Pierre Louis Ernest CAFFAREL dit ANGLÈS-DAURIAC, ou ANGLÈS D'AURIAC (1874-1918)


Pierre Louis Ernest ANGLÈS D'AURIAC en 1910

Fils de Marie François Ernest CAFFAREL (1833-1909 ; X 1852). Frère de Paul (mort en 1920).
Le nom ANGLÈS DAURIAC fut substitué à celui de CAFFAREL par jugement du Tribunal Civil de Grenoble du 28 avril 1894. En effet, un trafic de décorations avait été imputé au général Caffarel et à M. Wilson, député et gendre du président de la République Jules Grévy. Pour éviter toute confusion, Marie François Ernest CAFFAREL, père de Pierre Louis Ernest, qui était à l'époque des faits (1887) déja colonel du Génie, et qui devint en 1891 général, prit le nom de sa mère : Adèle Marie Anne Louise BERLIOZ née Anglès d'Auriac ou Anglès-Dauriac.
Il épouse Mlle de la JUDIE.
Père de Paul Marie Joseph ANGLÈS D'AURIAC (1904-1983 ; X 1923) et de Henri Marie Pierre (X 1928).
Père de Louis Marie Félix ANGLÈS D'AURIAC (né le 5 mars 1901 à Moulins), ingénieur civil des mines de la promotion 1921 de Paris, qui est en 1935 capitaine, commissaire militaire adjoint du réseau tunisien, à Tunis.

Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1892) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1895). corps des mines.

Il entra à l'Ecole des mines de Paris dans une promotion qui comptait 5 élèves-ingénieurs (parmi lesquels Félix Leprince Ringuet), 32 externes et 14 étrangers.

En 1902, il est nommé comme ingénieur des mines à Le Mans (Sarthe).

Professeur de métallurgie à l'IDN (future Ecole Centrale de Lille) en 1905, il devient sous-directeur à l'IDN en 1906.

En 1914, il est mobilisé comme chef d'escadron d'artillerie et envoyé à l'arsenal de Lyon. Il est néanmoins chargé des cours de métallurgie à l'Ecole des mines de Paris le 1er octobre 1914, à la place de LODIN, décédé.

Il est ensuite nommé professeur à l'Ecole des mines de Saint-Etienne (1917-1918).

Juste avant sa mort, début 1918, il est promu lieutenant-colonel.

Juste après sa mort, la maison DUNOD s'entend avec ses héritiers pour éditer son cours de métallurgie.


Caffarel élève de l'Ecole polytechnique
Photo Ecole Polytechnique


Publié dans Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Mars-Avril 1918 :

Voici le discours prononcé par M. Friedel, directeur de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, aux obsèques de M. Angles d'Auriac, ingénieur en chef du corps des Mines :

Au nom de l'Ecole Nationale des Mines de Saint-Etienne, atterrée par la nouvelle du coup si imprévu qui la met en deuil, je viens rendre un hommage ému d'affection et de reconnaissance au collaborateur précieux que fut pour nous, au maître inlassablement dévoué que fut pour ses élèves, l'ingénieur en chef des Mines et lieutenant-colonel Pierre Angles d'Auriac.

Angles d'Auriac n'appartenait pas en titre au corps enseignant de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne. Son enseignement remarquable et justement apprécié à l'Institut Industriel de Lille l'avait fait désigner, à la veille de la guerre, par M. le ministre des travaux publics pour occuper la chaire de métallurgie de l'Ecole Supérieure des Mines de Paris. Puis la guerre l'avait appelé au devoir militaire, et il remplissait les fonctions de sous-directeur à l'Arsenal de Lyon, lorsqu'en octobre dernier l'administration des Mines, en vue de la réouverture des cours de notre Ecole, fit appel à sa haute compétence et à son dévouement pour remplir à titre intérimaire les fonctions de professeur de métallurgie à l'Ecole de Saint-Etienne.

A cette tâche toute momentanée, qu'un autre eût peut-être considérée non pas assurément comme secondaire, mais comme pouvant être accomplie sans un effort excessif et en se bornant à utiliser, en le complétant, un travail déjà fait ailleurs, à cette tâche on peut vraiment dire, sans la moindre exagération, hélas ! qu'ANGLÈS d'AURIAC a donné sa vie.

Le nombre des élèves qui, libres d'obligations militaires, purent bénéficier de son enseignement, était malheureusement restreint. Malgré cela, pénétré de la nécessité plus que jamais urgente de former dès à présent, dans toute la mesure du possible, un personnel d'ingénieurs instruits en vue du développement prévu et indispensable de la métallurgie française après la guerre, conscient de remplir en cela un haut devoir patriotique et de travailler par l'un des côtés les plus essentiels à la rénovation de l'industrie de notre pays, au relèvement futur des ruines de la guerre, il se donna tout entier à ce devoir, et l'uniforme qu'il portait était bien celui du soldat qui, dans le poste qui lui est échu, consacre tous ses instants, toute sa pensée, toules ses forces au salut et à la grandeur de la patrie.

On imagine difficilement ce que fut son labeur durant ces quelques mois. Cette tâche qui pour tout autre eût été lourde mais normale, il en fit, à force de conscience, à force de besoin de la perfection, une besogne écrasante, ne se contentant pas de préparer ses leçons jour et nuit et pendant les fatigants voyages auxquels il était astreint, mais s'intéressant à chacun de ses élèves, suivant de près tous leurs travaux, les accompagnant dans les usines, ne perdant aucune occasion de les instruire, et s'imposant encore la charge supplémentaire et formidable de rédiger en si peu de temps un cours très étendu qui perpétuera pour eux les précieux effets d'un tel enseignement. J'ai vu bien des professeurs dévoués à leur tâche ; mais je puis attester que jamais je n'en ai rencontré un seul qui mît à l'accomplir un pareil feu, une passion de l'enseignement aussi ardente, une aussi constante et aussi exclusive préoccupation du devoir professionnel.

Bien des fois, dans ces derniers temps, il m'avait avoué une fatigue qui se lisait sur ses traits et qui cependant n'ôtait rien à son ardeur. Et comme je le pressais de ménager une santé que cependant je ne soupçonnais pas aussi gravement ébranlée, il me répondait, toujours : « Plus tard. J'ai entrepris cette tâche, je la mènerai jusqu'au bout. » Jusqu'au bout. Nous voyons, hélas ! aujourd'hui ce que cela signifiait pour lui, et que dans cette activité acharnée c'était sa vie qu'il donnait au pays, sans compter, comme d'autres, à cette heure, la donnent sur le champ de bataille.

Angles d'Auriac laissera à ceux qui eurent le trop bref privilège d'être, à Saint-Etienne, ses collaborateurs ou ses élèves un enseignement par l'exemple plus précieux encore qu'aucun enseignement scientifique ou technique. Tous lui devront de mieux comprendre jusqu'à quel degré de grandeur morale peut nous élever une tâche même limitée, même d'envergure modeste, mais acceptée sans restriction et accomplie de tout cœur, avec la claire vision du devoir à remplir et le don entier de soi-même. Nous tenons à ce que sa famille, à ce que ses enfants, a ce que sa veuve si durement frappée et à la douleur de laquelle vont toutes nos pensées, sachent bien que c'est avant tout sous cette belle figure du devoir accompli jusqu'au bout et sans défaillance que son souvenir restera gravé dans les cœurs de tous ceux qui l'ont connu à l'Ecole de Saint-Etienne. Puisse cette pensée, en quelque mesure, leur rendre moins amère l'effroyable épreuve qui les accable aujourd'hui.

Lyon, mai 1918.