Publié dans Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Juillet 1917 :
M. Pluyette, secrétaire de l'Ecole, a succombé à sa tâche, presque subitement, le 14 mai 1917. Ceux qui l'ont connu conserveront de lui le souvenir d'un fonctionnaire modèle et salueront avec nous sa mémoire.
M. Chesneau a prononcé sous le porche de Saint-Sulpice les paroles suivantes :
« Au nom de l'Ecole des Mines, je viens adresser un suprême adieu au collaborateur dévoué, à l'ami discret et sûr qu'une mort imprévue et soudaine vient d'arracher à notre affection.
« Issu d'une famille de fonctionnaires où se sont perpétuées et transmises les plus solides traditions de travail, de probité et d'honneur, Edmond Pluyette a été, lui aussi, le fonctionnaire modèle, loyal et désintéressé, qui n'a eu d'autre ambition que d'exécuter son labeur quotidien à l'entière satisfaction de ses chefs. Un rôle peut paraître trop modeste à qui ne rêve qu'honneurs et fortune ; aux yeux des sages, il a bien aussi sa grandeur, et mérite qu'on s'incline respectueusement devant celui qui l'a rempli pendant trente-huit ans, sans être jamais lassé par une besogne souvent monotone, mais qui est nécessaire à la bonne marche d'un grand service — mécanisme complexe où chaque rouage est indispensable.
« Né le 29 avril 1861, Edmond Pluyette est en effet entré dans l'administration des Travaux publics à dix-huit ans, et ne l'a quittée qu'au moment où le destin implacable l'a enlevé à sa tâche : nommé à l'Ecole des Mines comme bibliothécaire en 1900, il en est devenu le secrétaire en 1905, et, depuis douze ans, n'a cessé d'y exercer cette importante fonction.
« On peut dire que ses chefs, ses collègues, ses subalternes, ainsi que nos élèves, ont tous été ses amis, tant il apportait de bonne grace et d'aménité dans ses rapports avec chacun d'eux.
« Je ne peux me défendre d'une grande tristesse en songeant qu'un fonctionnaire de sa valeur nous a quittés après de si longs et si loyaux services, sans avoir obtenu la croix de la Légion d'honneur, qui eût été pour lui une récompense si amplement gagnée, et si complètement justifiée. Il n'a pas dépendu de nous qu'il ne l'obtînt : deux fois proposé pour la croix par ses chefs, en 1913 et en 1914, avec l'insistance la plus flatteuse, Edmond Pluyette n'en a été privé que par les sombres événements survenus au moment même où il allait l'obtenir, et où tout a dû s'effacer devant les graves devoirs de la défense nationale.
« J'ai rappelé ce que fut le fonctionnaire que nous perdons, mais vous, Madame, et votre jeune fils, vous savez quel mari et quel père était celui que vous pleurez.
« Je m'en voudrais d'accroître encore votre immense douleur en redisant ici tout ce qu'Edmond Pluyette a été pour les siens, et je ne puis que me taire devant vos larmes, en vous apportant, ainsi qu'à tous les vôtres, le triste témoignage de notre respectueuse sympathie et de notre profonde émotion. »
Par arrêté du 8 juin 1917, M. Say (Adolphe), comptable à l'Ecole nationale supérieure des Mines, a été nommé secrétaire de la même Ecole, à dater du 1er juillet 1917, en remplacement de M. Pluyette, décédé.