Né le 25/12/1948 à Paris (14ème). Fils de Robert BERRY, commissaire de police, et de son épouse née Juliette LESTRADE, enseignante. Frère de Michel BERRY (né en 1943 ; X 1963 corps des mines).
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1967) et de l'Ecole des mines de Paris (entré en 1970). Corps des mines. En 1995, il est nommé ingénieur général des mines (détaché).
Depuis sa sortie de l'Ecole des Mines de Paris, en 1972, jusqu'à 2001, Gérard BERRY a occupé un poste de maître de recherches, puis de directeur de recherches à temps plein à l'Ecole des Mines. Il est affecté au Centre de mathématiques appliquées de l'Ecole des mines à Sophia-Antipolis dès sa création. En parallèle, il a été autorisé à poursuivre des recherches en collaboration avec l'IRIA (devenu en 1980 l'INRIA), d'abord à Rocquencourt puis à Sophia Antipolis.
En 1982, il lance le projet Esterel (voir ci-dessous).
Gérard Berry fait aussi quelques cours à l'Ecole des mines de Paris, tant en option informatique que sous forme d'enseignements spécialisés ou dans le cadre de l'ISIA.
Il participe à une réforme de l'enseignement de l'informatique à l'Ecole des Ponts en 2000.
En 1984, Maurice NIVAT, chargé par le ministre de la recherche d'une mission d'étude de l'avenir de l'informatique française, prend Gérard BERRY comme principal adjoint.
En 2001, il quitte la fonction publique pour devenir directeur scientifique de la start-up Esterel Technologies, fonction qu'il exerce jusqu'à fin 2008. Il collabore alors avec Dassault Aviation (en particulier Emmanuel Ledinot) qui est l'un des principaux clients d'Esterel.
En 2002, il est élu membre de l'Académie des sciences (il était déja membre de l'Academia Europae depuis plusieurs années).
Nommé sur un poste à temps plein à l'INRIA (Spohia Antipolis) en février 2009, il y préside la commission d'évaluation.
Il est nommé titulaire de la Chaire d'Innovation technologique - Liliane Bettencourt du Collège de France pour l’année académique 2007/2008, sur le thème « Pourquoi et comment le monde devient numérique ». Voir programme et affiche du colloque Informatique et Bio-informatique du 23 mai 2008.
Pour l'année 2009-2010, il était titulaire de la chaire informatique et sciences numériques du Collège de France. Le 19 novembre 2009, il prononce au Collège de France sa leçon inaugurale sur le thème : « Penser, modéliser et maîtriser le calcul informatique », préludant une deuxième année de conférences sur l'informatique.
A partir de septembre 2012, il est professeur au Collège de France, responsable de la chaire "Algorithmes, machines et langages".
Chevalier de la Légion d'honneur (2012). Médaille d'or du CNRS (2014).
Publié dans LES ECHOS, 26/11/2003 :
Directeur scientifique d'Esterel Technologies, il vient d'être élu à l'Académie des sciences.
Cet homme-là veut mettre les pucerons au pas. « Aujourd'hui, on connaît les puces classiques qui font tourner nos ordinateurs, nos téléphones mobiles. Demain, ce seront des pucerons enfouis partout et fonctionnant en réseau, pour des applications de plus en plus critiques », explique Gérard Berry, directeur scientifique de la jeune société Esterel Technologies. Un véritable défi, a-t-il l'habitude d'expliquer à l'aide de quelques formules chocs devant des auditoires généralement conquis : « Pourriez-vous faire marcher une entreprise d'un million d'employés totalement stupides et parfaitement obéissants ? » Ou encore : « Vous feriez-vous opérer en toute confiance par un robot-chirurgien ? »
Scientifique de haut niveau, Gérard Berry a le verbe facile et l'art de parler de choses horriblement compliquées avec simplicité et enthousiasme. C'est à ce profil qu'il doit son élection à l'Académie des sciences l'an dernier. La vénérable institution créée par Colbert « cherche des scientifiques reconnus, ayant une oeuvre incontournable et ayant, par ailleurs, été en contact avec l'industrie, et donc avec les problèmes réels », assure Gilles Kahn, directeur scientifique de l'Inria et premier informaticien de formation élu à l'Académie des sciences en 1997.
Son caractère bien trempé vaudra à Gérard Berry quelques ennuis avec les autorités en 1968, alors qu'il porte l'uniforme de Polytechnique. Ses convictions bien ancrées lui ont aussi causé quelques déboires. « Il a une véritable aura, mais est parfois tellement assuré de la justesse de ses vues qu'il est difficile de lui faire prendre en considération un avis contraire », admet Emmanuel Ledinot, responsable des études scientifiques amont à la direction de la prospective de Dassault Aviation.
Diplômé de l'Ecole polytechnique et des Mines, Gérard Berry plonge dès le début des années 1970 dans la recherche en informatique à l'Ecole des mines et à l'Iria, l'ancêtre de l'Inria : « C'était un sujet neuf, mais on sentait que ça allait exploser ». Une époque héroïque : « Pendant longtemps, nous n'avons pas eu... d'ordinateur. Ce qui nous a obligé à travailler la théorie, un peu contre notre gré, mais nous a fourni un bagage exceptionnel. » L'un de ses parrains fut Pierre Laffitte, à l'époque directeur [adjoint de l'Ecole] des Mines et aujourd'hui sénateur, qui l'encouragea à s'installer à Sophia-Antipolis, au sein du nouveau Centre de mathématiques appliquées de l'école parisienne. A partir de 1982, il codirige un projet commun à l'Ecole des mines et à l'Inria. C'est le début de l'aventure autour du langage Esterel, nommé d'après une montagne située entre Cannes et Saint-Raphaël.
Quelque 120 hommes et des années de travail après, les travaux menés par Gérard Berry et son entourage au CNRS, à l'Inria et à l'Ecole des mines, débouchent sur un langage de programmation très spécifique destiné aux applications embarquées et temps réel. En 1999, la société Esterel Technologies est créée à partir d'un joint-venture de Simulog. L'objectif est de commercialiser le langage de programmation, rebaptisé «Esterel Studio». En 2001, Gérard Berry, chercheur et enseignant, est embauché par la jeune société qui commercialise le langage auprès d'entreprises aussi différentes qu'Airbus, pour la conception des systèmes informatiques de bord, que pour le design des microprocesseurs mis au point par Texas Intruments ou ST Mi-croelectronics.
Certes, il avait déjà beaucoup fréquenté l'industrie, très intéressée par le langage Esterel. « C'est pendant cette période que je l'ai connu et apprécié pour sa personnalité forte et son aura. Pour un industriel, c'est aussi quelqu'un de précieux, très fort sur le plan théorique, toujours d'une grande clarté dans ses explications et capable de mettre les mains dans le cambouis », explique Emmanuel Ledinot Dans une entreprise qui vend à des géants industriels de secteurs fort différents, Gérard Berry découvre par exemple les vertus du marketing : « Les chercheurs en ont une vision négative. C'est tout le contraire, puisqu'il s'agit de comprendre la communauté à laquelle on s'adresse. » C'est d'ailleurs un peu son état d'esprit au sein de l'Académie des sciences. « Nous avons le challenge d'expliquer notre science. Certains scientifiques voient encore l'informatique comme un simple outil, même si d'autres considèrent qu'il s'agit d'un véritable domaine du savoir », reconnaît Gilles Kahn.
FRANK NIEDERCORN
La société Esterel Technologies a été rachetée par la société américaine ANSYS. Cette société a son siège est à Elancourt (Yvelines). Nous donnons ci-après un extrait d'un article publié par Le Monde, le 4 juin 2012 :
Le logiciel Scade d'Esterel est destiné à la conception d'applications embarquées pour l'aviation, l'automobile, le train et différents domaines industriels.
L'éditeur français Esterel Technologies, membre du pôle de compétitivité Systematic spécialisé dans les applications critiques embarquées, est racheté pour 42 millions d'euros par la société américaine Ansys. Cette dernière élabore des solutions de simulation numérique appliquées à la mécanique des structures, à la dynamique des fluides, au calcul thermique et à l'analyse électromagnétique. Sous réserve de l'agrément des autorités réglementaires, il est prévu que l'acquisition puisse se clore au troisième trimestre 2012.
Le logiciel Scade développé par Esterel permet de concevoir, simuler et produire des applications embarquées pour le contrôle des équipements électroniques dans les secteurs de l'aviation et des transports (train, automobile), mais aussi de l'énergie et de la médecine et d'autres domaines industriels. Ses solutions contribuent à réduire les coûts de conception des systèmes embarqués. A l'origine de l'atelier Scade, on trouve notamment les travaux d'un directeur de recherche au CNRS, Joseph Sifakis, qui a reçu le prix Turing en 2007.
Le co-fondateur et PDG d'Esterel, Eric Bantegnie, est l'un des membres du conseil d'administration de Syntec Numérique. La société qu'il dirige a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires d'environ 15 millions d'euros avec un effectif de 80 personnes, selon le communiqué diffusé par Ansys qui indique aussi que l'accord signé comporte des dispositions pour conserver les principaux membres de la direction et employés.
Voir aussi : L'esprit d'enfance, portrait de Gérard Berry, par Pierre Laszlo, La Jaune et la Rouge, n° 708, octobre 2015
Mise sur le web : R. Mahl