LES ANNALES DES MINES
REALITES INDUSTRIELLES Août 2002



 
 

LES TEMPETES : ENSEIGNEMENTS DES CRISES ET GESTION DES RISQUES 

 
Sommaire détaillé


LE RETOUR D'EXPERIENCES : OUTILS ET CONCEPTS

par Danièle Trauman
Maître de conférences
Université Paris I

Après une crise, faire un retour d’expériences, c’est étudier l’étendue et la nature des défaillances des organisations, leurs causes et leurs conséquences, ainsi que les procédures et moyens d’alerte, de secours et de remise en état. Mais il s’agit de le faire à la lumière des perceptions et réactions des individus placés au cœur des événements. Le maintien et, le cas échéant, le rétablissement de la confiance dans les organisations passent essentiellement par la connaissance et la compréhension des situations que leurs agents affrontent.
 
 

LES TEMPETES EN FRANCE

par Pierre Bessemoulin
Directeur de la Climatologie à Météo France

Il n’existe pas d’inventaire exhaustif des tempêtes en France remontant sur plusieurs siècles, ce qui est regrettable. Météo-France essaie d’y remédier en développant depuis 1999 une “ Base de données d’événements marquants ” (BDEM, projet interne pour le moment), incluant la documentation d’événements historiques. Le nombre d’épisodes de vent fort présente une forte variabilité interannuelle (7 en 1968, 26 en 1962), ainsi que celui des fortes tempêtes (0 en 1989, 1993 et 1998, 5 en 1965), mais les études ne mettent pas en évidence de tendance significative sur les cinquante dernières années.
 
 

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA PROBABILITE DES TEMPETES
SUR L'ATLANTIQUE NORD

par Serge Planton
Météo France, Centre national de recherches météorologiques

Les tempêtes de 1999 ont représenté pour certains l’effet annonciateur de bouleversements climatiques auxquels nous exposerait la poursuite d’une utilisation inconsidérée des combustibles fossiles. Pourtant, si le réchauffement du climat est d’ores et déjà avéré, les observations actuelles ne permettent pas de révéler une tendance séculaire à l’augmentation de la probabilité des tempêtes en France ou en Europe. De plus, s’il faut s’attendre à une amplification future du réchauffement climatique, il n’est pas possible à ce jour de dégager un consensus sur ce que nous réserve l’avenir concernant la fréquence ou l’intensité de ces tempêtes.
 
 

POUR UNE APPROCHE GLOBALE DU RISQUE CLIMATIQUE

par Jean-Pierre Doumenge
Directeur de recherches au CNRS
Professeur à l'Université Paul Valéry (Montpellier III)

Les sociétés développées des latitudes moyennes s'inquiètent, à juste titre, des désastres que de brusques anomalies climatiques peuvent provoquer sur leur territoire. Les tempêtes Lothar et Martin qui ont ravagé la France à la fin de l'année 1999 montrent que l'inquiétude est légitime, même si le risque encouru est d'ordre séculaire. En fait, cet ordre de grandeur traduit mal la réalité; rien n'empêche en effet que ce type d'événement ne se reproduise dans cinq, dix, vingt ou trente ans.
 
 

TEMPETES DE 1999 ET SITUATIONS DE CRISES : QU'AVONS-NOUS APPRIS ?

par Jean-Pierre Bourdier
Directeur Développement Durable et Environnement, Groupe EDF

Gérer des crises comme celle qui a eu lieu à la suite des tempêtes de fin décembre 1999 ne consiste pas seulement, pour EDF, à réparer les installations et remettre les lignes en fonctionnement ; il lui faut livrer une véritable course contre la montre afin de sauver des vies humaines et il lui faut aussi établir des liens de communication intense avec le public. Il s’agit enfin de prendre en compte l’expérience vécue, dans un but préventif, par une remise en cause des normes ou l’amélioration de la diffusion des connaissances.
 
 

LA SECURISATON DU SYSTEME ELECTRIQUE FRANÇAIS
APRES LES TEMPETES DE DECEMBRE 1999

par Gérard Piketty
Ingénieur général des Mines

En raison du coût des dommages causés au système électrique lors des tempêtes des 26 et 28 décembre 1999, mais aussi d’une certaine image du service public, il s’imposait de réexaminer soigneusement le niveau de sécurisation des éléments du système face à du « jamais vu » en violence et en étendue. S’il appartient bien à l’Etat d’imposer une pénalité tarifaire en cas de défaillance prolongée et d’en arrêter les modalités, il lui revient aussi de dire l’ordre de grandeur ainsi que la durée du programme qu’il souhaite voir réalisé, en donnant, si besoin est, un guide général d’investissement pour chaque grande composante du système électrique.
 
 

LES COMMUNES D'ILE-de-FRANCE FACE A LA TEMPETE
DU 26 DECEMBRE 1999

par Martine Tabeaud
Institut de géographie, Université Paris I

Un questionnaire d’enquête sur la perception de la crise issue des dégâts causés par la tempête du 26 décembre 1999 a été envoyé à toutes les communes d’Ile-de-France. Aucune mairie n’a répondu avoir été épargnée, mais ce sont les départements de l’ouest et du sud francilien qui se sentent les plus affectés. La cicatrisation est lente puisque moins d’un tiers des communes, au 1er janvier 2001, estimaient les dégâts (autres que forestiers) réparés en totalité. Les communes, et surtout les villages ruraux où la tempête a un terrible impact sur les budgets communaux, doivent encore gérer l’après-crise.
 
 

LA RESPONSABILITE DES MAIRES FACE AUX RISQUES NATURELS

par Christian Frémaux
Avocat à la Cour

A la responsabilité traditionnelle du maire, représentant de la commune, s’est ajoutée, comme pour tous les décideurs des sociétés dites modernes, une extension de la responsabilité, y compris en matière pénale : même dans les événements naturels, on cherche à identifier un coupable. La notion de faute s’est étendue largement et le maire doit se garder de toutes parts, même en cas de tempête, quand le vent lui-même s’en mêle et est à l’origine des problèmes.
 
 

L'ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS FACE A LA TEMPETE
DU 28 DECEMBRE 1999 EN CHARENTE-MARITIME

par Christian Leyrit
Préfet de Charente-Maritime

Le soir du 27 décembre 1999, à la Préfecture de Charente-Maritime, chaque minute apporte des témoignages d'un cataclysme qui va faire 16 morts et 120 blessés : l’état de catastrophe naturelle a été reconnu dès le 29 décembre. L'ensemble des moyens d’aide mis en place par l'Etat représente un total de 78 296 hommes par jour et plus de 400 MF pour le département, au profit des agriculteurs, communes, PME, commerçants, conchyliculteurs et exploitants forestiers… La mobilisation de l'Etat a été exceptionnelle, en importance et en rapidité : le plan ORSEC a pu être levé le 12 février 2000.
 
 

LES COLLECTIVITES CONCEDANTES DE LA DISTRIBUTION
PUBLIQUE D'ELECTRICITE ET LA GESTION DES RISQUES

par Pascal Sokoloff
Chef du service juridique de la Fédération nationale
des collectivités concédantes et régies (FNCCR)

Les communes et groupements de communes, en leur qualité d’autorités organisatrices de la distribution publique d’électricité, concourent directement à la limitation des risques que les aléas climatiques font peser sur leurs réseaux de distribution. Dans le contexte de l’ouverture à la concurrence de la fourniture d’énergie, il est important de donner à ces concessions locales, qui ont fait la preuve de leur grande réactivité, tous les moyens de garantir, de façon pérenne, la qualité des réseaux et la continuité du service public de distribution.
 
 

LE CONCEPT D'ENERGIE NON DISTRIBUEE OUTIL D'AIDE A LA DECISION
DANS LA GESTION DES RESEAUX ELECTRIQUES

par Alain Doulet
EDF GDF Services,
Délégation Réseaux Electricité

Gérer un réseau de grande taille comme un réseau électrique à l’échelle d'un pays suppose de disposer d'outils d'aide à la décision conduisant à un juste compromis entre le coût de l'électricité et l'ampleur de la gêne que peut ressentir le client lorsque l'électricité vient à manquer. Le concept d’énergie non distribuée (END) a constitué jusqu’à présent un outil efficace, dans une approche macro-économique,
chaque fois qu'EDF a été confrontée à la construction de programmes d'amélioration de la qualité de fourniture sous contrainte financière
 
 

L'IMPORTANCE DE LA QUALITE DE SERVICE DANS LA FOURNITURE D'ELECTRICITE

par Claude Trink
Ingénieur en chef des Mines

Face à l’approche technicienne de l’examen des conditions nécessaires à une absence de défaillance dans la fourniture d’électricité, une autre approche d’organisation des rapports entre les fournisseurs de services collectifs et leurs clients vise à s’intéresser, non aux moyens mis en œuvre, mais au produit livré. Cette approche « qualité de service » définit les règles du jeu qui, d’elles-mêmes, orientent le comportement des acteurs vers la poursuite de l’objectif jugé socialement désirable.
 
 

LES TEMPETES DE 1999 : ENSEIGNEMENTS POUR LES ASSURES ET LES ASSUREURS

par Guillaume Rosenwald
Directeur des risques de particuliers,
Fédération française des sociétés d'assurances

Les tempêtes sont parfaitement assurables. Toutefois, afin de protéger avec plus de certitude les assurés lors de tempêtes violentes, le législateur, qui avait rendu la garantie tempête obligatoire sur l’ensemble des contrats incendie en 1990, l’a étendue en 2000 sur l’ensemble des contrats de dommages aux biens. A la différence des autres événements naturels relevant du régime des catastrophes naturelles, les conditions de garantie et la détermination de la cotisation sont cependant laissées à la liberté du marché. Il est donc extrêmement important pour l’assuré d’être vigilant sur les conditions de garantie.
 
 

RISQUES CLIMATIQUES MAJEURS : QUELLE INDEMNISATION ?

par Anne-Charlotte Taillandier
Consultante

Tempêtes, fortes pluies, crues torrentielles, montée inexorable du niveau des rivières… ces événements climatiques se sont multipliés ces dernières années. Face à ces risques majeurs, s’interroger sur l’efficacité des mécanismes d’indemnisation et sur la vérité des coûts de transfert, est une démarche délicate mais nécessaire, que les membres de l’AMRAE (Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise), réunis en atelier, ont entrepris le 31 janvier 2002 à Lille : cherchant à réduire l’exposition aux risques des entreprises, ils doivent faire face actuellement à de dures conditions de souscription et souhaitent être créatifs.
 
 

LA SNCF ET LES TEMPETES DE DECEMBRE 1999

par Geneviève Aubry
Chargé de mission crise,
Direction de la communication SNCF

Aucun accident à déplorer, aucune victime. Cinq jours pour remettre en état les 2/3 du réseau ferroviaire français. Plus de 80 % du trafic marchandises acheminé dès le 30 décembre et un service quasi normal rétabli pour les voyageurs dès le 31. Six millions de personnes transportées et tous les vacanciers acheminés à bon port. Mais les journaux télévisés ne montrent que des clients mécontents dans les gares… Les cheminots mobilisés jour et nuit pour faire face aux conséquences des tempêtes s’interrogent : « Pourquoi cette attitude des médias alors que nous avons pris en charge tous les voyageurs et rétabli la circulation des trains dans un temps record ? »
 
 

LES DISPOSITIFS DE SECOURS ET D'INTERVENTION MIS EN OEUVRE
PAR LA SECURITE CIVILE FACE AUX EVENEMENTS DE CRISE

par Raymond Yeddou
Direction de la Défense et de la Sécurité civile,
Sous-direction de l'organisation des secours et de la coopération civilo-militaire

Les dommages causés par les intempéries de décembre 1999 ont démontré la nécessité de disposer d’une réserve nationale de dispositifs de secours et d’intervention. Le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises, à la Direction de la défense et de la Sécurité civile, est apparu comme la structure pertinente pour assurer la coordination des différents acteurs impliqués dans la gestion d’une crise majeure. L’étendue et l’intensité des événements ont cependant montré que des améliorations peuvent encore être apportées au système afin de minimiser les délais de mise en œuvre opérationnelle.
 
 

LES TEMPETES ET FORETS : PERTURBATIONS, CATASTROPHES OU OPPORTUNITES ?

par Yves Birot
Ingénieur général du Génie Rural,
des Eaux et des Forêts,
Directeur de recherches à l'INRA

Les tempêtes de 1999 ont profondément affecté le secteur forestier et rien ne sera plus tout à fait comme avant. Dans les régions fortement touchées, des trous de production sont attendus dans les années à venir et de manière durable, des paysages de guerre mettront du temps à se refaire une beauté. Mais en provoquant des réflexions sur les grands enjeux forestiers et sur les modes de gestion, la crise a aussi été l’occasion d’engager des réformes de fond.
 
 
 
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