LES ANNALES DES MINES – GERER ET COMPRENDRE N°55 MARS 1999
INTRODUCTION |
Par Francis PAVE
Centre de Sociologie des Organisations – CSO
" Quand je lis Proust ou Mauriac, je ne crois pas qu’ils évoquent le temps où mon père était enfant. Son cadre à lui, c’est le Moyen-Âge ".
Annie ERNAUX, La place
BILAN D’AVANT CRISE |
L’ACCUEIL DES INVESTISSEMENTS ETRANGERS EN CHINE
Secrétariat d’état à l’industrie
Dès l’origine de l’ouverture, en 1979, les responsables chinois en ont défini des priorités, axées sur le développement et assorties d’orientations géographiques et sectorielles spécifiques.
L’apport de capitaux étrangers, pourtant longtemps décrié, est apparu indispensable au vu des bénéfices que pouvait en tirer la Chine qui est désormais une terre d’accueil privilégiée pour l’investissement direct étranger.
Mais comment les Chinois les accueillent-ils ?
* Cet article, reproduit ici en version réduite, est extrait d’une étude du Secrétariat d’état à l’Industrie sur l’investissement direct en Chine. Il a été publié in extenso dans les " Notes bleues de Bercy ", revue bimensuelle d’information du Ministère de l’économie, des Finances et de l’Industrie, n°126 de janvier 1998.
L’EVEIL DU MARCHE |
LA CHINE ACTUELLE ET LE MARCHé
L’émergence des PME familiales dans la dynamique de développement économique
Par Li YOUMEI
Université de Shangai – Centre de sociologie des organisations – CSO
et Francis PAVE
Ecole Polytechnique – CSO
Pour le sens commun, l’essor économique de la Chine actuelle est lié avant tout aux contrats avec les grandes entreprises capitalistes et aux transferts de technologie.
Les auteurs, au contraire, se sont intéressés de très près au développement local prodigieux des petites et moyennes entreprises familiales ou villageoises dans deux régions du Sud-Est.
Comment ce développement a-t-il été possible ?
A quels débats politiques a-t-il donné lieu ?
Sur quels fondements sociaux ces entreprises se sont-elles appuyées en l’absence de toute régulation juridique des transactions privées ?
Pour répondre à ces questions, les auteurs s’appuient sur une enquête de terrain approfondie que l’un d’eux a effectuée récemment.
Par Yu SHUO
Université de Paris X – Nanterre
Un certain Li Hongzhang, au XIXe siècle, a créé une entreprise de navigation commerciale à Shangai. A la fin du XXe siècle, Yuan Geng, dans le petit village de shekou, fonde une zone économique nouvelle : deux petits effets qui ont changé l’histoire d’un empire. Ce développement est bien conforme aux observations de Poincaré qui notait que, de la circularité de micro-changements pouvait surgir une amplification majeure et de nouvelles dynamiques.
Correspondances de M. de *** à son commanditaire
Par M. de ***
Monsieur de *** est un Français d’origine chinoise qui, en 1986, a été missionné en Chine par un groupe international en vue d’y faire du marketing.
Sa pratique du mandarin était alors plus scolaire qu’opérationnelle. Il a entretenu avec ses commanditaires une correspondance dont il nous a confié quelques morceaux… de choix !
Depuis treize ans, la Chine a, certes, beaucoup évolué, mais ces quelques instantanés, un peu jaunis, d’une époque pionnière ont gardé un parfum d’une étrange actualité.
ALTERITES CROISEES |
Par Jean-Pierre MULLER
BNP – Shangai representative office
Un des charmes de l’expatriation, c’est la découverte des autres, de leur culture, de leurs coutumes et, aussi, de… leur administration.
La découverte de celle-ci commence souvent à la douane, elle se prolonge avec les postes et télécommunications, elle s’approfondit parfois avec la police, même s’il est souhaitable de s’en dispenser.
Mais là où ça devient passionnant, c’est quand on décide de rester et qu’on se lance dans la quête du Saint-Graal administratif : la carte de séjour.
DE LA DIFFICULTÉ D’ÊTRE UN PATRON CHINOIS A PARIS
Le canard laqué
Les affaires en Chine ? Des interlocuteurs impénétrables, une culture étrange, une administration tentaculaire, des tracasseries sans fin !
Qu’il est donc difficile d’être un homme d’affaires français en chine !
Peut-être… Mais quand on est Chinois et qu’on veut faire des affaires en France, qu’est-ce qui se passe ? Notre administration, nos lois, notre droit du travail, nos coutumes sont-ils si limpides ?
Et comment peut-on être Chinois, chez nous ?
Le Canard laqué nous a autorisés à reprendre un de ses articles sur la joie des formalités en France.
OPACITES INSTITUTIONNELLES |
LES COMPTES FANTASTIQUES DE LA CHINE
Par Jean-Claude CHESNAIS
Directeur de recherches – INED
Comme tout système complexe, l’administration statistique a besoin de sécurité et de stabilité. Là où le chiffre n’est pas respecté, là où il est soumis à la commande politique, là où celui qui le produit craint pour son avenir, il reflète moins la réalité que l’image que l’on veut en donner. Comme tout régime de parti unique d’inspiration communiste, la Chine souffre donc de l’absence d’une tradition statistique moderne, les secousses politiques ayant très tôt conduit à la disparition de son office central de statistique.
Les statistiques chinoises, quelle qu’en soit la nature, sont donc à utiliser avec la plus grande précaution car elles font apparaître des contradictions, des incohérences et des invraisemblances importantes.
UNE JUSTICE AU SERVICE D’UN PARTI : L’ANOMALIE CHINOISE
La très longue marche vers l’Etat de droit
Par Marie HOLZMAN
Ecrivain sinologue – Universités de Paris III et Paris VII
La Chine étant de plus en plus associée à la communauté internationale, nombreux sont ses partenaires qui souhaiteraient la voir adopter un comportement juridique plus conforme aux mœurs internationales.
Or il faut bien reconnaître qu’elle en est encore très loin.
Divers programmes d’échanges juridiques tentent bien d’élever le niveau de la légalité en Chine dans tous les domaines ; des experts s’efforcent d’obtenir de ses dirigeants quelques accords sur des conditions élémentaires. Mais personne ne s’attend à ce que les progrès soient très rapides, des réticences diverses s’élevant à tous les échelons du pouvoir.
Ce sera donc probablement la mission du régime qui succédera à celui de la République populaire que de réconcilier, en Chine continentale les notions de légalité et de légitimité.
LA NOTION DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN CHINE
Par Nicolas OCCIS
Polytechnicien, promotion X95
La Chine est notoirement connue pour les multiples violations de la propriété intellectuelle constatées sur son territoire.
Malgré l’arsenal législatif créé par les autorités sur la base des lois européennes et américaines, la notion de propriété intellectuelle reste mal assimilée par le plus grand nombre car ses principes sont fondamentalement nouveaux.
Mais l’éducation d’un pays aussi vaste, nécessite beaucoup de temps et d’argent. Plus vite la Chine se développera, plus vite la notion sera comprise.
LES RÉFORMES DE L’ENTREPRISE D’ETAT CHINOISE
Un changement radical de la société urbaine ?
Par Corinne EYRAUD
Université de Provence, LAMES
La chine est entrée, depuis la fin des années 70, dans une période de réformes économiques touchant, d’une part au monde agricole et, d’autre part, à l’économie urbaine industrielle. Le moteur des premières est la décollectivisation des terres et le retour à l’exploitation individuelle.
Au cœur des secondes se trouve l’entreprise d’Etat chinoise.
Toutes deux ont des implications sociologiques de grande ampleur.
C’est à l’économie industrielle et à la société urbaine, donc à l’entreprise d’Etat, que l’auteur s’est intéressé, au long d’une recherche menée dans le cadre d’une thèse de sociologie portant sur les transformations de cette forme sociale pendant ces vingt années de réformes.
L’ETRANGETE VECUE |
LA VIE A WUHAN : MODE D’EMPLOI
Entretien avec Daniel et Christine Roffin
Par Françoise CHEVALIER
HEC
et Francis PAVE
Centre de Sociologie des Organisations
Daniel Roffin est ingénieur chez Citroën. Il est parti vivre à Wuhan avec son épouse, Christine, et leurs trois enfants, Kévin, Vincent et Arthur, de septembre 1994 à septembre 1997.
En Chine, il avait pour mission de contribuer à la mise en place d’une usine de construction automobile réalisée dans le cadre d’une joint-venture.
Monsieur et Madame Roffin ont bien voulu nous livrer leur expérience et nous faire part de leurs souvenirs.
Entretien avec M.***** et son assistant
Mené par Françoise CHEVALIER
HEC
et Francis PAVÉ
Centre de Sociologie des Organisations
Négocier n’est jamais simple.
Négocier à l’étranger et dans une langue qu’on ne maîtrise pas ou mal, l’est sans conteste encore moins : il faut identifier ses interlocuteurs et apprécier leur pouvoir réel, contrôler la traduction et s’imprégner des us et coutumes locaux.
Si, de plus, tout ceci se passe en Chine, l’exotisme de la situation risque de faire perdre de vue, qu’au-delà des clichés mille fois rebattus, c’est en écoutant l’autre, fondamentalement, qu’on mène à bien une négociation.
BILAN D’APRES CRISE |
SHANGHAI, 1992-1997
Réflexions sur six années de développement économique en Chine
Par Jean-Yves BAJON
Ancien Conseiller Commercial près du Consulat Général de France à Shangai (1996-1998)
Service économique et commercial – Ambassade de France à Singapour
Après quarante ans d’expiation, la ville de Shangai est redevenue le phare du développement économique chinois. La ville a pour elle une tradition d’ouverture sur l’étranger et l’expérience d’un siècle de coopération avec l’Occident. Les élites shanghaiennes des années 80, aujourd’hui aux plus hautes fonctions du pays, ont ainsi pu bâtir les fondements de l’industrie, du commerce et de la finance de la Chine nouvelle. Mais le temps des investissements étrangers tous azimuts et des grands projets d’infrastructures semble désormais révolu.
Si l’époque qui s’amorce marque le retour à plus de réalisme et l’amorce d’un mouvement de consolidation, elle pose aussi la question de la réversibilité des réformes et d’un éventuel durcissement des conditions d’opération en Chine.
MOSAÏQUE |
LA MAÎTRISE TECHNOLOGIQUE DES GRANDS PROJETS
A propos du livre de Robert Bell, " Les péchés capitaux de la haute technologie "
Editions du Seuil, Paris, 1998
Par Hugues MOLET
Centre de Gestion Scientifique, Ecole des Mines de Paris
AU CŒUR DE LA GESTION DU TRAVAIL
A propos du livre de Francis Ginsbourger, " La gestion contre l’entreprise – Réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur "
Editions la Découverte, 1998, Collection Cahiers libres / Essais
Par Daniel FIXARI
Centre de Gestion Scientifique, Ecole des Mines de Paris
NéOTAYLORISME ET PRécarisation DU TRAVAIL
A propos de l’ouvrage de Guillaume Duval : " L’entreprise efficace à l’heure de Swatch et McDonald’s.
La seconde vie du taylorisme ".
Editions Syros, collection Alternatives économiques, Paris, 1998
Par Claude ROCHE
France TELECOM
L’INNOVATION MANAGÉRIALE : DU DÉFI AU SUCCÈS
A propos du livre d’Olivier du Roy et Christian Mahieu : " L’Usine qui n’existait pas : Aluminium Dunkerque, projet d’organisation nouvelle "
Les Editions d’Organisation, Paris, 1997
Par Vincent CALVEZ
CRG Ecole Polytechnique
Et Alain GUENETTE
HEC-Lausanne