LES ANNALES DES MINES - REALITES INDUSTRIELLES - AOÛT 1998
La politique énergétique française au XXe siècle |
par François Baratin
La politique énergétique de la France au XXe
siècle : une construction historique Par Alain Beltran Directeur de recherche au CNRS, Institut d’histoire du temps
présent La France a construit sur le plan énergétique
une politique originale, remarquable par son homogénéité
et son ampleur, qui n’a été rendue possible que par le biais d’une
volonté de continuité, un ferme dirigisme et des structures de
décision tout à fait adaptées à ce type d’orientation.
Depuis une quinzaine d’années, toutefois, le modèle français
connaît des signes d’infléchissement notables et, même, des
remises en cause profondes. Du déclin au renouveau : l’énergie gazière
en France au XXe siècle Par Jean-Pierre Williot Maître de conférence à l’Université
d’Artois Au contraire du gaz manufacturé, décrit en termes
souvent péjoratifs, le gaz naturel profite en cette fin de XXe
siècle d'une image propre d'énergie souple, associée au
confort et garante de l'environnement. De l'un à l'autre, une profonde
mutation technologique a transformé le marché gazier. Si l'on
peut s'accorder sur la rupture, évoquer le déclin du premier et
le renouveau du second, il faut replacer la comparaison en perspective :
elle démontre une vitalité plus ancienne qu'on ne le croit généralement. Pétrole et diplomatie française (1919-1945) Par André Nouschi Professeur à l’Université de Nice Entre 1919 et 1945, la France dont les gouvernements n’ont
cessé de soutenir les dirigeants de la Compagnie française des
pétroles, a dû se battre pour acquérir une place dans le
monde fermé du pétrole international. D’abord contre les Anglais,
après l’accord de San Remo, en avril 1920 ; ensuite, et surtout,
contre les Américains qui n’hésitèrent pas - avec l’aide
des Britanniques - à ignorer les accords de l’été 1928
concernant "la ligne rouge", afin de mettre la main sur le pétrole saoudien
qui leur assurait la prépondérance mondiale en matière
pétrolière. Légendes d’un siècle : cent ans de politique
hydroélectrique française Denis Varaschin ENTPE Dans une France où la production de combustibles fossiles
et miniers est traditionnellement insuffisante, mal répartie et chère,
la houille blanche des montagnes, verte des plaines et bleue des mers, dont
le pays dispose n'a pas tardé à apparaître comme une solution
à son handicap énergétique. Les premiers pas de l'hydroélectricité
se firent dans un cadre privé (1) mais l'État n'entendit
pas rester absent du secteur. Quelques incursions dans le passé, d'une
fin de siècle à l'autre, éclairent les motivations des
pouvoirs publics face à l'hydroélectricité. Derrière
les arguments avancés et les mythes depuis entretenus, quels sens attribuer
à cette histoire? Vivre ou survivre : la place du charbon dans l’énergie
en France (1900-1980) Olivier Kourchid Directeur de recherche, CNRS Unité Georges Friedmann et Université Paris I Institut des sciences sociales du travail Au début du siècle, le charbon était indispensable
au développement industriel. Compte tenu de ses ambitions, la France
en avait trop peu sur son territoire pour ne pas être très dépendante
de ses puissants voisins. Améliorer la gestion des exploitations et des
approvisionnements a constitué une préoccupation majeure de l’Etat.
Ce dernier, tenté par une approche libérale, est devenu de plus
en plus interventionniste au fur et à mesure que les contraintes devenaient
plus fortes. L'électricité nucléaire, une réalité
du vingtième... et du vingt-et-unième siècles Par Rémy Carle Ancien directeur général adjoint, EDF En un siècle, l’énergie nucléaire est
passée du laboratoire au stade industriel et représente aujourd’hui
16 % de l’électricité mondiale. La conjonction de 80 %
d’électricité nucléaire et de 20 % d’hydroélectricité
assure à la France une électricité nationale à l’abri
des risques du marché : c’est le résultat d’une politique
énergétique déterminée depuis les années
70. Le ralentissement économique, observé depuis deux décennies,
a stoppé un peu partout les investissements énergétiques,
aussi faut-il mettre à profit ce temps pour préparer le renouvellement
des parcs de production d’électricité, qui devrait démarrer
vers 2010 : le nucléaire doit être au rendez-vous. Coup d’œil à l’intensité énergétique
depuis 1960 Richard Lavergne Secrétaire général de l’Observatoire de
l’énergie L’intensité énergétique est un indicateur
fréquemment utilisé par les économistes de l’énergie
pour évaluer la propension d’un pays à gaspiller ou économiser
l’énergie et, donc, à émettre plus ou moins de gaz à
effet de serre. Si son niveau d’agrégation permet d’analyser des évolutions
sur longue période, un usage plus fin nécessite des précautions.
La baisse de l’intensité énergétique constatée sur
longue période est-elle durable ? Quels sont les déterminants
de cette baisse ? Quel est l’effet des politiques énergétiques ?