Claude Jean DESCOMBES (1891-1957)

Fils de Claude DESCOMBES, cafetier, et de Mathilde Jeanne DESMOUILLET.

Polytechnique (promotion 1912, sorti en 1919 classé 6 sur 137 élèves), Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.


Publié dans Annales des Mines, février 1958 :

En hommage à M. Descombes, Ingénieur général des Mines, nous publions ci-après les allocutions prononcées à ses obsèques, le 27 novembre 1957, par MM. Damian et Neltner.

Allocution de M. Damian, Ingénieur général des Mines

Madame,

M. le Ministre de l'Industrie et du Commerce, retenu par ses obligations, m'a chargé de l'excuser auprès de vous et de vous présenter ses très sincères et respectueuses condoléances.

Je viens, en outre, avec une profonde émotion, au nom du Conseil général et de la Direction des Mines, adresser un suprême adieu à votre mari, qui était mon ami.

Il y a huit jours à peine, il participait aux travaux du Conseil et de l'Inspection générale et rien ne laissait prévoir une fin si brutale et si soudaine, qui nous a tous remplis d'une douloureuse stupeur.

Originaire de Fleurie (Rhône), Claude DESCOMBES fut reçu en 1912 à l'École Polytechnique, mais dut, le 4 août 1914, interrompre ses études pour faire brillamment son devoir pendant la guerre. Décoré de la croix de guerre, il revint à l'école à la fin des hostilités et en sortit le 1er novembre 1919 dans le Corps des Mines.

Nommé ingénieur des Mines, il fut affecté le 16 avril 1921 à l'arrondissement minéralogique de Clermont-Ferrand, puis fut envoyé en mission dans la Ruhr où ses qualités lui assurèrent une brillante réussite.

Le 19 mars 1924, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur.

Affecté le 1er décembre 1924 à l'arrondissement minéralogique de Saint Ètienne, il devait donner toute sa mesure, d'abord comme ingénieur ordinaire et professeur à l'École des Mines, puis comme ingénieur en chef à partir du 1er mars 1929 et enfin, en sus de ses attributions, comme directeur de l'École des Mines à dater du 16 décembre 1929.

Doué d'une capacité de travail exceptionnelle, il remplissait les triples et difficiles fonctions de directeur de l'école, de professeur et d'ingénieur en chef du Bassin houiller de la Loire, s'en acquittant avec toute la compétence, l'activité, la fermeté et le tact indispensables.

Il créait notamment la Commission des Couches puissantes, dont il assurait la présidence.

Vice-Président de la Société de l'Industrie minérale, il était président du district de Saint-Etienne de cette société.

Le 18 octobre 1933, il fut promu Officier de la Légion d'honneur.

La réputation qu'il s'était acquise s'étendait d'ailleurs bien au-delà du Bassin de la Loire et il était fréquemment appelé en consultation comme expert dans de multiples régions.

Promu inspecteur général des Mines le 1er avril 1943, il conserva dans sa division d'inspection, depuis 1945, le Bassin de Saint-Étienne et l'École des Mines auxquels il était demeuré étroitement attaché.

Connaissant à fond son métier, doué d'une intelligence subtile et d'un solide bon sens, qui rendaient ses avis si précieux, il était d'un naturel gai et affable et attirait la sympathie.

Tous ceux qui l'ont connu conserveront comme un exemple le souvenir de l'homme parfaitement équilibré et profondément humain et du mineur accompli qu'il était.

A vous, Madame, à vous tous, ses parents et amis, j'exprime, du fond du cœur, au nom de tous ceux qui ont apprécié les mérites de celui que vous pleurez, notre douloureuse svmpathie.

Allocution de M. Neltner, Ingénieur en chef des Mines, Directeur de l'École nationale supérieure des Mines de Saint-Etienne

Madame,

M. DAMIAN vient de dire ce que fut M. DESCOMBES, vaillant soldat, brillant technicien et homme de bien.

Au nom de l'Ecole des Mines, je me dois toutefois de dire un adieu ému à notre président et de vous apporter, Madame, notre témoignage de douloureuse sympathie.

L'école, en effet, n'est pas près d'oublier celui qui fut son directeur pendant près de quinze ans et qui, sans compter son action énergique durant les années d'occupation, fut aussi un guide sûr au moment où, faisant peau neuve dans de nouveaux locaux, l'école devait tout à la fois affronter la crise industrielle et s'adapter à l'incessante évolution de la technique.

Ses anciens élèves savent mieux que tous autres son rôle essentiel en ces années décisives, mais il est un point qui, je le sais, lui tenait à coeur et que je me dois de mettre en lumière.

En avance sur son temps, M. DESCOMBES avait compris aussi les problèmes que la vie de tous les jours posait à cette jeunesse qu'il aimait.

Instruire était une nécessité, mais faciliter la vie de tous les jours en était une autre, non moins impérieuse. Aussi, dès les premières années de son directorat, et en communion d'idée avec l'Association des anciens élèves, M. DESCOMBES avait conçu l'idée d'une Maison des élèves qui abriterait les futurs ingénieurs durant leurs années d'école, et sans plus tarder il se mit à l'oeuvre.

Cette action à laquelle vous vous êtes si intimement associée, Madame, aboutit heureusement à la veille de la guerre, au moment même où les besoins allaient devenir plus urgents.

C'est, je crois, cette création de la Maison des élèves, foyer accueillant pour les jeunes, qui reste la marque la plus personnelle du passage à l'école de M. DESCOMBES. Ceci, assez peu connu en général, je tenais à le rappeler devant tous et plus spécialement devant les jeunes qui en sont actuellement les bénéficiaires.

Plus que dans aucune autre de ses activités, c'est en effet dans cette création de la Maison des élèves que s'est exprimé au mieux le caractère profond de notre regretté président. Par-dessus tout, M. DESCOMBES était un homme de coeur, et c'est sans doute le souvenir de lui qui restera le plus vivant parmi tous ceux qui furent ses subordonnés ou ses amis.

Votre deuil est le nôtre, Madame, et je vous prie de croire à la part respectueuse, mais très grande, que l'école tout entière prend à votre douleur.


Louis Neltner et Charles Decombes entourés d'élèves des promotions entrées en 1939 et en 1940 à l'Ecole des mines de Saint-Etienne (à gauche, l'élève Aurèle Maulvault, à droite Michel Somnier).