Fils de Philippe Jacques FUCHS, négociant à Strasbourg, et de Madeleine Sophie ERNST.
Il épouse Henriette LEDOUX (9/7/1863), soeur de son camarade de promotion Charles LEDOUX. Père de Noémi (épouse de Piere LALO), Paul, Elisabeth, Gabrielle (épouse de Paul LERCH).
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1856, sorti classé 2ème), et de l'Ecole des mines de Paris. corps des mines (sorti classé 2ème de l'Ecole des mines le 25/6/1861).
De 1862 à 1879, il est professeur à l'Ecole des mines, chargé du cours préparatoire de géométrie descriptive et de celui de topographie souterraine. A partir de 1879 et jusqu'à son décès le 7 août 1889, il est titulaire de la chaire de géologie appliquée à l'Ecole des mines.
Biographie de Fuchs, publiée dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III
Né à Strasbourg le 1er avril 1837, mort à Paris le 7 septembre 1889. Promotion 1856 de Polytechnique. Il n'a pas quitté l'Ecole des Mines de Paris où, dès son début dans le Service, il a professé la Topographie et l'un des cours préparatoires pour les élèves externes; il a créé, en 1879, et gardé jusqu'à sa mort l'enseignement de la Géologie appliquée. Fuchs est également resté attaché jusqu'à sa fin au Service de la Carte géologique détaillée, où il était entré à la création provisoire de ce Service en 1865. Le Gouvernement lui donna, à deux reprises, d'importantes missions : en Tunisie, en 1873 et 1874; au Tonkin, dans l'Annam et au Cambodge, en 1881-1882. Outre divers Mémoires insérés principalement dans les Annales des Mines, il a publié, en collaboration avec son camarade, M. Cumenge, une importante monographie sur l'Or dans l'Encyclopédie de M. Fremy.
Fuchs eut à remplir douze ans après Dubois, en 1873, et continua en 1874, une intervention technique en Tunisie.
Fuchs avait été plus spécialement chargé d'étudier les gîtes minéraux de la Régence, et notamment les minerais de fer de Tabarka et les mines de plomb de la Medjerda et du Djebel Reças. C'est au cours de sa seconde mission, en 1874, qu'opérant avec les seules ressources du baromètre, il reconnut que le seuil de Gabès, dont il observa du reste les grès et calcaires en couches nettement incliné es, s'élevait à 50m ou 55m au-dessus de la Méditerranée, et que l'extrémité orientale des Chotts était encore à 20m ou 25m au-dessus de cette mer. Par là, il rendit le service de résoudre cette question de la mer intérieure, qui avait pris une si grande importance et soulevé dans le public de si graves illusions par suite d'erreurs commises par des géographes et des ingénieurs, non sans mérite, qu'une haute personnalité, alors encore toute-puissante par son succès à Suez, avait pris sous sa protection. Les missions temporaires de Fuchs amenèrent la création, à Tunis, d'un Service technique permanent confié à un Ingénieur des Mines [Ces fonctions ont été remplies, de 1876 à 1878, par M. Genreau (promotion de 1859 de Polytechnique) et, depuis 1878, par M. Grand (promotion de 1870 de Polytechnique) qui, après le Protectorat, est resté Directeur général des Travaux publics jusqu'en 1886]. Ce Service ne resta pas confiné aux affaires de mines ; l'Ingénieur en mission devint le conseil technique et le Directeur des Travaux publics de la Régence jusqu'à l'organisation du Protectorat en 1881. Depuis, le Service des Mines a repris, dans la Tunisie, ses attributions normales. En 1892, M. l'Ingénieur Aubert (promotion de 1879) a publié la carte géologique du pays, à l'échelle de 1/800 000 avec texte explicatif ; c'est le résultat de cinq années de courses dans une contrée qui n'était pas alors accessible comme elle l'est aujourd'hui, grâce à notre administration.
Fuchs, dont les voyages avaient ainsi précédé notre Protectorat en Tunisie, était naturellement indiqué pour la mission, qu'il reçut, en 1881, d'aller étudier les ressources minérales de cet autre Protectorat que nous venions de créer en Annam et au Tonkin. Il en rapporta une étude du bassin houiller de Hong-Gay et Kébao, dont il fit ressortir la très grande importance ; ses indications réduisaient, d'autre part, à leur juste valeur les légendes déjà créées sur l'or des alluvions, dont il établissait l'inexploitabilité. Il rapportait enfin une première esquisse de la constitution géologique de ces régions.
Résumé de la carrière d'Edmond FUCHS
1862 : Adjoint à Béguyer de Chancourtois pour le rangement des collections
Crée une collection de gîtes minéraux
1862-1879 Ecole des mines : professeur de géométrie descriptive et de topographie souterraine.
1868 Travaux à la carte géologique de la France ; travaille comme conseil des affaires étrangères aux mines des pays de Protectorat.
1869 Chevalier de la Légion d'honneur
1870 : Expertises au Chili
1870-1888 Nombreuses missions exploratoires en métallogénie : Suède, Russie, Galicie, Tunisie, Colorado, Tonkin.
1871 Officier de la Légion d'honneur, pour faits de guerre dans la bataille du Mans
1879 Conservateur adjoint de la collection de statistiques départementales
1881 Expertise de gisements houilliers en Cochinchine
1879-1889 Ecole des mines : crée le cours d'agriculture et de géologie technique
1884-1889 Membre de commissions concernant le régime minier du Tonkin, Annam.
1885 Membre du jury français, Exposition universelle d'Anvers
Publié dans Annales des Mines, 8e série, vol. 16, 1889.
Messieurs,
Un grand malheur nous rassemble, et nos âmes sont pleines de tristesse. L'Ecole des Mines perd un professeur d'un rare mérite, et l'un des plus aimés ; une famille touchante se voit enlever son chef dans des conditions navrantes ; chacun de nous vient dire un dernier adieu à l'ami au coeur chaud, avec lequel les relations étaient charmantes, et dont le caractère inspirait l'estime et l'affection.
Philippe-Jacques-Edmond Fuchs est né à Strasbourg, le 1er août 1837. L'École Polytechnique lui a ouvert ses Portes en 1856, et l'École des Mines le 1er novembre 1858. Dès son début, il fut remarqué comme un ingénieur d'un grand avenir.
En 1862, presque au moment où il cessait d'être élève, il rentrait comme professeur de géométrie descriptive dans cette École des mines qu'il ne devait plus quitter.
De ce moment jusqu'à 1883, il y a été chargé également des leçons de topographie. En 1879, il prit place parmi les professeurs des cours spéciaux. En vue d'utiliser sa science profonde, le Conseil de l'Ecole avait pris auprès de M. le ministre des travaux publics l'initiative de la transformation du cours d'agriculture , qui est devenu entre les mains de Fuchs le cours de géologie appliquée. Cet enseignement a donc été créé par lui, honneur qui est dévolu à bien peu de professeurs. Il a en même temps entrepris, à l'appui de ses leçons, de doter l'École d'une collection des gîtes minéraux, qui constitue pour ses galeries une richesse nouvelle.
Notre camarade présentait pour ce nouveau poste des qualités exceptionnelles. Son ardeur infatigable, son tempérament de fer l'ont en effet, pendant toute sa vie, porté à entreprendre des voyages dont le nombre et l'étendue effraient l'imagination : en Suède, en Russie, en Galicie en Tunisie, au Colorado, dans la Sonora, au Tonkin. Je ne cite que les principaux; et pour un certain nombre de ces contrées lointaines, il y est retourné à plusieurs reprises. Son étonnante pénétration, sa rapidité de conception lui avaient formé un coup d'oeil habile à démêler les conditions si multiples, et parfois si obscures, qui caractérisent les gisements minéraux exploitables, tout comme l'allure des grandes masses de l'écorce terrestre. Fidèle à l'habitude de prendre des notes journalières, il avait ainsi accumulé une énorme quantité de matériaux.
La nouveauté, la grande valeur d'un tel enseignement étaient bien faites pour exciter l'intérêt, et je ne laissais pas de repos à son auteur pour obtenir qu'il publiât enfin ce cours, fruit de tant d'efforts. Hélas! le tourbillon de ses occupations l'a toujours absorbé. Il emporte dans la tombe son érudition. Messieurs, c'est un deuil pour la science !
Les honneurs n'avaient pas trahi son mérite. Le 16 juillet 1881, il était nommé ingénieur en chef des mines, et le 1er juillet 1885, ingénieur en chef de première classe. En dehors de l'École, il a joué un rôle important dans le service de la carte géologique détaillée de la France, l'un des plus considérables du Corps des mines. De son côté. M. le ministre des colonies se l'était attaché avec le titre d'ingénieur conseil des mines des pays de protectorat.
Une distinction exceptionnelle lui a encore été décernée. Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1867 pour son utile participation à l'organisation de l'Exposition universelle de cette même année sous les ordres de Le Play, il reçut en 1870 la croix d'officier pour faits de guerre, comme s'étant distingué par son courage et son sang-froid à la bataille du Mans, en qualité de chef du génie auxiliaire du seizième corps commandé par l'amiral Jauréguiberry. En cherchant dans mes souvenirs, je ne retrouve pas pour le Corps des mines d'autre exemple d'une aussi jeune croix d'officier. Il n'avait alors que trente-trois ans.
Plus tard encore, il a refait connaissance avec le feu de l'ennemi , et il a essuyé , sous les murs d'Hanoï , la fusillade des Chinois. Mais ce n'étaient pas les balles des pirates qui devaient l'atteindre dans ce pays d'où il a rapporté la mort. Epargné par le climat lors de ce premier voyage, auquel est due la découverte d'une partie des richesses minérales du Tonkin, il devait plus tard contracter dans les eaux malsaines de ses rizières, mises en contact avec une blessure de la jambe, une sorte d'empoisonnement du sang, sous l'influence duquel nous l'avons vu lentement décliner, jusqu'à la catastrophe soudaine qui nous l'enlève aujourd'hui.
Dans le cours d'une carrière aussi militante, sa plume ne restait pas inactive. Son premier travail sur le gîte Stassfurt avait été de suite remarqué et inséré dans les Anales des mines. Ce recueil, ainsi que le Bulletin de la Société géologique et celui de la Société de géographie contiennent un grand nombre de ses mémoires. On peut voir à l'Exposition universelle, à côté de la belle carte des gîtes minéraux de la France qui a été établie sous sa direction, une bibliothèque dans laquelle un gros volume est formé par la réunion d'une partie seulement de ses brochures, celles qui n'étaient pas épuisées, et deux autres renferment un traité sur l'or, entrepris par lui en collaboration avec le compagnon de ses travaux M. Cumenge.
Peu de personnes savent peut-être qu'écrivain scientifique et technique aussi distingué, Edmond Fuchs était en même temps un poète charmant. Il réservait pour un cercle intime d'excellentes productions, pleines de fraîcheur et de jeunesse. De jeunesse, je le dis a dessein, Tout en mûrissant son caractère au contact des événements et des difficultés de ce monde, il a eu le don précieux de rester toujours jeune, plein d'animation et de vie. Il meurt à vingt ans !
La littérature et la science n'étaient pas ses seules amies. La musique le passionnait. Messieurs , nous savons tous quelle rare fortune lui était échue, en trouvant à son foyer le plus beau talent musical. Aujourd'hui la lyre est à terre ! Elle a du moins embelli, reposé, fécondé la forte existence qui venait se retremper à ses accents. Si je touche avec respect à cette pensée, qu'il me soit permis d'ajouter que le charme de l'art a été pourtant le moindre côté du bonheur profond dont une femme si distinguée a entouré celui qui lui est arraché.
Messieurs, que vous dirais-je encore ? Je vous ai parlé avec simplicité d'un homme pour lequel j'avais beaucoup d'estime et une grande affection. Vos coeurs vous disent plus que mes paroles. Remettons avec confiance à Dieu, qu'elle a aimé et servi avec conviction, cette âme qui vient de retourner à son Créateur!
Fuchs était mort subitement d'une congestion pulmonaire.