Fils de Benoît Henri REUMAUX, exploitant agricole à Wemaers-Cappel (Nord) et de Virginie Sophie WINCKEEL. Parmi les frères de Elie, Pierre Géry REUMAUX (1845-1924 ; X 1865) fut directeur de l'Ecole de l'artillerie.
Une de ses soeurs épousa Jules MICAUD.
Un neveu de Elie, le docteur Emmanuel REUMAUX, est mort en 1918.
L'épouse de Elie REUMAUX décède en 1919.
Sa petite-fille Denise REUMAUX épouse en 1923 M. COURTIN, fils du président de la Compagnie des mines de Liévin.
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi, maintenant que vous avez vu revivre, en une éloquente évocation, quelques-unes des plus grandes figures de nos maîtres disparus, de vous inviter à vous pencher à nouveau sur le livre de nos morts, pour y rechercher le souvenir de ceux de nos camarades qui ont fait le plus honneur à la formation intellectuelle et morale qu'ils ont reçue ici.
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Elie Reumaux quitte l'Ecole en 1863. Le Directeur Daubrée l'adresse, en 1866, à Bollaert, Directeur des Mines de Lens, avec cette note, que les aptitudes extraordinaires du jeune ingénieur auraient dû le faire sortir premier de sa promotion.
Toute la carrière de Reumaux démontra la sûreté de ce diagnostic. Sous son impulsion, la production des mines de Lens passe de 350.000 tonnes, en 1866, à 4 millions de tonnes, en 1913; le nombre des puits de 2 à 16. Pour obtenir ce résultat, que de difficultés surmontées, que d'heures angoissantes traversées! C'est, un jour, une fosse qu'une venue d'eau de 300.000 m3 par jour inonde subitement, sans laisser aucune apparence d'espoir. Seul, Reumaux ne perd pas confiance, il se met à l'oeuvre, il imagine des dispositifs nouveaux et, moins d'un an après, la fosse est remise en état.
C'est, plus tard, un nouveau puits qu'il faut creuser en traversant des terrains imbibés d'eau; les vieux moyens alors connus se révèlent impuissants. Reumaux adopte, hardiment, le procédé de congélation des terrains; il le met au point, le perfectionne et l'obstacle est franchi,
Ce sont là victoires éclatantes de son génie : mais que de fruits précieux a rapportés son labeur quotidien : perfectionnements incessants du matériel, inspirés presque toujours par le désir de diminuer les dangers courus par le mineur; création de cités ouvrières riantes, avec leurs églises, leurs écoles, leurs dispensaires, leurs jardins; fruit de cette tradition sociale qui est toujours, depuis Frédéric Le Play, restée si vivante en notre Ecole.
Reumaux ne se contente pas d'être un mineur génial : préoccupé de voir s'envoler dans la fumée de ses fours à coke d'innombrables richesses, il recueille les gaz brûlants, il en tire tous les produits chimiques qu'ils emportaient avec eux; il les contraint à produire de l'énergie électrique qui se mêlera sans doute, un jour prochain, à celle des Alpes, des Pyrénées, du Plateau Central et qui, sur son passage, tire les péniches le long des canaux, éclaire et vivifie les campagnes.
Soudain, la guerre éclate : Reumaux est à Lens en Octobre 1914, quand l'ennemi l'occupe. Cette occupation, notre victoire de la Marne l'a démontrée précaire; aussi, alors qu'au mois d'août des sentinelles allemandes protégeaient les vignobles de Champagne, la tactique est maintenant de détruire les mines françaises. Reumaux voit ce crime, militairement inutile, s'accomplir avec une sauvagerie admirablement organisée.
Il est contraint d'assister au dynamitage de la fosse qui porte son nom. Mais, en regardant les chevalements qui s'écroulent, les puits qui se remplissent d'eau, Reumaux ne voit que leur résurrection. Quand il eut, pendant de longs mois, défendu contre l'occupant cette population de Lens, à laquelle il s'était dévoué corps et âme, il fut enfin évacué par la Suisse; il s'y arrêta pour commander les pompes qui dénoieraient ses mines au lendemain de la victoire finale, dont il n'avait jamais douté.
En ce glorieux lendemain, il se rendit à Lens, qui n'était plus qu'un monceau de décombres; avec ce frottement de mains perpétuel et ce sourire tranquille qui révélait son imperturbable optimisme, il déclara : dans dix ans, les mines de Lens seront reconstituées. Hélas ! en 1922, un accident inexpliqué le fait tomber d'un train en marche au retour d'une tournée de service dans la Sarre; on ne relève qu'un cadavre.
On vit, à ses funérailles, suprême honneur rendu à son caractère et à son oeuvre, le maire de Lens coudoyer l'évêque d'Arras et les porions, en tenue de travail, encadrer le cortège funèbre où se pressaient de grands chefs d'industrie; et son âme dut trouver sa récompense dans cette minute d'union sacrée qui, pour le bien et la grandeur de notre pays, devrait être éternelle.