LES ANNALES DES MINES – GERER ET COMPRENDRE N°54 DECEMBRE 1998
TEMOIGNAGE |
Entretien avec Michel Drancourt
Par Bernard COLASSE
Université de Paris-Dauphine
et Francis PAVE
Centre de Sociologie des Organisations
Journaliste, commissaire du gouvernement, dirigeant d’entreprise, consultant, le parcours de Michel Drancourt ne laisse pas de surprendre. Et pourtant, derrière ces rôles si différents, une même passion, celle qu’il porte à l’entreprise : une entreprise moderne, dégagée des pesanteurs et du dirigisme de l’après-guerre, ouverte sur des réalités économiques et sociales en pleine évolution, irriguée par les innovations managériales nées outre-Atlantique. Et, par dessus tout, une volonté de convaincre et de former, par l’écriture et par l’action, jamais démentie depuis l’invention d’" Entreprise " et à nouveau affirmée dans ses récentes " Leçons d’histoire de l’entreprise, de l’Antiquité à nos jours ".
REALITES MECONNUES |
LE MANAGEMENT DE L’INNOVATION DANS L’INDUSTRIE DU SPORT
Variation autour du cas Salomon
Par Michel DESBORDES
Bureau d’économie théorique et appliquée – Université Louis Pasteur Strasbourg
L’industrie du sport n’a jamais été un terrain d’investigation pour les sciences de gestion. Pourtant, certaines spécificités et contraintes rendent ses produits complexes et induisent des comportements innovateurs. Cet article isole, à travers une étude de cas portant sur la conception et le développement du ski Salomon, les points clés du management de l’innovation dans ce secteur et les confronte à quatre autres cas d’innovations dans les secteurs du cycle et du nautisme. Face à des entreprises et des projets aussi divers, quelle est donc alors l’influence de leur taille ou de la durée du processus d’innovation ?
Gérez le paradoxe de vos laboratoires
Par Isabelle BOUTY
Université de Paris X-Nanterre – UFR SEGMI
Les membres des laboratoires de recherche et développement d’entreprises différentes s’échangent régulièrement informations et services. Ces échanges informels sont nécessaires à l’avancement des projets et donc essentiels pour les firmes. Ils présentent aussi le risque de fuites d’informations stratégiques et sont donc dangereux. Comment gérer ces échanges pour en tirer le meilleur et en limiter les risques ?
Le présent article détaille les facteurs principaux de la décision d’échange et propose des clefs pour le développement de politiques organisationnelles.
L’EPREUVE DES FAITS |
LA CAPITALISATION ATIVE DES CONNAISSANCES
Principes, contextes et obstacles
Par Marie-Pierre BES
LIRHE-CNRS & Université de Toulouse III
Lorsque les entreprises se posent la question de la capitalisation des connaissances, qui se décline aussi sous les vocables " mémoire d’entreprise, retours d’expérience, management de la technologie, bases de données techniques ", l’objectif visé est toujours celui de la réduction des coûts de production ou de conception. Cependant, les projets de capitalisation des connaissances rencontrent de nombreux obstacles, pour de multiples raisons qui tiennent autant à la surévaluation des systèmes de gestion informatisée des données qu’à la difficile prise en compte des contextes productifs et de la dimension collective du travail.
LES PARADOXES DE LA REDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL DES CADRES
Une analyse empirique
Par Christine GAVINI
Maître de conférences à l’Université d’Orléans
Conseiller scientifique au Commissariat Général du Plan
Dans les entreprises, les cadres constituent le groupe dont l’adhésion semble la plus stratégique pour la réussite des projets de réduction du temps de travail.
Mais ils composent également la catégorie la plus réticente à l’égard de la RTT, leur identité et les modalités de leur travail semblant menacées par les nouveaux objectifs, perçus comme contradictoires, imposés par les directions. A travers l’étude de leurs préoccupations au sein d’une grande entreprise, cet article conduit à évaluer la pertinence de certains outils de mesure et d’analyse utilisés dans les démarche de mise en place de la RTT.
MOSAÏQUE |
QUAND L’ETAT DOIT-IL REMÉDIER AUX DÉFAILLANCES DU MARCHÉ ?
A propos du livre de François Lévèque " L’économie de la réglementation "
Editions la Découverte, Paris, 1998
Par Franck AGGERI
Centre de Gestion Scientifique, Ecole des Mines de Paris
PENSER LA RÉGULATION ET SON ÉVALUATION
A propos de l’ouvrage dirigé par Alain Jeunemaître " Financial Markets Regulation, a Practioner’s Perspective ", Macmillan, 1997,
Et de l’ouvrage d’Hervé Dumez, Alain Jeunemaître " Evaluer l’action publique, Régulation des marchés financiers et modèle du mandat "
L’Harmattan, coll. Logiques Politiques, 1998
Par Bertrand NICOLAS
GIP Mutations Industrielles
LA NATURE MÊME DE LA COMPÉTITION EST RÉDUIRE LA COMPÉTITION
A propos du livre de Michel Callon " The laws of the Markets ", Blackwell Publishers
The sociological review, Oxford, 1988
Par Hamid OUAHIOUNE
Centre de Recherche en Gestion, Ecole Polytechnique
HARO SUR LA SOCIOLOGIE DE LA PENSEE ZERO
A propos du livre d’Emmanuel Todd " L’illusion économique ".
Essai sur la stagnation des sociétés développées
Editions Gallimard, 1998
Par Claude RIVELINE
Ecole des Mines de Paris
DEBAT |
Nouvel espace, nouvelles stratégies
Par Max-Paul SEBAG
Président directeur général E-value
L’euro ne peut se résoudre à une question de pure technique monétaire : face à l’échéance du 1er janvier 1999, c’est aussi et surtout une question stratégique, obligeant les entreprises à revoir, au-delà de leur comptabilité, l’ensemble de leurs activités commerciales dans un espace économique européen redessiné.
Un récent colloque, organisé par le Club des Annales des Mines réunissait des représentants du monde des entreprises et des banquiers autour d’une question cruciale : à quelles règles du jeu la concurrence, ainsi élargie, devra-t-elle répondre afin que nul ne pâtisse de la naissance de ce géant économique que sera l’Union européenne ?
EN QUÊTE DE THEORIES |
Ou l’homme économique moderne entre marketing et normalisation des produits
Par Franck COCHOY
Chargé de recherches au CNRS – Université Toulouse II/CERTOP, UPRESA
Comment choisir entre deux produits similaires ?
Ce problème – dit de l’âne de Buridan – intéresse non seulement le consommateur, mais surtout tous ceux qui se font fort d’aider le consommateur dans son choix. Les uns différencient le produit par la marque, les autres par la norme et la certification.
Mais avec la multiplication des solutions, le problème refait surface : entre deux dispositifs semblables de " prêt-à-choisir ", comment se décider ?
L’auteur prend appui sur les transformations historiques de ce jeu sans fin pour éclairer la dynamique générale de l’économie de marché.