mines ; en 1866, élevé à la 1re classe et, en 1867, nommé membre du jury de l'Exposition universelle pour la classe 40 des mines et métaux puis vice-président du conseil général des mines en 1872.

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur (1838) ; Officier (1854) ; Commandeur (9 août 1870)

Sources :


NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ÉD. DE BILLY
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES
Par M. le Général de CHABAUD LA TOUR.

EXTRAIT publié dans Annales des Mines, 7e série vol. 6, 1874.

Le samedi saint, 4 avril, à dix heures et demie du soir, dans la tranchée de Périgny, à 5 kilomètres de Dijon, le train express venant de Lyon heurtait un train de marchandises en détresse, dont le conducteur avait négligé de faire les signaux prescrits en pareil cas. Cet employé s'était, dit-on, endormi; il a payé sa faute de la vie ! Huit wagons de marchandises sont brisés. Dans l'express, une chaîne s'est rompue ; les voitures des voyageurs ont été violemment repoussées en arrière, et leurs vies sont sauvées. Une seule voiture a été endommagée; dans cette voiture, le devant du coupé est fracassé. M. Edouard de Billy y dormait sur les coussins; il en est précipité par le contre-coup, serré et retenu entre les bouilloires d'eau chaude et les débris du coupé. On le retire avec peine en achevant d'enfoncer le devant du coffre de la voiture; on l'examine : il a les côtes brisées, la poitrine oppressée. Cependant il parle; il répond aux questions d'un ecclésiastique qui, animé de l'esprit de charité chrétienne qui est l'apanage de sa robe, lui apporte des consolations; il indique ses souffrances qui sont cruelles, quand tout à coup la parole cesse et la vie s'échappe !

On transporte le corps inanimé de M. de Billy à Dijon; c'est là que ses fils, partis sur l'heure de Paris, en apprenant par une dépêche télégraphique la catastrophe, ont retrouvé leur père, le visage encore serein et résolu. C'est là aussi qu'en présence des ingénieurs résidant à Dijon et des membres du consistoire de l'Église réformée et avant la fermeture du cercueil, M. le pasteur Veysson a prononcé quelques paroles émues d'adieu, de consolation, d'exhortation et d'espérance.

Edouard de Billy était né le 26 mai 1802 à Anvers, département des Deux-Nèthes, où le général de Billy, son père, avait un commandement. Quatre ans après, le 4 octobre 1806, le général de Billy était tué glorieusement sur le champ de bataille d'Iéna; et son nom, désormais historique, était donné à l'un des quais de la Seine à Paris. L'impression profonde produite sur le coeur du jeune enfant, par la mort héroïque de son père, ne fut pas perdue pour l'adolescent, et, pendant tout le cours de ses études comme pendant sa longue et belle carrière, le sentiment austère du devoir, celui de la responsabilité du nom qu'il portait, fortifiés par une éducation toute chrétienne, ne cessèrent d'animer Edouard de Billy et d'être la règle de sa conduite.

Entré à l'École polytechnique en 1820, il y fut bientôt aimé de tous, et il y noua, avec l'élite des élèves de sa promotion, les liens de solides amitiés qui ne se sont jamais relâchés.

Après deux années des études, on peut dire les plus passionnées, Edouard de Billy sortait dans un des premiers rangs de cette célèbre École, et il entrait dans cette belle carrière des ingénieurs des mines, que se disputent chaque année les têtes de promotions.

Chargé, en 1826, du service d'arrondissement dans les départements du Haut-Rhin et des Vosges, il s'y consacra jusqu'en 1834, sans autre interruption que celle occasionnée par un voyage fait en Angleterre, dans le but d'y étudier l'exploitation des mines, la géologie et les établissements métallurgiques du pays.

Edouard de Billy fut autorisé, en 1834, à accepter la proposition qui lui fut faite par la compagnie des forges et fonderies d'Alais de prendre la direction de ses etablissements. Les affaires de cette compagnie étaient alors dans un état de crise qui pouvait amener une liquidation. De Billy releva tous les courages par l'habileté et la fermeté des mesures qu'il sut prendre, et il put, au bout de deux années, rentrer dans le service de l'État, en laissant ce bel établissement solidement assis sur les bases d'une prospérité durable.

Rappelé dans l'arrondissement minéralogique de Colmar, où il eut à remplir les fonctions ordinaires de l'ingénieur des mines, de Billy fut en même temps chargé, par décision du 9 avril 1836, de la confection de la carte géologique des Vosges. Ce remarquable travail fut terminé et publié en 1852 ; il associa plus intimement notre ami à cette grande oeuvre de la carte géologique de France, dans laquelle il avait été pendant quatre années, depuis 1826 à 1829, le collaborateur des Élie de Beaumont et des Dufrénoy.

De Billy fut élevé au grade d'ingénieur en chef en 1840, à Strasbourg ; il fut alors nommé membre du comité d'hygiène publique du Bas-Rhin et de tous les jurys d'Exposition qu'il présida plusieurs fois. Dès 1839, il avait été chargé du contrôle des chemins de fer de l'Alsace.

En 1851, il fut chargé du service des appareils à vapeur du département de la Seine et des fonctions de secrétaire de la commission centrale des machines à vapeur. En 1852, le ministre lui confia la direction du service de contrôle et de surveillance des chemins de fer de Paris à Lyon et du réseau qui s'y rattache.

Il eut à soutenir, dans les difficiles fonctions du contrôle des chemins de fer, de véritables combats dans lesquels il mit toute son activité, sa fermeté et sa haute droiture, cherchant à maintenir, même contre des influences puissantes, les droits de l'État comme ceux aussi des Compagnies, se faisant respecter et aimer de ceux-là même qu'il avait mission de contrôler, et qu'il avait aussi mission de défendre.

En 1857 il est nommé inspecteur général de 2e classe et membre du conseil général des mines ; en 1866 ; il est élevé à la 1re classe; en 1867, il est nommé membre du jury de l'Exposition universelle pour la classe 40 des mines et métaux.

Enfin, en 1872, il devint vice-président du conseil général des mines, quelques mois avant l'époque où il fut mis à la retraite par limite d'âge.

La croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1838, celle d'officier en 1854, celle de commandeur en 1870, avaient successivement récompensé ses éminents services. M. de Billy était depuis 1847 membre la Société géologique de France, qu'il présida en 1869.

Tout en faisant face aux devoirs de ses multiples fonctions, il publia, outre la carte géologique des Vosges, de nombreuses notices scientifiques dont voici les principales.

Ces publications ont été insérées soit dans les Annales des mines ou dans le Bulletin de la Société géologique, soit dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, dans les Annales de la Société d'émulation des Vosges, enfin dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg.

Pendant le cours de sa laborieuse carrière, M. de Billy fut chargé de plusieurs expertises : nous citerons celle qui concernait les chemins de fer de la Suisse occidentale en vue d'une exploitation en commun (1864), et celle qui avait pour but de déterminer la valeur au 1er janvier 1853 du matériel roulant de la compagnie des chemins de fer de l'Est (1858).

Plusieurs compagnies lui témoignèrent aussi leur estime en confiant, soit à un tribunal arbitral dont il faisait partie, soit à lui seul, le soin de régler leurs intérêts contradictoires. C'est ainsi qu'il eut à statuer sur des contestations élevées entre la compagnie du Central suisse et celle des chemins de fer de Lausanne à Fribourg et à la frontière bernoise {1858), entre les compagnies de Lyon-Méditerranée et de Lyon-Genève (1860), entre celles de l'Est et des Ardennes (1862), entre celles de Paris-Lyon-Méditerranée et du Dauphiné (1862), entre la compagnie de l'Ouest suisse et un entrepreneur (1865), entre celles de l'Ouest et d'Orléans (1868). M. de Billy laisse inachevé un arbitrage concernant des chemins de fer suisses où se trouvent engagés des intérêts considérables.

Chrétien profondément convaincu, de Billy était depuis bien des années membre du consistoire de l'Eglise de la confession d'Augsbourg.

Il fut un des fondateurs, après la guerre, de l'Association française pour l'avancement des sciences, formée dans le but de favoriser le progrès et la diffusion des sciences, par des hommes qui en considéraient la culture comme un des principaux éléments de la grandeur, de la prospérité et du relèvement de leur pays.

Edouard de Billy s'est bien souvent exposé, pendant le cours de sa carrière si remplie, à des dangers de mort, soit pour accomplir un devoir, soit pour satisfaire une de ses nobles passions, celle de parcourir les montagnes les plus élevées, quelque périlleux que fût leur accès. La montagne l'attirait. Son agilité, sa vigueur, conservées par une vie toujours sobre et exemplaire, diminuaient pour lui les dangers de ces excursions où il trouvait les plus grandes jouissances intellectuelles en même temps qu'un aliment à son ardeur scientifique.

Ses sentiments sont bien éloquemment exprimés à la fin d'une note relative à deux glaciers de la Suisse, qu'il a publiée en 1867 :

« Sous l'influence de la grandeur des sites dont l'observateur est entouré, ses pensées, dégagées des petitesses de la vie habituelle, s'élèvent par degrés jusqu'à l'infini. Même au déclin de la vie, quand les brillantes couleurs de la jeunesse ont perdu leur éclat, l'âme, saisie d'admiration en présence de pareilles splendeurs, subit un charme inexprimable et s'abandonne aux plus irrésistibles entraînements. »

Il était membre du club Alpin-Suisse, et il avait puissamment contribué à fonder le club Alpin-Français, dont il venait d'être nommé président,

Parmi les courses les plus dangereuses qu'ait faites M. de Billy, on peut citer : l'ascension du pic de la Maladetta pendant sa collaboration à la carte géologique de France : son guide disparut dans un gouffre à côté de lui sans qu'il put lui tendre la main et le sauver; le passage du col du Géant, entre la vallée de Chamounis et la vallée d'Aoste ; le passage du Weissthor, à l'origine de la vallée de Macugnaga, entre le territoire italien et celui du Valais.

Deux fois il put, en exposant sa vie, sauver un de ses semblables : la première, en se jetant à la mer au Grau-du-Roi, en avant d'Aiguesmortes, où il ramena à terre un douanier qui se noyait; la seconde, en arrachant à une mort certaine, au risque de périr avec lui, un maître de forges entraîné dans un puits de mines.

Mais c'est à une époque bien douloureuse, et dont les terribles épreuves vivront longtemps dans la mémoire des habitants de Paris, pendant le siège de notre capitale par les armées allemandes, que de Billy pût largement assouvir cette soif de dévouement qui bouillonnait dans son coeur généreux. Momentanément dans ses propriétés du Gard pendant le commencement des hostilités, dès qu'il apprend la fatale nouvelle des désastres de Reichshoffen et de Forbach, comprenant que Paris est menacé, il y accourt, avant l'investissement, prendre place parmi les chefs de la Société de secours aux blessés militaires, et il ne cesse d'y jouer le rôle le plus actif, tant pour l'organisation et le service des ambulances que pour relever les blessés partout ou les obus éclatent et où le sang coule, sur les champs de bataille autour de Paris. Combien de fois ne l'avons-nous pas vu revenir, aux heures avancées de la nuit, couvert de la boue des tranchées, ou grelottant par les temps les plus rigoureux, succombant à la fatigue, mais ayant accompli son devoir parmi les plus braves, tant qu'il y avait un blessé à relever du sol, où il allait mourir, et à porter jusqu'aux voitures qui les amenaient dans nos hôpitaux ! Mais laissons la parole au prince éminent que la Société de secours aux blessés vient, par une si heureuse inspiration, d'appeler à sa tête il y a quelques mois. Le conseil de la Société a tenu, le 9 avril, une séance à laquelle assistaient les délégués de tous les comités de province. Notre ami devait y lire un rapport important, où il posait les bases de l'organisation du service des ambulances de la Société en temps de guerre.

Ce rapport était le complément de celui si remarquable et si étendu où de Billy avait exposé toute l'oeuvre de la Société, pendant la guerre, et où étaient résumées, avec une fermeté et une lucidité remarquables, des règles qui feront loi désonnais pour cette comptabilité détaillée, garantie nécessaire du bon emploi des dons généreux qui afflueraient par millions, comme dans la campagne de 1870-1871, si la guerre devait encore déchaîner ses fureurs et ses ravages sur notre chère patrie.

Mgr le duc de Nemours, président de la Société, s'exprimait en ces termes à cette séance :

« J'ai à vous parler d'un système général d'organisation à établir en vue de la prompte création du service hospitalier qu'en cas de guerre la Société pourrait fournir, ainsi d'un plan détaillé de la formation et de la composition des ambulances qui y concourraient.

« Cette dernière partie du travail avait été approfondie jusque dans ses moindres détails et élaborée avec une admirable précision par M. de Billy, dont la mort inopinée vient de ravir soudainement à la Société un de ses membres à la fois les plus dévoués et les plus distingués.

« Inflexible devant le devoir, travailleur infatigable dans le cabinet comme sur le champ de bataille, rien n'arrêtait l'ardeur de sa verte vieillesse quand il s'agissait de la pratique du bien, de la recherche du mieux.

« Lorsque la mort est venu le frapper, il se hâtait de revenir au milieu de nous, afin de vous présenter le rapport qu'il venait de faire pour cette réunion et qui va être mis entre vos mains.

« Ce rapport aura été son dernier travail ; c'est comme son adieu à cette Société dont il avait pris l'oeuvre tant à coeur, et à laquelle il a rendu et rendait chaque jour de si importants services.

« Aussi y laisse-t-il à la fois un souvenir qui ne s'effacera pas et un vide bien difficile à remplir. Cette place, où nous aimions tant à le voir, place vide aujourd'hui, Messieurs, ne peut être contemplée sans douleur par ceux d'entre nous qui ont été en mesure de constater à quel point, en outre de tant d'autres mérites, M. de Billy savait allier l'absolue rigidité des principes avec la parfaite douceur des formes.

« Vous avez compris, Messieurs, le douloureux sentiment qui m'a entraîné dans cette digression ; vous vous y serez associés, et votre approbation rendra hommage au cher et éminent collaborateur dont nous pleurons aujourd'hui la perte. »

Edouard de Billy avait épousé, en 1831, la fille de M. le baron Pieyre, chef de division à la liste civile. Elle le pleure aujourd'hui, après avoir été la noble et bien chère compagne de sa vie; elle lui a donné deux fils qui portent dignement son nom : M. Alfred de Billy, inspecteur des finances, et M. Charles de Billy, auditeur à la Cour des comptes, et une fille mariée à M. le colonel Coste [qui devint par la suite général de division, commandant l'École polytechnique de 1883 à 1884], l'un des officiers distingués du corps du génie.

La mère de M. de Billy appartenait à une honorable famille alsacienne : sa soeur avait épousé M. Brackenhoffer, dont l'ancienne famille a donné plusieurs de ses premiers magistrats à la ville libre de Strasbourg. Les liens sacrés de la famille et ses souvenirs d'enfance le rattachaient ainsi à l'Alsace, où il passa près de vingt-cinq années de sa vie de fonctionnaire. La perte de cette province lui causa une cruelle douleur, et il était profondément préoccupé du sort de ses malheureux concitoyens : aussi fut-il l'un des membres les plus dévoués de la Société de protection des Alsaciens-Lorrains, qu'il avait contribué à fonder en 1872.

Le corps de M. de Billy avait été ramené à Paris par ses fils. Son service funèbre a eu lieu, le mercredi 8 avril 1874, dans le temple de la Rédemption, qui n'était pas assez vaste pour contenir tous les amis qui avaient voulu venir lui adresser un dernier adieu.



Jules Robert Edouard de BILLY (1866-1917 ; petit-fils de Edouard-Daniel ; X 1885 corps des mines), élève de Polytechnique
(C) Collections Ecole polytechnique

Résumé biographique

par Jean Gaudant

Publié sur le site web de la Société Géologique de France

Édouard-Louis-Daniel de BILLY

(Anvers, 26 mai 1802 - Dijon, 4 avril 1874)
Inspecteur général des mines (1857-1872)
Président de la Société Géologique de France en 1869

Le père d’Édouard de Billy était général d'Empire. Il trouva la mort pendant la bataille d'Iena alors que son fils n’avait que quatre ans. Celui-ci fit de brillantes études qui le conduisirent en 1820 à l'École polytechnique d'où il sortit dans le Corps des mines. Nommé ingénieur des mines en 1826, il eut, jusqu’en 1834, la responsabilité de l'administration des mines des Vosges et du Haut-Rhin. À cette époque, il assista en outre Armand Dufrénoy qui préparait alors le lever de la Carte géologique de la France. Après avoir passé deux ans à Alès (Gard), à la tête de la Compagnie des forges et fonderies, il retourna à Colmar en 1836, et fut promu en 1840 ingénieur en chef des mines. Chargé de lever la Carte géologique du département des Vosges, il la publia en 1848 et la compléta deux ans plus tard par une Esquisse de la géologie du département des Vosges, puis par une Note sur une carte géologique du département des Vosges et sur quelques accidents géologiques figurés dans ce travail (1856). Il accéda en 1857 au grade d’inspecteur général des mines.

Édouard de Billy fut admis en 1872 à faire valoir ses droits à la retraite. Alpiniste confirmé, il avait réalisé de nombreuses courses dans le massif du Mont-Blanc, au point de publier en 1873 une Note sur la constitution géologique de la chaîne des Aiguilles (vallée de Chamounix). Édouard de Billy est décédé l’année suivante dans un accident de chemin de fer.

J. GAUDANT