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LE RETOUR D'EXPERIENCES : OUTILS ET CONCEPTS
par Danièle Trauman
Maître de conférences
Université Paris I
Après une crise, faire un retour
d’expériences, c’est étudier l’étendue et la nature
des défaillances des organisations, leurs causes et leurs conséquences,
ainsi que les procédures et moyens d’alerte, de secours et de remise
en état. Mais il s’agit de le faire à la lumière des
perceptions et réactions des individus placés au cœur des
événements. Le maintien et, le cas échéant,
le rétablissement de la confiance dans les organisations passent
essentiellement par la connaissance et la compréhension des situations
que leurs agents affrontent.
LES TEMPETES EN FRANCE
par Pierre Bessemoulin
Directeur de la Climatologie
à Météo France
Il n’existe pas d’inventaire exhaustif
des tempêtes en France remontant sur plusieurs siècles, ce
qui est regrettable. Météo-France essaie d’y remédier
en développant depuis 1999 une “ Base de données d’événements
marquants ” (BDEM, projet interne pour le moment), incluant la documentation
d’événements historiques. Le nombre d’épisodes de
vent fort présente une forte variabilité interannuelle (7
en 1968, 26 en 1962), ainsi que celui des fortes tempêtes (0 en 1989,
1993 et 1998, 5 en 1965), mais les études ne mettent pas en évidence
de tendance significative sur les cinquante dernières années.
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA PROBABILITE
DES TEMPETES
SUR L'ATLANTIQUE NORD
par Serge Planton
Météo France, Centre
national de recherches météorologiques
Les tempêtes de 1999 ont représenté
pour certains l’effet annonciateur de bouleversements climatiques auxquels
nous exposerait la poursuite d’une utilisation inconsidérée
des combustibles fossiles. Pourtant, si le réchauffement du climat
est d’ores et déjà avéré, les observations
actuelles ne permettent pas de révéler une tendance séculaire
à l’augmentation de la probabilité des tempêtes en
France ou en Europe. De plus, s’il faut s’attendre à une amplification
future du réchauffement climatique, il n’est pas possible à
ce jour de dégager un consensus sur ce que nous réserve l’avenir
concernant la fréquence ou l’intensité de ces tempêtes.
POUR UNE APPROCHE GLOBALE DU RISQUE CLIMATIQUE
par Jean-Pierre Doumenge
Directeur de recherches au CNRS
Professeur à l'Université
Paul Valéry (Montpellier III)
Les sociétés développées
des latitudes moyennes s'inquiètent, à juste titre, des désastres
que de brusques anomalies climatiques peuvent provoquer sur leur territoire.
Les tempêtes Lothar et Martin qui ont ravagé la France à
la fin de l'année 1999 montrent que l'inquiétude est légitime,
même si le risque encouru est d'ordre séculaire. En fait,
cet ordre de grandeur traduit mal la réalité; rien n'empêche
en effet que ce type d'événement ne se reproduise dans cinq,
dix, vingt ou trente ans.
TEMPETES DE 1999 ET SITUATIONS DE CRISES : QU'AVONS-NOUS APPRIS ?
par Jean-Pierre Bourdier
Directeur Développement
Durable et Environnement, Groupe EDF
Gérer des crises comme celle qui
a eu lieu à la suite des tempêtes de fin décembre 1999
ne consiste pas seulement, pour EDF, à réparer les installations
et remettre les lignes en fonctionnement ; il lui faut livrer une véritable
course contre la montre afin de sauver des vies humaines et il lui faut
aussi établir des liens de communication intense avec le public.
Il s’agit enfin de prendre en compte l’expérience vécue,
dans un but préventif, par une remise en cause des normes ou l’amélioration
de la diffusion des connaissances.
LA SECURISATON DU SYSTEME ELECTRIQUE
FRANÇAIS
APRES LES TEMPETES DE DECEMBRE 1999
par Gérard Piketty
Ingénieur général
des Mines
En raison du coût des dommages causés
au système électrique lors des tempêtes des 26 et 28
décembre 1999, mais aussi d’une certaine image du service public,
il s’imposait de réexaminer soigneusement le niveau de sécurisation
des éléments du système face à du « jamais
vu » en violence et en étendue. S’il appartient bien à
l’Etat d’imposer une pénalité tarifaire en cas de défaillance
prolongée et d’en arrêter les modalités, il lui revient
aussi de dire l’ordre de grandeur ainsi que la durée du programme
qu’il souhaite voir réalisé, en donnant, si besoin est, un
guide général d’investissement pour chaque grande composante
du système électrique.
LES COMMUNES D'ILE-de-FRANCE FACE A
LA TEMPETE
DU 26 DECEMBRE 1999
par Martine Tabeaud
Institut de géographie,
Université Paris I
Un questionnaire d’enquête sur la
perception de la crise issue des dégâts causés par
la tempête du 26 décembre 1999 a été envoyé
à toutes les communes d’Ile-de-France. Aucune mairie n’a répondu
avoir été épargnée, mais ce sont les départements
de l’ouest et du sud francilien qui se sentent les plus affectés.
La cicatrisation est lente puisque moins d’un tiers des communes, au 1er
janvier 2001, estimaient les dégâts (autres que forestiers)
réparés en totalité. Les communes, et surtout les
villages ruraux où la tempête a un terrible impact sur les
budgets communaux, doivent encore gérer l’après-crise.
LA RESPONSABILITE DES MAIRES FACE AUX RISQUES NATURELS
par Christian Frémaux
Avocat à la Cour
A la responsabilité traditionnelle
du maire, représentant de la commune, s’est ajoutée, comme
pour tous les décideurs des sociétés dites modernes,
une extension de la responsabilité, y compris en matière
pénale : même dans les événements naturels,
on cherche à identifier un coupable. La notion de faute s’est étendue
largement et le maire doit se garder de toutes parts, même en cas
de tempête, quand le vent lui-même s’en mêle et est à
l’origine des problèmes.
L'ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS
FACE A LA TEMPETE
DU 28 DECEMBRE 1999 EN CHARENTE-MARITIME
par Christian Leyrit
Préfet de Charente-Maritime
Le soir du 27 décembre 1999, à
la Préfecture de Charente-Maritime, chaque minute apporte des témoignages
d'un cataclysme qui va faire 16 morts et 120 blessés : l’état
de catastrophe naturelle a été reconnu dès le 29 décembre.
L'ensemble des moyens d’aide mis en place par l'Etat représente
un total de 78 296 hommes par jour et plus de 400 MF pour le département,
au profit des agriculteurs, communes, PME, commerçants, conchyliculteurs
et exploitants forestiers… La mobilisation de l'Etat a été
exceptionnelle, en importance et en rapidité : le plan ORSEC a pu
être levé le 12 février 2000.
LES COLLECTIVITES CONCEDANTES DE LA
DISTRIBUTION
PUBLIQUE D'ELECTRICITE ET LA GESTION
DES RISQUES
par Pascal Sokoloff
Chef du service juridique
de la Fédération nationale
des collectivités
concédantes et régies (FNCCR)
Les communes et groupements de communes,
en leur qualité d’autorités organisatrices de la distribution
publique d’électricité, concourent directement à la
limitation des risques que les aléas climatiques font peser sur
leurs réseaux de distribution. Dans le contexte de l’ouverture à
la concurrence de la fourniture d’énergie, il est important de donner
à ces concessions locales, qui ont fait la preuve de leur grande
réactivité, tous les moyens de garantir, de façon
pérenne, la qualité des réseaux et la continuité
du service public de distribution.
LE CONCEPT D'ENERGIE NON DISTRIBUEE
OUTIL D'AIDE A LA DECISION
DANS LA GESTION DES RESEAUX ELECTRIQUES
par Alain Doulet
EDF GDF Services,
Délégation
Réseaux Electricité
Gérer un réseau de grande
taille comme un réseau électrique à l’échelle
d'un pays suppose de disposer d'outils d'aide à la décision
conduisant à un juste compromis entre le coût de l'électricité
et l'ampleur de la gêne que peut ressentir le client lorsque l'électricité
vient à manquer. Le concept d’énergie non distribuée
(END) a constitué jusqu’à présent un outil efficace,
dans une approche macro-économique,
chaque fois qu'EDF a été
confrontée à la construction de programmes d'amélioration
de la qualité de fourniture sous contrainte financière
L'IMPORTANCE DE LA QUALITE DE SERVICE DANS LA FOURNITURE D'ELECTRICITE
par Claude Trink
Ingénieur en chef
des Mines
Face à l’approche technicienne de
l’examen des conditions nécessaires à une absence de défaillance
dans la fourniture d’électricité, une autre approche d’organisation
des rapports entre les fournisseurs de services collectifs et leurs clients
vise à s’intéresser, non aux moyens mis en œuvre, mais au
produit livré. Cette approche « qualité de service
» définit les règles du jeu qui, d’elles-mêmes,
orientent le comportement des acteurs vers la poursuite de l’objectif jugé
socialement désirable.
LES TEMPETES DE 1999 : ENSEIGNEMENTS POUR LES ASSURES ET LES ASSUREURS
par Guillaume Rosenwald
Directeur des risques
de particuliers,
Fédération
française des sociétés d'assurances
Les tempêtes
sont parfaitement assurables. Toutefois, afin de protéger avec plus
de certitude les assurés lors de tempêtes violentes, le législateur,
qui avait rendu la garantie tempête obligatoire sur l’ensemble des
contrats incendie en 1990, l’a étendue en 2000 sur l’ensemble des
contrats de dommages aux biens. A la différence des autres événements
naturels relevant du régime des catastrophes naturelles, les conditions
de garantie et la détermination de la cotisation sont cependant
laissées à la liberté du marché. Il est donc
extrêmement important pour l’assuré d’être vigilant
sur les conditions de garantie.
RISQUES CLIMATIQUES MAJEURS : QUELLE INDEMNISATION ?
par Anne-Charlotte Taillandier
Consultante
Tempêtes, fortes pluies, crues torrentielles,
montée inexorable du niveau des rivières… ces événements
climatiques se sont multipliés ces dernières années.
Face à ces risques majeurs, s’interroger sur l’efficacité
des mécanismes d’indemnisation et sur la vérité des
coûts de transfert, est une démarche délicate mais
nécessaire, que les membres de l’AMRAE (Association pour le management
des risques et des assurances de l’entreprise), réunis en atelier,
ont entrepris le 31 janvier 2002 à Lille : cherchant à réduire
l’exposition aux risques des entreprises, ils doivent faire face actuellement
à de dures conditions de souscription et souhaitent être créatifs.
LA SNCF ET LES TEMPETES DE DECEMBRE 1999
par Geneviève Aubry
Chargé de mission
crise,
Direction de la communication
SNCF
Aucun accident à déplorer,
aucune victime. Cinq jours pour remettre en état les 2/3 du réseau
ferroviaire français. Plus de 80 % du trafic marchandises acheminé
dès le 30 décembre et un service quasi normal rétabli
pour les voyageurs dès le 31. Six millions de personnes transportées
et tous les vacanciers acheminés à bon port. Mais les journaux
télévisés ne montrent que des clients mécontents
dans les gares… Les cheminots mobilisés jour et nuit pour faire
face aux conséquences des tempêtes s’interrogent : «
Pourquoi cette attitude des médias alors que nous avons pris en
charge tous les voyageurs et rétabli la circulation des trains dans
un temps record ? »
LES DISPOSITIFS DE SECOURS ET D'INTERVENTION
MIS EN OEUVRE
PAR LA SECURITE CIVILE FACE AUX EVENEMENTS
DE CRISE
par Raymond Yeddou
Direction de la Défense
et de la Sécurité civile,
Sous-direction de l'organisation
des secours et de la coopération civilo-militaire
Les dommages causés par les intempéries
de décembre 1999 ont démontré la nécessité
de disposer d’une réserve nationale de dispositifs de secours et
d’intervention. Le centre opérationnel de gestion interministérielle
des crises, à la Direction de la défense et de la Sécurité
civile, est apparu comme la structure pertinente pour assurer la coordination
des différents acteurs impliqués dans la gestion d’une crise
majeure. L’étendue et l’intensité des événements
ont cependant montré que des améliorations peuvent encore
être
apportées au système afin de minimiser les délais
de mise en œuvre opérationnelle.
LES TEMPETES ET FORETS : PERTURBATIONS, CATASTROPHES OU OPPORTUNITES ?
par Yves Birot
Ingénieur général
du Génie Rural,
des Eaux et des Forêts,
Directeur de recherches
à l'INRA
Les tempêtes de 1999 ont profondément
affecté le secteur forestier et rien ne sera plus tout à
fait comme avant. Dans les régions fortement touchées, des
trous de production sont attendus dans les années à venir
et de manière durable, des paysages de guerre mettront du temps
à se refaire une beauté. Mais en provoquant des réflexions
sur les grands enjeux forestiers et sur les modes de gestion, la crise
a aussi été l’occasion d’engager des réformes de fond.
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