Henry KAPFERER (1870-1958)


Kapferer en 1894, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Fils de Jean KAPFERER, industriel, et de Mme née BERTH. Petit-neveu de Henri DEUTSCH de la MEURTHE. Marié en 1916 à Louise MARK. Enfants : Claude, Olivier, Micheline.


Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1891). Ingénieur civil des mines.

Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Octobre 1990

Henry Kapférer, constructeur et pilote de dirigeables
par François Bréguet (EMP promotion 1929)

S'il est un qualificatif qui convient à l'homme que fut Henry KAPFERER, c'est bien celui de pionnier. Il le fut mais avec un jugement personnel assez sûr car dans son éclectisme intellectuel, artistique, technique et sportif, il fut un précurseur dans les activités les plus diverses. S'il réussit ce fut autant grâce à sa ténacité qu'à sa bonne humeur.

Il consacra une grande partie de sa vie à l'aéronautique mais s'intéressa aussi bien à d'autres choses avec le rare mérite de braver l'opinion avec une élégance et une audace de véritable sportif, car il fallait en avoir en cette période de changement de siècle. Cette élégance, cette vitalité, cette bonne humeur, il les conserva intactes jusqu'à sa mort, à 88 ans, le 25 novembre 1958.

Né à Paris le 2 octobre 1870, il entra à l'Ecole en 1891. Il commence sa carrière chez DEUTSCH (de la MEURTHE), l'une des premières grandes Sociétés pétrolières françaises et internationales (qui, par la suite, devint JUPITER, puis SHELL). Il est chargé d'exploration pétrolière et occupe ses premières années à visiter l'Amérique du Nord, le Caucase, les iles de la Sonde (Indonésie) et le Japon.

En 1893, sur le premier tanker avec chauffe au pétrole « Le Lion » de 85 m et 2 860 tonnes de port en lourd, filant 11,4 noeuds, il traverse l'Atlantique en qualité de « chauffeur ».

En 1901, sur une Renault 3,5 CV, il est le premier à traverser l'Ile de Sumatra en automobile.

Attiré par l'aéronautique naissante, il s'intéresse à l'activité des Etablissements ASTRA, soutenus financièrement par DEUTSCH de la MEURTHE, qui fabriquent sphériques et dirigeables. [Il a été administrateur de ASTRA].

En 1902, il se préoccupe d'améliorer leur stabilité par des hélices horizontales : il expérimente également un modèle réduit de planeur.

Quand les frères VOISIN, ayant rompu leur Association avec BLÉRIOT, présentèrent à KAPFERER le fruit de leur dure expérience, il leur commande leur premier appareil avec l'intention de gagner le prix DEUTSCH-ARCHDEACON. Faute d'un moteur suffisant, 10 CV seulement, l'appareil ne peut décoller et c'est en qualité de Commisaire de l'Aéro-Club de FRANCE qu'Henry KAPFERER rédige le procès-verbal du vol historique du 13 janvier 1908, celui du premier kilomètre bouclé en aéroplane.

A cette époque, le pilotage des dirigeables est sa grande passion et sur l'ASTRA « VILLE DE PARIS », il emmène d'éminentes personnalités françaises et étrangères et fait de brillants voyages.

En 1910, il contribue à la création du premier port aérien suisse à LUCERNE, où l'ASTRA « Ville de Lucerne » évolue avec succès.

Pendant près de 15 années, il aura participé à l'étude, à la construction et au pilotage de 44 dirigeables.

Pilote et constructeur d'avions, il l'est aussi dès 1912 où il vole sur monoplan NIEUPORT, marque d'avions plus tard reprise par ASTRA ; il fait construire un petit monoplan à deux ailes en tandem, avec moteur REP de 50 CV.

Ses autres sports qu'il pratique aussi en précurseur, dès les années 1910 et après 1918, sont le ski avec SANTOS DUMONT, le canoë et le camping, le bateau à voile, les croisières en vedette rapide. A 79 ans, il va de PARIS à PERIGUEUX en vélosolex. L'automobile n'avait pas de secret pour lui : il invente entre autres, la « suivante KAP », porte-bagage soutenu par une roue orientable permettant la marche arrière.

Personnalité parisienne estimée et aimée, récompensée par une cravate de la Légion d'Honneur largement méritée, il laisse à tous ceux qui l'ont approché— dont j'ai le bonheur d'être — le souvenir d'un de ces hommes extraordinaires que l'on regrette de n'avoir pas mieux connu, tant leur simplicité et leur modestie étaient grandes.


On lui prête d'avoir bien connu la fameuse espionne Mata Hari.
Il a été administrateur de la Société générale d'Aéronautique, de la Société Transports automobiles industriels et commerciaux, et a présidé l'Union des industriels de l'Aéronautique.