COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 14 décembre 2005)

Ce livre présente les communications qui furent faites lors d'un symposium organisé par le Comité français d'Histoire de la Géologie et la Société géologique de France à l'occasion du bicentenaire de la mort de Déodat de Dolomieu, survenue en novembre 1801. Le colloque se tint donc en novembre 2001 à l'École nationale supérieure des mines de Paris et l'on pourrait s'étonner du long délai qui sépare cette réunion de la publication de l'ouvrage. Le coordonnateur, Jean Gaudant, s'en explique de façon elliptique dans l'Avant-Propos mais, connaissant les difficultés qu'il a dû surmonter à cette occasion, il nous faut saluer l'opiniâtreté dont il a fait preuve pour mener à bien la réalisation du livre.

Dolomieu qui eut, on le sait, une vie passablement mouvementée, et auquel ont été dédiées, de son vivant, la dolomie, puis plus tard, les Dolomites, a été un éminent géologue. C'est ce que se sont attachés à démontrer, sans tomber néanmoins dans l'hagiographie, les dix contributeurs intervenus après une brève biographie présentée par Françoise Bourrouilh-Le Jan et " quelques données sur la famille de Dolomieu " établies par Jacques Debelmas et Michel Durand-Delga.

Rappelons seulement que Dolomieu, qui prit part à l'expédition de Bonaparte en Egypte en 1798-99, fut, sur le chemin du retour, arrêté et resta en captivité à Messine, dans des conditions difficiles, durant vingt et un mois ; cela contribua probablement à sa disparition prématurée en 1801 quelques mois après sa libération.

Pour ce qui allait être de l'œuvre du scientifique, G. Gohau plante d'abord le décor de ce qu'était la géologie lorsque débutèrent les activités de Dolomieu. Les travaux de tectonique de notre Dauphinois, qui se passionna pour les montagnes, font l'objet de plusieurs articles. M. Durand-Delga commente le voyage de six semaines que Dolomieu effectua en Pyrénées en 1782 en compagnie de Picot de Lapeyrouse et compare ses conclusions à celles de Palassou. Ses observations et interprétations alpines sont examinées en trois articles rédigés par J. Debelmas et par G. Gohau pour ses excursions savoyardes, et par E. Rizzi pour ses itinéraires dans les Dolomites. Ses écrits concernant les Alpes permettent, au passage, de rappeler ses conceptions catastrophistes, parfois quelque peu extravagantes.

Dolomieu est aussi connu pour ses travaux de volcanologie, ce que les articles d'E. Vaccari et de P. Richet exposent. Ses observations en Italie et en Auvergne l'amenèrent à admettre l'existence de réservoirs profonds de laves et celle d'un noyau terrestre liquide ; dans ce domaine, Dolomieu faisait ainsi œuvre novatrice.

C'est aussi la modernité des idées de Dolomieu concernant les séismes que Jean Vogt, disparu depuis, a voulu souligner dans un texte relatif aux observations effectuées en Calabre par notre géologue en 1783.

Jacques Touret conte les débuts de la Maison d'instruction de l'agence des mines destinée, à partir de 1794, à la formation des ingénieurs des mines. Dolomieu y dispensa, dès 1796, peu après son élection à l'Institut national, un enseignement à la fois théorique et pratique sur le terrain. Il s'y adonna avec compétence et sérieux, mais il ne put malheureusement l'assurer qu'une année. Son œuvre géologique fut, en revanche, enseignée dans divers établissements parisiens au cours des décennies suivant sa disparition comme le montre la contribution de Philippe Grandchamp.

Il a appartenu à G. Gohau de dresser, en conclusion, un bilan des idées de Dolomieu, cet infatigable observateur de terrain.

Ajoutons que l'ouvrage comporte quelques annexes fort bienvenues : bibliographie des œuvres de Dolomieu et des études le concernant, liste des sources manuscrites archivées établie par F. Greffe, manuscrits inédits sur la genèse de la Terre et sur les objectifs de la Géologie.

Un livre donc que liront avec plaisir tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la géologie avec, ici, l'une des figures marquantes de cette discipline en France.