LES ANNALES DES MINES
REALITES INDUSTRIELLES - Février 2005
Médicament et innovation : |
Jean-Pierre Raffarin
Premier Ministre
Une industrie en pleine mutation
L’INDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE : LE RÔLE DE L'INNOVATION
par Jean-Michel Yolin,
Conseil
général des Mines
Les activités des entreprises
pharmaceutiques se déclinent, selon la chaîne de développement du médicament,
de l'innovation jusqu’au marché, avec des acteurs très différents, mais
complémentaires. Renforcer l’attractivité de la France implique d’intervenir
dans les phases amont du développement de médicaments. La présence d’un tissu
de start-up est une des principales conditions pour l’implantation des
entreprises pharmaceutiques, dont le cœur de métier consiste à conduire au
marché les molécules innovantes découvertes par les start-up.
RECHERCHES ET MEDICAMENTS : REVOLUTIONS
SCIENTIFIQUES
ET EVOLUTIONS MULTIFORMES DES ENTREPRISES
par
Bernard Lemoine
Vice-Président délégué du Leem (Les entreprises du médicament)
Une nouvelle ère scientifique s’est ouverte à la recherche du médicament : une complexité accrue, une croissance exponentielle des coûts de développement, une nécessaire pluridisciplinarité ont des implications en termes de structures des entreprises et d’organisation de la Recherche. Force est de constater que la France, malgré de réels atouts, ne dispose pas aujourd’hui de « pôle d’excellence » capable de s’étalonner au plan mondial et de faire bénéficier l’industrie du médicament d’une multiplication d’entreprises émergentes et innovantes dans les techniques les plus pointues.
L’AVENIR DE LA RECHERCHE EUROPEENNE DANS LE DOMAINE PHARMACEUTIQUE
par Jean-François Dehecq
Président-Directeur général, Sanofi
Aventis
L’Europe dispose d’une base scientifique forte mais soutient trop peu la recherche et les chercheurs. L’avenir de la recherche pharmaceutique passe par une rétribution équitable de l’innovation qui doit être considérée comme un investissement et non un coût. L’innovation est source de compétitivité. La compétitivité industrielle et la santé publique ne sont pas des objectifs incompatibles mais complémentaires.
LES
DEFIS A RELEVER
RENDRE POSSIBLE UN ACCES PLUS PRECOCE AU MEDICAMENT
par Patrick Le Courtois
Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA)
Grâce à l’évolution récente de la réglementation pharmaceutique européenne et aux nouvelles pratiques administratives, notamment la procédure centralisée de l’Agence européenne du médicament, responsable de l’évaluation des produits biotech, les patients pourront accéder plus rapidement au médicament. Les véritables gains de temps sont surtout à attendre des phases antérieures et postérieures à l’autorisation de mise sur le marché.
S’INTEGRER
DANS UN ESPACE EUROPEEN DE LA RECHERCHE
CLINIQUE EN ONCOLOGIE
par Véronique Diéras
et Pierre Bey
Institut Curie
La
recherche clinique constitue une des clés du transfert des données de la
recherche fondamentale aux pratiques cliniques. Elle est essentielle à
l’amélioration des connaissances biologiques et médicales et au développement
de nouvelles stratégies thérapeutiques, en offrant la meilleure garantie de
sécurité et d’efficacité pour les malades. De plus, elle a un rôle fédérateur
majeur. Le soutien financier de la recherche clinique via des fonds publics est
indispensable. En France, l’Institut national du cancer permettra cette aide en
finançant des projets dans le cadre de réseaux d’excellence, les cancéropôles.
ET SI LA FRANCE N’ETAIT PLUS
QU’UN COMPTOIR DE DISTRIBUTION DE MEDICAMENTS ?
par Francis Fagnani, François Saint-Cast, Sabine Gadenne, Cemka-Eval
Jean-Luc Hertz, et Véronique Ameye
Laboratoire Sanofi-Aventis
Non seulement les entreprises étrangères du médicament ne créent plus de centres de recherche en France mais elles amorcent même un mouvement de délocalisation. Les conséquences pour l’économie française de la poursuite d’un tel mouvement sont considérables. Cette étude, réalisée en collaboration avec le laboratoire Aventis, cherche à quantifier les effets macro-économiques potentiels de la délocalisation des activités R&D et de production des médicaments.
RATTRAPER NOTRE RETARD EN
BIOTECHNOLOGIES
par Philippe Pouletty,
Président de France Biotech et du
Conseil stratégique de l’innovation
L’Europe souffre d’un retard important dans le secteur stratégique des biotechnologies. Loin derrière les Etats-Unis, elle pourrait passer derrière la Chine si elle ne remédie pas à une sous-alimentation financière chronique, explicable notamment par la faiblesse du capital risque, l’absence d’un marché boursier européen pour les valeurs technologiques de croissance et les faibles niveaux d’excellence et de productivité de la recherche. Il est cependant encore temps pour la France et l’Europe de revenir en bonne place dans la course grâce à des réformes structurelles à fort impact.
SOUTENIR
L’INNOVATION : L’EFFICIENCE DU MODELE FRANÇAIS EN QUESTION
DU RÔLE DIRECTEUR DES ETATS-UNIS SUR LE MARCHE DU MEDICAMENT
par Antoine Masson
Conseil général des Mines
Les grandes évolutions de la
dynamique de l’offre de médicaments dans les pays de l’OCDE ont leur origine
aux Etats-Unis. Il s’agit de l’augmentation des coûts et des durées de R&D,
du développement du marché des médicaments génériques et de la réduction des
délais d’approbation des nouveaux médicaments.
ENCADRE : LA FRANCE VUE PAR LA "PHARMA" AMERICAINE :
trois questions à
Frédéric Champavere,
Président de l'Agipharm
DES POLITIQUES PUBLIQUES
EFFICACES DE SOUTIEN A L’INNOVATION
PHARMACEUTIQUE : ROYAUME-UNI ET ESPAGNE
par Antoine Masson
Conseil général des Mines
Le Royaume-Uni et l’Espagne ont mis en place, en partenariat avec les industriels, des politiques en faveur de l’industrie pharmaceutique innovante. Ces politiques sont efficaces, si l’on en juge d’après la croissance des dépenses de R&D des entreprises pharmaceutiques dans ces pays. La France peut-elle tirer parti des expériences de ses deux voisins ?
par Docteur Thomas Reiss
Fraunhofer Institute Systems and
Innovation Research, Karlsruhe et Elena Prats,
Direction générale Entreprises et
Industrie,
Commission européenne
Dans le processus d'innovation du secteur des biotechnologies, il y a quatre champs d’intervention politique : le développement de la base de connaissances et des ressources humaines ; la transmission et l’application des connaissances ; la demande et le marché ; le développement du secteur industriel. Toutes les initiatives politiques devraient être complémentaires et se renforcer mutuellement. C’est dans cette optique que l'Union européenne suggère un cadre d'orientation.
INNOVATIONS
THERAPEUTIQUES ET EQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
COMPARAISONS INTERNATIONALES DE PRIX DES MEDICAMENTS :
LA FRANCE AU NIVEAU MOYEN EUROPEEN ?
par Christine de Mazières
Conseillère référendaire à la Cour
des Comptes
La majeure partie des médicaments en France ont leurs prix fixé par l’Etat. D’où le soupçon des industriels de ne pas voir rémunéré à son juste niveau l’effort d’innovation. Et celui des pouvoirs publics, de payer la santé publique plus cher qu’à l’étranger.
VERS UNE CULTURE DE L’EVALUATION
ECONOMIQUE DES PRODUITS
DE SANTE PAR LES POLITIQUES PUBLIQUES ?
par Claude Le Pen
Université Paris-Dauphine
Dans certains pays, notamment le Royaume-Uni, l’évaluation économique est reconnue et intégrée à la politique de santé. En France, en revanche, la doctrine officielle en matière de remboursement et de tarification des biens de santé n’y fait guère référence. On évoque souvent la faible crédibilité des études. Le refus de l’évaluation économique conduit cependant à des impasses et à des incohérences. Une prise de conscience s’impose.
LE MEDICAMENT GENERIQUE : DES
ATTENTES A LA REALITE
par Romain Lesur
Economiste de la santé, THEMA
Le développement des médicaments génériques représente une perspective d’économies significative pour les assureurs publics et privés. L’enjeu actuel est donc d’inciter les acteurs à les utiliser. Mais le modèle du médicament générique pourrait être victime de l’avènement des biotechnologies.
LE COMMERCE PARALLELE DES MEDICAMENTS
DANS L’UNION EUROPEENNE : UN FLEAU UTILE ?
par Blandine Fauran
Directeur juridique et fiscal, Les
entreprises du médicament (LEEM)
Après trente ans de jurisprudence
communautaire favorable aux importations parallèles de médicaments, on constate
que les bénéfices qu’elles apportent à la construction européenne, aux Etats et
aux patients sont fort limités au regard des inconvénients qu’elles induisent
pour les entreprises innovantes au détriment de la recherche. Cette approche,
acceptable dans une optique de progression du marché commun entre Etats
fortement intégrés et en l’absence de problèmes de santé publique majeurs, est
remise en doute dans l’Europe élargie. Un revirement important de jurisprudence
est souhaitable.
CONCLUSION |
par François Rain
Administrateur civil au ministère de
l’Economie, des Finances et de l’Industrie
La France est, depuis dix ans, le
premier producteur européen de médicaments. Pourtant les signes d’inquiétude ne
manquent pas, notamment en ce qui concerne la recherche et les nouvelles
technologies applicables à la santé. Or cette industrie, en plein
bouleversement, est sans doute une des plus prometteuses de ce siècle. Faisons
de nécessité vertu. Pour rendre notre pays attractif à ces activités, au-delà
de mesures techniques, l’essentiel consiste à affirmer une volonté et une
vision stratégique claire. D’autres pays ont fait ce choix. Qu’attendons-nous ?
HOMMAGE A JEAN
MARMOT
par Philippe Séguin,
Premier président de la Cour des comptes