Né le 16 mars 1921
Ancien élève de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne (Promotion 1942). Ingénieur civil des mines
Mines, Revue des Ingénieurs, mars/avril 2003
José Boissière s'est éteint dimanche 26 janvier dernier, au milieu des siens.
Il laisse le souvenir d'un homme de caractère et de devoir, exigeant pour lui comme pour les autres, à l'écoute de chacun mais sachant décider, montrer la voie et obtenir l'adhésion.
Admis au concours de 1942, il n'est entré à l'Ecole des Mines de Saint Etienne qu'en octobre 1943. Il fut, avec son camarade Georges Serant, recruté en fin de première année par un officier de l'armée secrète pour faire partie d'un groupe d'appui à la 1ère armée française qui venait de débarquer à Croix-Valmer. La petite troupe, constituée principalement d'ouvriers mineurs et d'un ingénieur des Mines quittera le 29 août le maquis de St Romain de Lerps, où elle était en attente, pour faire jonction à Châteaubourg avec le 1er Combat Command de la 1ère D.B. La Cie de sapeurs du génie qui accompagnait les chars avait subi des pertes devant Aubagne, et son chef, le lieutenant Pierre Para (promotion 34 de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne) enrôla immédiatement nos deux élèves et les installa dans deux half-tracks pour combler une partie de ses effectifs. Ils ne quitteront pas cette unité avant d'être "entrés en Alsace pour effacer 1940", ce qui était leur obsession, et d'avoir franchi le Rhin en avril 1945. Leur conduite exemplaire et leurs nombreux faits d'armes leur ont valu la croix de guerre 39-45. José Boissière en particulier a miraculeusement échappé à la mort dans au moins deux circonstances, devant Langres et sur la route de Château Lambert et a mérité sa croix au pont de Remiremont. Leur devoir accompli, nos deux guerriers sont revenus tout naturellement à l'Ecole pour terminer leur cursus.
José Boissière débuta, en 1947, sa carrière d'ingénieur du fond dans les Mines de la Sarre, au siège de Jägersfreude. Ses qualités de meneur d'hommes et sa compétence professionnelle sont vite reconnues puisqu'il est promu, dès le début 1951, à la tête de ce siège d'exploitation important, premier jeune ingénieur français à accéder à de telles responsabilités, qui plus est dans le siège même de ses débuts. Par son dynamisme, il a participé activement aux progrès de productivité de cette mine qu'il quitta au tout début de 1957, après le rattachement de la Sarre à I' Allemagne.
Il prit alors la Direction des mines de bauxite de la Société d'Electrochimie d'Ugine, à Brignoles. Outre la gestion de la mine traditionnelle de Vins, célèbre pour ses venues d'eau, il conçut et prépara la mise en exploitation souterraine du nouveau gisement de Peygros. Il décida d'y adapter les méthodes mécanisées des mines de fer de Lorraine, largement antinomiques de celles alors en usage dans la bauxite. Ce parti pris de modernisation et d'amélioration lui valut le regard incrédule de quelques collègues. Il surmonta brillamment les difficultés inhérentes à tout démarrage, grâce à sa volonté, à la sûreté de ses jugements et à sa capacité à convaincre et à entraîner ses équipes. Dès 1961, la réussite reconnue de la méthode Peygros en fit le standard des installations ultérieures dans la bauxite. A partir de Brignoles, il pilota avec succès les autres projets miniers d'Ugine, en France et à l'Etranger, ce qui le conduit normalement à prendre en 1968 un poste de direction des mines au siège parisien du Groupe.
Lors de la fusion Péchiney Ugine Kuhlmann, début 1972, il prit la direction de la "division bauxite" du nouveau Groupe. Ses premières actions furent de fédérer les équipes jadis concurrentes et d'organiser la gestion rationnelle des sites. Dès 1972, il fit réaliser l'inventaire des réserves françaises et la planification de leur épuisement. Le "plan bauxite" ainsi mis en place a permis d'adapter la production à la fusion naturelle des effectifs. Echelonné sur 17 années, de 1973 à 1990, ce plan fut un modèle unique de gestion prévisionnelle, qui permit d'amener à leur retraite 90% des mineurs, ce qui montre combien, sous ses abords de "fonceur", José Boissière était attentif à ceux qu'il dirigeait. A la même période, José Boissière était également à la tête des autres mines de Péchiney qu'il sut dimensionner, rationaliser et moderniser.
En plus de ses activités professionnelles prenantes, José Boissière était aussi un homme de conviction. Fidèle en amitié, il fut très actif à l'Amicale des Anciens de St-Etienne dont il fut administrateur en 1968 et Vice Président en 1972, chargé notamment des relations avec l'Ecole et membre de son Conseil de perfectionnement. Il était Vice Président d'Honneur de l'Association depuis 1986. Fervent catholique, il présida pendant six années le cercle des conférences Saint-Vincent de Paul de sa paroisse parisienne qu'il anima jusqu'à son décès.
A Anne-Marie son épouse, à ses enfants Marie-Noèle, Martine, Nicole et Pierre-Louis, à ses treize petits enfants, nous présentons nos condoléances attristées et émues en nous faisant les interprètes de ses nombreux amis pour qui il restera un exemple de droiture, de compétence, de volonté et de courage.
G.Serant (E42), J.Drouin (E44), E.Maurin (E44), J.Régnier (N44), J.Barbier (E50)