LES ANNALES DES MINES - REALITES INDUSTRIELLES - NOVEMBRE 1998

 

Création et entreprise

Sommaire détaillé


Editorial

par François Baratin

 

A prospective créative, décideur créatif ?

par Michel Matheu

Chef de service au Commissariat général du Plan

La prospective peut-elle être créative ? Sans doute. Nécessairement, même, si elle veut remplir son objet. La prospective créative rend-elle le décideur (public) créatif? Pas à coup sûr : si le décideur public a de bonnes raisons d’apprécier un travail créatif, il est aussi soumis à des pressions qui rendent la créativité difficile. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui, certainement.

 

De la création scientifique à la création industrielle

par Yves Aurelle

Ancien directeur du département de génie des procédés industriels de l’INSA Toulouse

Les performances de la recherche scientifique conditionneront de plus en plus la créativité industrielle et, donc, la compétitivité. C’est pourquoi la revalorisation de la recherche finalisée et des sciences pour l’ingénieur en France est un impératif indispensable à notre avenir économique. Un cas de coopération avec l’Anvar est présenté, ainsi que la création d’INSA-transfert à Toulouse, en même temps que sont décrits des "espaces de transfert".

 

Création et temps de travail : vingt ans de perspectives

par Dominique Tonneau

Ecole des Mines de Paris (CGS)

Le temps de travail fait depuis deux ans un retour remarqué sur l’agenda des responsables d’entreprises. Une loi a été votée, une autre se prépare, des expériences ont eu lieu, dans la continuité des réflexions qui avaient été conduites depuis deux décennies. Quelles opportunités peut-on saisir ? Quels avantages en retirer ? Quelles ressources de créativité mettre en œuvre pour dégager des scénarios les plus favorables aux attentes des uns et des autres ? Enfin, comment créer non seulement des richesses et des produits, mais aussi des emplois ?

 

Organisation et innovation : l’organisation à la française

par Philippe Lorino

Professeur à l’Essec

La notion d’organisation propice à l’innovation a-t-elle un sens ? Un exemple d’organisation à la française éclaire ici le débat général sur cette notion. Il en atteste à tout le moins la pertinence, puisqu’il montre bien que, par certaines de ses caractéristiques, une organisation donnée peut faire obstacle de manière redoutable à certaines formes d’innovation.

 

Innover dans l’automobile : l’innovation et l’externalisation des tâches

par Yves Dubreil

Directeur de programme, Direction de projets, Renault

La mise en place de "structures projets" dans l’industrie automobile amène à situer les enjeux de l’innovation, à la fois, sur le front de "l’entreprise étendue" et sur tous les champs de l’entreprise : l’innovation est le fait de tous les acteurs. Un projet, c’est la gestion de contradictions. Aussi, le vrai savoir-faire des projets réside-t-il, aujourd’hui, dans la maîtrise des changements et des évolutions.

 

Du travail à l’œuvre,

par Roland Guinchard

Auditeur analyste, Consultant RH Partners

Le social a fait du travail un objet marchand déconnecté du désir du sujet. Ce que prouve le discours sur la fin du travail. Tout ce qui se met en place pour empêcher le désir de travail de se manifester est à l’origine de la plupart des problèmes de management. Ainsi, la réussite d’une organisation tient à la capacité des individus qui la composent d’accepter d’être "dans l’œuvre", c’est-à-dire d’avoir la conscience que ce que l’on fait est en lien avec notre désir. Le travail comme création du point de vue du sujet : une utopie éminemment risquée.

 

Création et espaces

 

L’entreprise et le territoire, partenaires pour créer et développer

par Jean- Benoît Zimmerman

GREQAM / EHESS, CNRS, Universités d’Aix-Marseille

La globalisation pousse les entreprises au nomadisme et à des stratégies de déploiement organisationnel à l'échelle internationale : est-ce pour autant la fin du développement territorial ? Paradoxalement, c’est le contraire qui se produit lorsque les territoires s'éloignent d'une concurrence stérile en termes de coûts (main d'oeuvre, fiscalité...) pour chercher à accompagner les entreprises dans le tourbillon de l'innovation. Par delà la simple logique de la localisation, entreprises et territoires deviennent alors partenaires pour créer et développer.

 

Le territoire : un espace de qualification collective à créer, pour créer

par Marie-Josèphe Carrieu-Costa

Acer Consultants

Comme dans le cas d'un projet d'entreprise, la motivation, l'adhésion et le désir sont au cœur même de la démarche du projet local ou de territoire, mais celui-ci doit trouver un cadre de références commun à tous, intelligible, et offrant à chacun une perspective de positionnement et de rôle à jouer individuels dans un système de dynamique collective. Une première expérience, conduite dans la région Centre et Val- de-Loire, a été modulée, progressivement enrichie et validée par d'autres actions du même type.

 

Cultiver et organiser le développement économique dans les territoires

par Denis Chastenet

CNRS

et Luc de Charentenay

Entreprises, territoires et développement (ANTIDE)

A la veille des prochains contrats de plan entre l’Etat et les régions (2000-2006), la connaissance approfondie des multiples initiatives locales et de leurs leviers spécifiques devient essentielle pour que se construise dans les territoires un développement innovant, durable et diversifié. Facteur de cohésion sociale, la dynamique de développement à l’échelle locale peut aussi être une réponse à la mondialisation.

 

Inscrire des potentiels dans un territoire

par Pierre BALAS

Vive-président de l’Association d’ingénieurs pour la mise en valeur de l’espace rural

La création, dans le cadre d’une Communauté de communes, d’une pépinière d’entreprises, Axone, d’un centre multimédia, Erasme, et d’ateliers relais, dans le but de maintenir un potentiel, source de dynamisme, a permis la revalorisation de communes rurales en voie de désertification. A ce jour, ont été réalisés en 10 ans 66 implantations ou extensions d’entreprises, soit 1000 emplois nouveaux.. L’application de ce modèle à un élargissement territorial pourrait faire l’objet d’un "contrat global de développement", souhaité par le Conseil régional Rhône-Alpes.

 

Innovation technologique en Israël : faits et leçons

par Baruch Raz

Ambassade d’Israël

L’innovation technologique figure toujours en haute position sur la liste des priorités pour les pays qui veulent se développer. Cet article présente brièvement un modèle général pour la promotion au niveau gouvernemental de la recherche technologique. L’expérience israélienne est discutée et quelques conclusions sont proposées.

 

Israël, terreau de création technologique

Daniel Rouach

Professeur à l’Ecole européenne des affaires (EAP)

avec la collaboration de Michael Olivier Rouach

Chercheur EAP, Gti Lab

et de Jérémie Nathan

L'image d'Israël, sans doute à relier à son passé de pionnier, à la multiplicité d’apports culturels et à la spécificité de son armée, est, aujourd'hui encore, celle d'un pays innovant, créatif, foisonnant. Cette représentation est-elle encore fondée ? Les secteurs les plus créatifs sont-ils liés à l'économie sociale du pays ou bien à d'autres facteurs d’ordre géopolitique ?

 

Dynamique industrielle et création artistique

par Robert Prost

Professeur à l’Ecole d’arcitecture de Paris - Val-de-Marne

Les relations entre art et industrie sont infiniment complexes et comportent de très nombreuses facettes. Nous avons choisi ici une facette spécifique de cette relation en explorant comment l’Industrie peut dynamiser une démarche de création artistique, pour ensuite interroger les conditions d’une fertilisation croisée. Plus précisément, c’est le dialogue qui s’est instauré entre l’artiste Christiane Chabot et le monde industriel de l’acier qui servira de support.

 

Des connaissances pour créer

Capter et créer le capital savoir

par Jean-Louis Ermine

Direction de l’information scientifique et technique, Commissariat à l’énergie atomique

Créer, capitaliser et partager son capital de connaissances est une préoccupation de base de toute organisation performante. Mais gérer son capital savoir ne consiste pas seulement à diffuser les informations par la mise en place de nouvelles technologies. C’est une programme à long terme qui part d’une volonté stratégique, qui passe par une bonne analyse de la nature même du savoir et du savoir-faire de l’entreprise, et qui aboutit à la mise en place d’outils variés et adaptés.

Le management des connaissances dans des unités opérationnelles : l’exemple du service client par téléphone

par Claude Roche

France Télécom, DQM

Dans la mesure où l’innovation devient de plus en plus complexe, consomme de plus en plus de connaissances, une gestion efficace des savoirs est devenue un objectif économique déterminant pour l’entreprise. Or la logique propre à la recherche d’efficacité dans le domaine des connaissances va entrer, dans la pratique, en contradiction avec les formes dominantes du management. Serait-ce l’occasion de sortir du paradigme taylorien ?

 

Les technologies de l’information et de la communication, support d’une économie fondée sur le savoir

par Christine Afriat

Commissariat Général du Plan

Les technologies de l’information et de la communication élargissent les champs des solutions organisationnelles permettant aux entreprises de répondre à la complexité accrue des besoins des acteurs économiques. Avec leur développement, l’information et l’intelligence émergent comme facteurs dominants au sein du système productif.

 

L’enseignement de la création : l’école nationale supérieure des arts décoratifs

par René Lesné

Directeur d’études à l’ENSAD

Dans une école comme les "Arts Déco", l’enseignement se situe au croisement de trois composantes : méthode, technique et création. Leur apprentissage s’effectue selon des voies différentes et qui se mêlent. Il s’agit à la fois d’acquisitions de savoirs, de développements de pratiques, d’expérimentations. Il s’agit de comprendre, il s’agit de faire, il s’agit d’inventer.

 

Le capitalisme du savoir-faire et de la connaissance

par Michel Duhamel

Secrétaire général de la Fédération européenne des consultants en technologie et en innovation

Les connaissances et les savoir-faire implicites des entreprises constituent un "capital fantôme" qui échappe aux comptables, mais pas aux opérateurs financiers. Les principes du capitalisme traditionnel autorisent les actionnaires à se l’attribuer intégralement. Un partage plus équitable de ce "capital humain" peut permettre de mieux l’intégrer dans l’entreprise et de progresser vers une forme de société à la fois plus performante et plus humaine.