par François VALÉRIAN
Rédacteur en chef des Annales
des Mines
L’histoire
de la production nucléaire d’électricité est
à peine vieille de trente ans,
mais elle est déjà très complexe, et a
suscité de nombreux débats. Après la
phase d’optimisme technologique, le nucléaire a traversé
une période de doutes,
vers la fin des années 80 et au début des années
90. La peur était forte d’un
nouveau Tchernobyl, auquel aucun pays d’industrie nucléaire
n’aurait pu
résister, tant l’opinion aurait alors été
bouleversée. De plus, l’industrie
nucléaire a commencé à connaître, à
cette époque, des problèmes de
maturité : la perspective du renouvellement des
réacteurs, et la gestion
des déchets radioactifs.
Le
nucléaire profite aujourd’hui d’une embellie mondiale, largement
due à une
perception plus négative des hydrocarbures. La principale
ressource concurrente
de l’atome est en effet de plus en plus associée à
l’effet de serre, aux
menaces de flambée des prix, et aux risques d’interruption des
approvisionnements. Différents pays profitent de cette embellie
pour étudier et
programmer de nouveaux réacteurs, dont on espère qu’ils
produiront moins de
déchets. Ils se projettent même dans la deuxième
moitié de ce siècle, avec un
réacteur international d’étude de la fusion
nucléaire. Ces progrès technologiques
ne seront tangibles que si les opinions sont informées à
la fois de leurs
bienfaits et de leurs limites.