par François VALÉRIAN
Rédacteur en chef des Annales
des Mines
Comment le prix du pétrole va-t-il évoluer ? Voilà une question à laquelle personne, bien entendu, ne sait répondre. Les cours actuels nous semblent élevés, mais dans les années 70 et au début des années 80 ils l’étaient bien davantage.
Les scénarios de hausse très
forte ne sont donc plus
invraisemblables, et nous sommes renvoyés aux
préoccupations énergétiques d’il
y a vingt cinq ou trente ans, avec la peur de l’effet de serre en plus,
et des
ressources pétrolières dont certains craignent
l’épuisement au cours de ce
siècle.
Et pourtant, les habitants des pays
industrialisés
préfèrent réduire leurs achats au
supermarché plutôt que de moins rouler en
voiture, les transports routiers continuent de croître, et face
à cette forte
demande les entreprises pétrolières n’augmentent pas
leurs investissements.
Inélasticité de la demande comme de l’offre : entre
des utilisateurs
d’énergie aux habitudes invétérées, et des
producteurs d’énergie soumis aux
contraintes des marchés financiers, il est bien difficile de
prévoir le niveau
d’équilibre.
Qu’on l’appelle soutenable ou durable, il
nous faut
trouver les conditions d’un développement de long terme, et ce
développement ne
passe pas par des prix de l’énergie insupportables aux pays
pauvres. Réduire
l’intensité énergétique des pays
développés, en la mesurant plus finement et en
maîtrisant les consommations secteur par secteur ; mieux
explorer, mieux
exploiter les gisements de pétrole ; développer des
énergies alternatives,
moins polluantes et plus abondantes : tels sont les grands axes
d’un
scénario d’équilibre, qui devrait nous mener bien plus
loin que les
spéculations des utilisateurs ou des producteurs. La
décision récente de
lancement du projet ITER nous rappelle opportunément que dans ce
scénario de
long terme, la puissance publique trouve toute sa place.
|
Retour
sommaire |