Fils de François Jean Baptiste PERRIN, professeur au lycée Colbert à Paris, et de Marie Stéphanie Aimée CHAGNION.
Marié le 3/2/1915 avec Mlle Marie Henriette PELLETIER (décédée le 6/11/1948). Fils du général de corps d'armée Etienne Anatole PELLETIER (1847-1927 ; X 1867).
Père de François PERRIN-PELLETIER.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1908, entré classé 15, sorti major sur 175 élèves), et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1911). Corps des mines.
Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur en juillet 1915, alors qu'il était élève-ingénieur des mines et lieutenant de réserve d'artillerie, avec le motif suivant : "Parti en reconnaissance malgré un mauvais temps, est descendu très bas pour surprendre les mouvements ennemis et les batteries en action. Blessé à la tête, et les commandes de profondeur de son appareil ayant été brisées, a pu, grâce à une énergie admirable, repasser les lignes, sauver son observateur en atterrissant et rapporter les renseignements. A été blessé trois fois depuis le début de la campagne".
En 1918, il est lieutenant aviateur, chef du bureau des études à l'Ecole des tirs aériens de Cazaux (Gironde, près d'Arcachon).
Professeur de mécanique (1919) puis sous-directeur (1920) de l'Ecole des mines de Saint-Etienne.
Ingénieur principal adjoint à la Cie des mines de Roche-la-Moliere (Firminy) en 1924. Il devient rapidement directeur général de cette Compagnie (1926).
En 1944, il est nommé Délégué français pour les Mines de la Ruhr (Allemagne).
En 1947, il nommé président de la CGEMTP (Compagnie Générale d'Electricité et de Travaux Publics).
Il est président de la Fédération Française de Ski en 1939.
En 1947, il préside la Société de l'Industrie Minérale, créée par Grüner.
Président de la Fédération des chambres syndicales de minerais et métaux bruts (1949).
Publié par les Elèves de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, à l'occasion de la Revue des élèves de 1920 :
Il a jonglé toute sa vie.
Tout petit, je me l'imagine faisant déjà des équilibres avec son biberon sur son amour de petit nez. Il a dû parler avant d'ouvrir les yeux et nager avant de se tenir debout.
Plus tard, comme il jonglait avec les formules, il résolut d'entrer à l'X. Ce fut un jeu pour lui. Il laissa, rue Descartes, un sillage étincelant d'étoile filante. Quand il en sort, un fait unique se produit dans l'histoire de Polytechnique : il n'y eut qu'un seul major cette année-là. Et ce fut lui — naturellement.
Aux Mines de Paris, le résultat fut tout autre. Politique, fredaines, lassitude, fantaisie ? On peut tout supposer. Aussi la légende veut-elle qu'à la fin de ses années d'études, il y ait eu un culot parmi les Corpsards. Et ce fut encore lui.
Homme singulier, toujours à part, toujours en vue, soit en avant, soit en arrière, soit même complètement à côté — comme dans son cours de mécanique.
Comme il aimait l'obstacle, il fit un cavalier remarquable au 53e d'artillerie. En août 1914, il partit à la guerre. A la Marne, un jour, au triple galop, revolver au poing, il traversa Carlepont qu'occupait les Boches. Par habitude et par goût, le lieutenant Perrin jonglait avec sa vie.
Puis il changea d'exercices.
Pendant deux ans, les aviateurs du Camp de Cazeau, près d'Arcachon, virent un instructeur qui baladait sur des ficelles un appareil réduit le P.P., et qui expliquait des formules impigeables sur le tir aérien. Il s'appelait maintenant Perrin-Pelletier, car, entre temps, il avait jonglé avec le nom du général, son beau-père, pour allonger le sien.
L'année 1919 le retrouve professeur à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne — que vous a-t-on fait, ô mon Dieu ?
Le hasard, qui seul préside à la distribution des cours aux Corpsards, a cette fois bien fait les choses. M. Perrin-Pelletier tombe sur la mécanique. C'est là qu'il sera vraiment lui-même et qu'il va s'épanouir dans toute sa splendeur. C'est là qu'il s'imposera comme champion de l'inédit et qu'il réformera les principes comme les constitutions. Une idée neuve se fait jour, il l'adopte. Un bateau bizarre surgit, il s'en empare. Un dada nouveau se présente, il l'enfourche. Les vieilles formules, il les néglige ; les théories élémentaires, il les dédaigne ; les anciens théorèmes, il n'en parle pas. Cet homme est au-dessus de tout. Parti du centre de la terre, il gagne la surface, il atteint la lune, il dépasse le soleil, les étoiles, l'univers. Il tombe enfin dans l'Absolu.
Et ce n'est rien.
Fantastique, hagard, illuminé, d'un dernier élan il s'affale dans la thermodynamique. Il jubile, il exulte, il trépigne, il flamboie, il plane, il est chez lui.
Et ça voltige. Hop-là, Chariot !
Son nez palpite d'allégresse, son ruban rouge étincelle, ses lorgnons lancent du feu. C'est le Prophète de l'Ecriture, le Précurseur. C'est hélas, comme lui, la voix qui parle dans le désert. « Vox clamans in deserto » St. Math. x. 45. Car depuis longtemps ses élèves, manquant de souffle, sont restés loin derrière lui. Ses élèves stupides, terre à terre, dédaigneux de la bonne parole, incapables de comprendre une subtilité, racontent des bagatelles à voix basse, et leurs chuchottements font un accompagnement sourd au verbe aigu, léger, sautillant, qui distille un par un les axiomes inédits des théories à la mode.
PLAOUM.
(Le Pic qui Chante numéro 1 - Mars 1920)