La série Réalités Industrielles publie trimestriellement des dossiers thématiques sur des sujets importants pour le développement industriel et économique. Piloté par un spécialiste du secteur sous l’égide du Comité de rédaction de la série, chaque dossier présente une large gamme de points de vue complémentaires, en faisant appel à des auteurs issus à la fois de l’enseignement et de la recherche, de l’entreprise, de l’administration ainsi que du monde politique et associatif. Voir la gouvernance de la série
la compétitivité de la France peut s’apprécier selon différents critères : solde des échanges de biens et de services, part des exportations françaises de biens dans les exportations totales de biens des pays de la zone euro, parts de marché à l’exportation des services, classements PISA. Les indicateurs correspondant à ces critères fluctuent, au fil des années, autour d’une tendance à la dégradation constante depuis le premier choc pétrolier, qui s’est accélérée, pour certains d’entre eux, au tournant du siècle, avant de ralentir, voire de se stabiliser, depuis que les préoccupations sur l’état de notre économie, qui ont, par exemple, conduit à l’adoption du CICE, se sont amplifiées après 2017.
Au-delà des indicateurs parcellaires et des évolutions de court terme, l’évolution de la compétitivité peut aussi se mesurer à travers son résultat : entre 1975 et aujourd’hui, le PIB français par habitant, donc le niveau de vie des Français, est passé du cinquième rang mondial au vingt-sixième. Franchir certaines frontières de l’hexagone et voir la différence de richesse qui transparaît entre des maisons situées quelques kilomètres avant et d’autres quelques kilomètres après la frontière est parfois suffisant pour en apporter une démonstration frappante.
Août 2021 - Neurotechnologies et innovation responsable
Ce numéro a été coordonné par Françoise ROURE,
Chercheur associé au Laboratoire CETCOPRA, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Présidente de la section Sécurité et Risques du Conseil général de l’Économie
et
Laure TABOUY
Université de Paris Saclay ‒ Espace éthique de l’APHP, Faculté de médecine, ParisDigital & Ethics Biotech, Paris
De nouvelles neurotechnologies se déploient désormais dans un paysage d’innovation où la diffusion du numérique a ouvert sur une véritable transformation civilisationnelle, avec des défis culturels, sociétaux et humains qui font osciller nos contemporains entre craintes et une certaine promesse ou espérance liée à leurs usages. Leur arrivée sur le marché, qu’il s’agisse d’applications médicales ou de nature commerciale, nous font avancer à marche forcée vers ces interrogations sur l’humain et sur le monde que nous désirons esquisser.
Ces neurotechnologies, dont le développement est lié à l’essor des neurosciences – lesquelles sont nées de la convergence des approches moléculaire et cellulaire avec des recherches plus intégrées –, permettent d’observer le cerveau sans l’endommager et de pratiquer certaines interventions avec une grande précision. Elles mettent en jeu la conception que nous nous faisons de nous-mêmes en tant que personnes responsables disposant d’un libre arbitre, et bouleversent la compréhension des comportements quotidiens.
L’OCDE a défini les neurotechnologies comme les dispositifs et les procédures utilisés pour accéder au fonctionnement ou à la structure des systèmes neuronaux de personnes naturelles et permettant de les étudier, de les évaluer, de les modéliser, d’exercer sur eux une surveillance ou d’intervenir sur leur activité (1). Les neurotechnologies sont exceptionnelles du fait de la relation étroite existant entre le cerveau et les capacités cognitives propres à l’identité humaine, l’agentivité (2) en tant que prérequis à toute considération éthique, et de la capacité singulière de la personne humaine de rendre compte, c’est-à-dire d’assumer une responsabilité. L’utilisation des neurotechnologies, couplées ou non à l’IA et au machine learning, et de la neuro-imagerie permet d’acquérir de nouvelles connaissances et d’avoir une vraie portée clinique, en facilitant les diagnostics, en agissant directement sur le cerveau pour le réparer ou en créant de nouveaux circuits de neurones venant prendre le relais des circuits défaillants.
Ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, chargée de l’Insertion
Les conséquences économiques de la crise sanitaire sont différentes selon les secteurs : certains emplois sont menacés, quand d’autres métiers dits « porteurs » ou « en tension » peinent à recruter, notamment dans les services à la personne, le numérique ou la transition écologique.
Face au caractère hétérogène de la crise, les cursus de formation doivent donc s’adapter, y compris les parcours proposés aux jeunes et aux personnes les plus éloignées de l’emploi. Nous devons bâtir des solutions qui répondent aux besoins d’insertion, d’évolution ou de reconversion professionnelle de chacun.
Dans cette politique, les migrants ne doivent pas être oubliés, et c’est l’honneur de notre pays que d’y veiller. Car ils sont aussi une chance pour la France, et le rebond de notre économie sera plus fort avec eux que sans eux ou contre eux.
En partant de l’intelligence collective des territoires, nous construisons le Service public de l’insertion et de l’emploi (SPIE), qui s’adresse aux personnes les plus fragiles, y compris aux migrants. Il s’agit d’éviter le parcours du combattant à toutes les personnes éloignées de l’emploi. L’ambition du SPIE est de donner à chacun les mêmes chances en mettant en oeuvre un droit à l’accompagnement effectif, rapide et pluridisciplinaire, quels que soient le lieu de résidence ou la maîtrise de la langue, pour les étrangers primo-arrivants. Il s’agit d’éviter les ruptures de parcours, grâce notamment à la mise en relation des acteurs (service public de l’emploi, conseils départementaux, CAF, opérateurs et associations…), à l’identification des manques dans l’offre d’insertion, de santé ou de logement, ainsi qu’à la participation des personnes à la définition de leur propre parcours. Il ne s’agit pas d’un énième nouvel organisme ou d’une institution de plus. Notre objectif est de décloisonner les politiques publiques d’insertion et sociales, pour rompre avec les logiques de silos. Le SPIE sera l’une des grandes réalisations du quinquennat ; il est aussi une réponse adaptée pour les étrangers primo-arrivants les plus éloignés de l’emploi, les réfugiés en particulier. Lire la suite
L’immigration est un phénomène mondial et ancien. En France, il a connu au cours de ces dernières années une croissance significative. Mais la multiplicité des procédures et le mode de publication des statistiques rendent difficile la perception de l’ampleur du phénomène. Il est cependant possible de mettre en évidence une structure très déséquilibrée de l’immigration : seule une faible partie des immigrés arrivent pour un motif professionnel ou ont un accès légal au marché du travail.
Depuis 2018, des actions beaucoup plus structurées et des dépenses significatives ont été mises en oeuvre par l’État, les collectivités et les associations pour favoriser l’insertion professionnelle de ceux qui reçoivent finalement le statut de réfugié. Mais le reste des demandeurs d’asile, qui constituent la part majoritaire, se retrouvent sans autorisation légale de séjour et de travailler.
Ni la régularisation ni l’éloignement, tous deux très limités, n’apportent une solution. Il est d’autant plus nécessaire qu’une réflexion nouvelle, une modernisation et une amélioration de l’efficacité des procédures interviennent dans un domaine dont le coût budgétaire (6,5 milliards d’euros en 2019) a crû de 50 % depuis 2012. Lire la suite
Département d’économie, Université Paris 1 ‒ Panthéon-Sorbonne, LabEx ReFi
Où va le modèle économique du Royaume-Uni ? Certaines orientations structurantes du XIXe siècle persistent, comme le choix d’acheter bon marché plutôt que de produire cher, notamment en matière alimentaire. Cette tendance a pu être contredite dans les années d’après-guerre, en particulier par des politiques de soutien aux industries vieillissantes. Mais après des décennies d’errements, le pays initiateur de la révolution industrielle a su redevenir, sous les mandats successifs de Margaret Thatcher, un modèle, certes, mais controversé. Les coûteuses politiques industrielles ont été abandonnées au profit d’un développement concurrentiel se traduisant, d’une part, par l’intégration économique au sein de l’Union européenne (UE) d’industries profondément restructurées et, d’autre part, par l’orientation mondiale d’une économie de services éminemment présente en matière financière, de conseil et d’enseignement supérieur. Pour faire face à une demande soutenue des secteurs en croissance, le Royaume-Uni accueille des immigrants que la hausse des inégalités ne semble pas effrayer. Toutefois, le choix du Brexit menace de compliquer le commerce en général, de désorganiser les chaînes logistiques et les liens capitalistiques de l’industrie et de dégrader la compétitivité des services. Il semble donc évident que le choix du Brexit n’est pas un choix économique : Nicholas Crafts rappelle que les bénéfices de l’intégration européenne sont très largement supérieurs aux coûts. En particulier parce que la participation à l’UE a permis d’attirer des investissements directs étrangers et de stimuler une concurrence que le Royaume-Uni ne savait pas organiser dans son cadre national. Il y a donc fort à parier que sa sortie de l’UE ait à la longue des conséquences adverses. Catherine Mathieu, qui a recensé les différentes études d’impact réalisées, observe que seule une d’entre elles prévoit une croissance consécutive au Brexit grâce à la libération des contraintes réglementaires…, tandis qu’aucun de ces travaux ne se hasarde à esquisser un changement de modèle économique de la future « Grande-Bretagne globale ». Lire la suite