CATASTROPHES ET TERRITOIRES :
LES VULNERABILITES
EDITORIAL
par François VALÉRIAN
Rédacteur en chef des Annales
des Mines
L’environnement
est affaire de connaissance. Il s’agit de connaître notre milieu,
pour mieux y
vivre ou moins en souffrir. Mais comment définir ce milieu, et
de quelle
connaissance s’agit-il ? Le milieu, est-ce seulement la nature,
voire la
planète, boule qu’on imaginerait privée d’hommes pour en
prévoir les
convulsions dans le calme studieux des grands observatoires ?
La
prévention des risques naturels a longtemps relevé de
cette observation, suivie
de grands travaux : digues de plus en plus hautes, constructions
de plus
en plus solides. Dans les dernières décennies, une vision
complémentaire s’est
peu à peu développée, et les catastrophes
récentes ont prouvé qu’elle était
indispensable : notre milieu n’est pas vide d’hommes ; le
connaître,
c’est d’abord se représenter des territoires dans leur
complexité sociale et
spatiale, et en évaluer la vulnérabilité.
Nous
sommes heureux de publier dans ce numéro les actes du colloque
organisé le 21
octobre 2005 à l’ENGREF par Yvette Veyret, professeur de
géographie à
l’université Paris X, et Paul-Henri Bourrelier, alors
délégué de l’Association
française de prévention des catastrophes naturelles
(AFPCN). Ce colloque
faisait écho au numéro que nous avions publié, le
même mois, sur les
catastrophes naturelles. Il précédait le colloque de
l’AFPCN sur les leçons de
Katrina le 23 février 2006, et le Rendez-vous des Annales du 13
juin dernier,
avec plusieurs auteurs du présent numéro.
Effort
de connaissances, mais au service d’organisations humaines
complexes :
nous avons choisi d’organiser un débat sur un vaste projet de
l’Union
Européenne, baptisé Reach, et qui vise à recenser
toutes les substances
chimiques fabriquées ou importées sur le territoire de
l’Union afin de lutter
contre leur nocivité. Bienfait pour le consommateur, charge
financière pour
l’industrie, exercice bureaucratique un peu vain ? La connaissance
sur
l’environnement n’est rien sans les décisions qui en
résultent, et changent
bien davantage la vie des sociétés que celle de la
planète.