Henri-Charles DABURON (1841-1883)


Daburon, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1863). Ingénieur civil des mines. Voir bulletin de notes

Il épouse le 9 août 1866 Sophie Françoise Elisa Laure Derville-Maléchard, née le 10 juin 1848, fille de Hugues Léopold Maurice Rodolphe Derville-Maléchard et petite-fille de Claude Joseph Parfait Derville-Maléchard, qui a été préfet sous Napoléon 1er ainsi que sous Louis-Philippe.


Notice nécrologique sur M. Daburon (HENRI-CHARLES)
par BURON

Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Février 1883

Nous venons de perdre un excellent camarade, Henri-Charles Daburon, décédé le 10 février. Pendant les années qu'il a passées dans les houillères du Pas-de-Calais, il avait su mériter l'estime et l'affection générales, et tous ceux d'entre nous qui l'ont connu à l'école ou dans sa vie industrielle lui rendront un juste hommage de regrets.

Né à Saumur, en 1841, Henri Daburon termina ses études à Sainte-Barbe et entra à l'école des mines en 1862. Sorti en 1866, il s'occupa d'abord de constructions mécaniques comme attaché aux ateliers Cail, puis au chemin de fer de ceinture, et, en 1870, il fut appelé à Cambrai pour diriger un important atelier de tissage mécanique. Mais au milieu de ses occupations, notre camarade était hanté par le souvenir de ses études minéralurgiques, l'exploitation des mines l'avait toujours attiré, et, après un séjour dans les houillères anglaises, il quitta Cambrai pour entrer dans la Société des mines de Noeux et Vicoigne. Là il montra dans l'organisation de la Société coopérative fondée par cette Compagnie des qualités administratives qui furent remarquées. Entré, en 1870, comme ingénieur divisionnaire aux mines de Lens, il fut chargé du foncage d'un puits de 650 mètres de profondeur, et ce travail fut exécuté avec l'habileté de direction dont il avait déjà fait preuve. Il introduisit, pour le soutènement des galeries à conserver entra les remblais d'une veine à toit ébouleux, une nouvelle méthode de boisage qui fut un véritable progrès. Nous savons tous que, lorsqu'un toit ébouleux donne son poids sur les remblais, les montants des cadres de boisage étant rigides, écrasent le chapeau, tendent à pénétrer dans le toit, le désagrègent, et que les pressions qui chargent alors les bois en provoquent la rupture. On acceptait cette situation qui obligeait à remplacer deux ou trois fois le boisage avant d'arriver à la constitution définitive de la galerie qui ne pouvait être faite qu'au moment où le terrain supérieur avait donné tout son poids. Notre camarade Daburon pensa que, si on limitait le travail des montants par une disposition qui leur permît de se raccourcir quand la pesée du terrain les chargeait d'un poids déterminé, le toit pourrait se rapprocher du mur jusqu'au moment où le remblai aurait subi son tassement définitif sans que les boisages fussent détruits. Pour cela il s'agissait de constituer des cadres formés de deux parties, l'une, très solide devant former le boisage définitif, l'autre, d'une résistance limitée pouvant, en s'écrasant sous l'action de la charge, raccourcir les montants et éviter leur pénétration destructive dans le toit. Pour réaliser cette idée il fit les montants du cadre en bois de sapin dont le plus petit bout, qui doit reposer sur le mur, fut coupé en biseau sur Om,70 de longueur et affaibli de plus par deux traits de scie donnés dans le sens du bois. Il localisait ainsi l'écrasement sur un point où il ne nuisait pas à la solidité des parties essentielles du boisage. Le système consiste donc à entretoiser, le plus solidement possible le milieu du chapeau avec le corps de chacun des montants des jambes de force de manière à soutenir le tout par des bois qui, sans se briser, cèdent, grâce à l'écrasement du pied, au fur et à mesure que le tassement se produit. Toute la partie entretoisée descend ensemble, le toit conserve le peu de consistance qu'il possédait avant le mouvement, et si on a eu le soin, en faisant la voie, de prendre une hauteur convenable pour le roulage, elle ne demande aucune réfection. Daburon essaya aussi avec succès l'application des fers carrés de 8 à 10 millimètres aux boisages et la substitution des queues en fer aux queues en bois.

Ces innovations ont permis de réaliser de véritables économies, et lui ont valu les éloges des membres du Congrès de l'industrie minérale réuni à Droué, en 1879.

Notre camarade a fait de plus une étude spéciale de l'installation des machines d'extraction dans les charbonnages du bassin de Westphalie.

Nommé, en 1880, ingénieur en chef des mines de Marles dont il dirigea les travaux jusqu'à sa mort, Daburon développa dans cette situation non seulement ses talents d'ingénieur, mais ses qualités d'homme de coeur et de dévouement. Il se fit un devoir de s'attacher son personnel en se préoccupant constamment de ses besoins, de son progrès moral, de son instruction. Il fut puissamment aidé dans cette tâche par la noble compagne qu'il s'était choisie au sortir de l'école et qui avait encouragé tous ses travaux. Les mineurs de Marles conserveront toujours le souvenir des soins dévoués qui furent donnés à leur famille et à leurs enfants.

C'est au moment où notre excellent camarade recueillait le fruit d'une vie d'honneur et de travail que la mort l'a surpris. Venu, dans les premiers jours de février, rejoindre sa famille à Paris où il comptait passer quelques jours de repos au milieu des siens, il a été atteint par la fièvre cérébrale qui l'a emporté. Il est mort victime de son ardeur au travail, laissant des regrets bien sincères dans le coeurde tout son personnel et de tous ses amis qui pleurent en lui un homme de devoir et de dévouement.

BURON.