Fils de James Irénée BIDERMANN (né en 1817 ; X 1837) et de Gabriella Camille BEQUE. James Irénée était lui-même né aux Etats-Unis, fils de Jacques Antoine BIDERMANN (originaire de Suisse, 1790-1865) et de Evelina Gabrielle du PONT (morte en 1863, fille de Eleuthère Irénée du PONT de NEMOURS).
Beau-père de André Charles Pierre MEUNIER (1887-1971 ; X 1907) et grand-père de Henri Paul André MEUNIER (né en 1921 ; X 1942).
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1875 ; entré classé 54 et sorti classé 82 sur 254 élèves) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1877 ; entré le 20/10/1877 classé 9, sorti le 1/6/1880 classé 18). Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Juillet-août-septembre 1921 :
Notre famille de l'Ecole des Mines vient d'être douloureusement éprouvée par la perte d'un de ses membres les plus aimés, d'un de ceux dont elle pouvait être le plus justement fière : le 25 juillet 1921, M. Jacques Bidermann, de la promotion 1877, était prématurément enlevé à la tendresse des siens. Esprit large et ouvert, caractère profond, infiniment serviable et bienveillant, combien d'amis ne s'était-il pas attachés que sa mort plonge dans la consternation ! Sa vie active et remplie reste du moins un enseignement et un exemple.
Fils de M. James Bidermann, ingénieur des Ponts et Chaussées et chef d'exploitation à la Compagnie P.-L.-M., Jacques Bidermann fit ses études au lycée Charlemagne avec un éclat où se révéla tout de suite sa belle intelligence. Il fut lauréat du concours général. En 1875, âgé de 17 ans, il entrait à l'Ecole Polytechnique, un des plus jeunes de sa promotion.
A sa sortie, en 1877, ses goûts l'attirèrent vers l'Ecole des Mines. Les trois années qu'il y passa sont de celles vers lesquelles son souvenir aimait à se reporter. Sa mémoire abondait alors en anecdotes savoureuses, contées avec une verve malicieuse. Il resta toujours très attaché à notre Association, et plus d'une jeune cnmarade a trouvé près de lui un conseil avisé, un bienveillant appui.
Toujours désireux d'étendre ses connaissances, il débuta au sortir de l'Ecole, par un stage volontaire d'un an à l'usine de Fives-Lille. Puis, dès 1881, il fut appelé, d'abord comme sous-directeur, ensuite comme directeur, aux Ateliers et Chantiers de la Loire, au Havre ; il ne tarda pas à y manifester de grandes qualités d'administrateur et de technicien.
De retour à Paris où l'attirait sa famille, il entra en 1892 comme ingénieur-conseil à la maison Menier ; il était en même temps nommé arbitre-expert au Tribunal de Commerce. Dans ces nouvelles fondions, sa grande pratique des questions industrielles le fit hautement apprécier.
En 1896, voulant utiliser les vastes connaissances qu'il avait accumulées, il s'associa avec son ami M. Edouard Lambert pour fonder une fabrique de machines d'imprimerie. Travailleur acharné, infatigable, toujours à l'affût des idées nouvelles, il porta au plus haut degré de perfection cette branche de l'industrie. C'est sa maison qui produisit les premières machines imprimant simultanément plusieurs couleurs, aujourd'hui répandues dans le monde entier ; elle obtint ainsi, jusqu'à la veille de la guerre, les plus hautes distinctions à toutes les expositions auxquelles elle prit part, notamment un grand prix à celle de Paris en 1900. Enfin la notoriété qu'il s'était acquise le fit nommer membre du jury a l'exposition de Saint-Louis en 1904, et les qualités dont il fit preuve dans ces fonctions délicates lui valurent, en 1906, la croix de la Légion d'honneur.
Lorsque la guerre éclata, son patriotisme ardent ne, pouvait lui permettre de rester à l'écart de la tourmente. Agé de 57 ans, père de cinq enfants, ayant trois de ses fils sous les drapeaux, il eût trouvé dans l'industrie privée mille occasions de consacrer son savoir à la défense nationale. Il préféra l'activité désintéressée du soldat, et reprenant du service, il fut affecté comme capitaine d'artillerie aux ateliers militaires de Puteaux. Chef de la cartoucherie, chargé de l'étude de munitions nouvelles pour l'aviation, il fit sur plusieurs questions, en particulier sur le fonctionnement comparé des diverses mitrailleuses, des travaux qui contribuèrent beaucoup aux progrès de notre armement. Pendant toute la durée des hostilités, sans un jour de défaillance, il assura un service pénible, malgré la fatigue physique jointe aux angoisses que lui faisait éprouver le sort de ses enfants.
Une dure épreuve était réservée à ce père infiniment tendre et bon : le 20 février 1915, aux Eparges, un de ses fils était tué à l'ennemi. Il supporta ce coup avec une fermeté admirable, soutenu par une foi absolue dans la noblesse d'une cause qui justifiait les plus grands sacrifices.
L'armistice ne devait pas le laisser inactif. Tout en s'occupant de diverses affaires industrielles, il assumait à nouveau ses fonctions d'arbitre-expert au Tribunal de Commerce. Mais sa santé, très ébranlée depuis la guerre, causait aux siens bien des inquiétudes, et la mort, qui seule pouvait mettre un terme à son activité, terrassait brusquement le vaillant travailleur.
C'est une belle figure qui disparaît en lui. Dès l'abord, on se sentait gagné par son accueil bienveillant, sa grande bonté prévenante ; resté jeune malgré les épreuves, il charmait par une conversation vive et enjouée, souvent assaisonnée d'une pointe d'humour. A le connaître, on appréciait ensuite son savoir étendu, son intelligence vibrante et profonde. Mais plus que l'industriel et plus que le savant, c'est l'homme de devoir qui chez lui s'imposait. Indifférent d'ailleurs aux vanités humaines, homme de foyer avant tout, il possédait ces qualités précieuses entre toutes : la modestie et la simplicité.