Frederic LEDOUX (1873-1970)

Décédé le 11 novembre 1970.
Fils de Charles LEDOUX
Marié à Emma Julie KOECHLIN (1877-1967), d'une grande famille mulhousienne du textile.
Frédéric et Emma ont eu 5 enfants : Marguerite (épouse de Jean SALATHÉ), Charles dit Carlos, Violette (épouse de Charles AURIOL), Andrée (épouse de Frédéric FOREL), Jacques. Religion protestante.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1895). Ingénieur civil des mines.


Publié dans MINES Revue des Ingénieurs.

NOTICE DE M. JEAN FAYE SUR M. FREDERIC LEDOUX

FREDERIC LEDOUX
Ingénieur Civil des Mines (Promotion 1895)
Officier de la Légion d'Honneur
Grand Croix du Mérite Civil Espagnol

L'éminent Camarade figurant encore en tête de l'Annuaire de l'Association, notre vénéré doyen Frédéric Ledoux, s'est éteint le 11 Novembre 1970 dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.

Si tardivement qu'ait sonné pour lui l'heure fatale, sa disparition n'en cause pas moins une très vive émotion, si profondes sont les traces qu'il laisse derrière sa longue vie.

Quel magnifique exemple elle nous offre ! Celui d'un grand Ingénieur et d'un infatigable animateur, dont la carrière a été marquée tant par la continuité du dessein que par l'esprit d'innovation.

Le dessein ? Il est tout entier contenu dans un mot : Penarroya. C'est à cette entreprise qu'il a voué le meilleur de son temps et de son action.

Créée par son père, Charles Ledoux, du Corps des Mines, Frédéric Ledoux y prend dès sa sortie de l'Ecole en 1898 les fonctions d'ingénieur. Et dès lors, se déroule avec succès la route qui, à travers de nombreux postes en Espagne et en France, le conduit en 1919 à celui d'Administrateur-Délégué. Jusqu'à sa retraite, il joue un des tout premiers rôles dans le Conseil d'Administration ; à notre époque où les fonctions ne sont pas aussi nettement délimitées que jadis, il en aurait certainement pris la Présidence. Mais il ne se contente pas de faire son métier avec conscience et habileté. Son ambition est voir Penarroya dépasser le rôle initial de bon exploitant de belles mines en Espagne. Il veut ouvrir à sa société un champ d'action plus vaste et il entame une série de négociations successives.

En Espagne, d'abord, il étend le domaine de sa Société par de nombreux accords avec les Figueroa, la Sté Escombrera Bleyberg, les Charbonnages de Puertollano.

Dans le cours de son action, il se crée de nombreuses amitiés espagnoles, auxquelles il était profondément attaché, et qui lui seront fidèles jusqu'à ses derniers jours.

En France, il anime la création de Minerais et Métaux, Société qui. après avoir assuré pendant la guerre de 1914-1918 l'approvisionnement du Pays en divers métaux non ferreux, a créé progressivement dans le monde un réseau d'Agences unique en son genre. Il installe la fonderie de plomb de l'Estaque. Il fait acheter les mines de zinc de Pierrefitte, ainsi que la fonderie de zinc de Noyelles-Godault qui sera le noyau d'un grand centre métallurgique moderne.

En Italie, il procède à l'acquisition des mines possédées par la Sté Malfidano en Sardaigne, et des intérêts de Lord Brassey dans la Société de Pertulosa et Gennamari. Il fait installer une usine d'électrolyse de zinc à Cotrone. La branche italienne de Penarroya est ainsi entièrement constituée. Puis en collaboration avec la Société Générale des Minerais à Bruxelles et de Minerais et Métaux à Paris, il fonde Minerali e Metalli à Milan.

En Afrique du Nord, il fait acheter la Fonderie de Mégrine en Tunisie, implante Penarroya au Maroc par la constitution de la Société des Mines d'Aouli.

Il donne donc en 30 ans une solide assise méditerranéenne à Penarroya et c'est ainsi que, par cette vigoureuse impulsion, heureusement poursuivie par ses successeurs, et notamment par l'équipe dirigeante actuelle, Penarroya se transforme en une entreprise de rayonnement mondial.

Mais le développement de Penarroya ne suffit pas à son activité.

Sa compétence, le bouillonnement de son imagination toujours en éveil lui valent une grande réputation dans le monde des affaires et le mettent en vedette.

Son instinct de créateur peut donc s'exercer dans de nouveaux domaines, et, soit comme fondateur soit comme partenaire, il participe à la fondation ou à l'expansion de nombreuses entreprises parmi lesquelles il convient de citer :

Son autorité personnelle l'amène à siéger dans divers comités et conseils d'organisations collectives, dont plusieurs lui confient leur Présidence. Il s'intéresse à tout, aux arts en particulier. En Espagne notamment, où il participe activement à la fondation de la Casa Velazquez, homologue madrilène de la Villa Médicis. A ce titre, il est nommé Commandeur des Palmes Académiques : ainsi un ingénieur accède-t-il à cette dignité plus spécialement réservée aux Universitaires ou Gens de Lettres.

Cette rapide énumération donne un reflet du rôle de premier plan qu'a tenu Frédéric Ledoux pendant un demi-siècle dans un large secteur de l'Economie nationale française. Peut-on dire que l'homme, en tant que tel, a été à la mesure d'une telle activité ? Sa vive intelligence, l'agrément de sa conversation, sa bonté, sa cordialité ont donné à sa personne un charme qui lui a valu autant d'amitiés que de respect et d'admiration.

Pour les siens, il a toujours été le pôle d'attraction d'une vie familiale exemplaire. Un de ses fils, Ingénieur Civil des mines également, assure la continuité de la chaîne de tradition ainsi déjà riche de trois maillons.

Pour tous ceux qui l'ont connu, il restera le modèle pour ceux qui savent allier l'efficacité de l'ingénieur aux qualités de l'esprit et du cœur.

Puissent nos jeunes camarades s'en inspirer dans leur carrière.

11 janvier 1971

JEAN FAYE