n°64 - Octobre 2011
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par Olivier APPERT
Président d'IFP
Energies nouvelles
LES
DEFIS DES SUBSTITUTS AUX PRODUITS PETROLIERS
« CLASSIQUES »
par Claude
MANDIL
Ancien directeur
exécutif de l'Agence Internationale
de l'Energie (AIE)
A
quoi servent les produits pétroliers ? De façon
très prédominante à
l’activité de transport (53 % de la consommation mondiale
en 2009, d’après
l’AIE), mais aussi, significativement, comme matière
première pour la chimie
et, de façon beaucoup plus limitée, pour produire de la
chaleur et de
l’électricité. Mais alors que dans le cas du transport il
n’y a aujourd’hui
pratiquement pas de substitut qui puisse concurrencer le pétrole
sur une grande
échelle, dans les deux autres cas, de nombreux substituts sont
déjà possibles.
Nous limiterons donc notre analyse au cas du transport.
RESSOURCES ET RESERVES
MONDIALES EN HYDROCARBURES
NON CONVENTIONNELS
Devant
la demande en énergie de plus en plus forte de la part des
milliards
d’habitants des pays émergents, conjuguée à
l’épuisement inexorable des
réserves en hydrocarbures conventionnels et à l’absence
de substituts à ces
produits, les ressources et réserves en hydrocarbures non
conventionnels sont
de plus en plus d’actualité. Cette actualité est d’autant
plus marquée que ces
hydrocarbures non conventionnels sont déjà produits dans
certains pays,
fournissant environ 4 % de la consommation actuelle
d’hydrocarbures dans
le monde. Ils sont techniquement et économiquement exploitables,
mais qu’en
est-il de leurs ressources et de leurs réserves ?
Les sources
alternatives
d’hydrocarbures
par Thierry
PILENKO
Président Directeur
Général de Technip
De
nombreux ouvrages décrivent l’histoire et les progrès
réalisés dans le domaine
de l’offshore pétrolier et gazier,
tant du point de vue des réserves que des techniques
d’exploitation. Il n’est
nullement question ici de faire un résumé de tous ces
travaux, mais plutôt de
montrer que l’exploration et la production du pétrole et du gaz
par très grande
profondeur est à la fois un mélange de technologie, de
gestion de projets et –
surtout - de passion et d’innovation. Car sans la passion qui anime les
hommes
et les femmes de notre industrie, l’aventure humaine de l’offshore
profond n’aurait jamais eu lieu.
LES HYDROCARBURES DANS LE
DOMAINE
ARCTIQUE :
PERSPECTIVES
ECONOMIQUES ET
ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
par Rémi
ESCHARD, Roland VIALLY et Francine BÉNARD
IFP Energies nouvelles
Les
systèmes pétroliers de l'Arctique
présentent une grande variété du fait de
l'histoire géologique complexe de la
région. Ces systèmes pétroliers sont classiques,
mais l'exploration et la
production des gisements dits "polaires" relève du défi
technologique, du fait des conditions climatiques extrêmes. De
plus,
l'important éloignement et les difficultés de transport
entre les zones de
production et celles de consommation impliquent des investissements
gigantesques pour mettre en production les gisements et acheminer les
hydrocarbures.
LES PETROLES EXTRA LOURDS ET LES
BITUMES
par Jean-Michel
GIRES
Total
Dans
un monde en croissance où l’offre de pétrole
conventionnel est de plus en plus
contrainte, les hydrocarbures non conventionnels, notamment les huiles
lourdes,
doivent répondre à une demande croissante en
énergie. Les ressources en huiles
lourdes sont très importantes, notamment au Canada et au
Venezuela ; mais
ces produits sont caractérisés par une viscosité
très élevée dans leurs
réservoirs naturels, ce qui exige un apport
supplémentaire d’énergie et les
rend plus difficiles et coûteux à produire et à
raffiner que les bruts
conventionnels. Les contraintes économiques, environnementales
et politiques
n’en permettront qu’un développement progressif, susceptible
toutefois de les
faire passer de 2,5 % de la production pétrolière
mondiale en 2010 à
8 % en 2030.
LES BIOCARBURANTS : UNE
OPTION ENERGETIQUE DURABLE,
MAIS A CERTAINES
CONDITIONS
par Léonard
BONIFACE
Chef de projet Investissement
d'Avenir, ADEME
et François MOISAN
Directeur Scientifique; ADEME
On
compte fortement sur les biocarburants pour répondre aux
défis énergétiques et
environnementaux auxquels nous sommes confrontés. Ceux-ci font
également
l’objet de nombreux débats autour de l’impact du
déploiement potentiel à grande
échelle de cette option, qu’il s’agisse d’impacts
environnementaux ou d’impacts
sur les stratégies agricoles et alimentaires. Les analyses du
cycle de vie des
biocarburants permettent d’évaluer ces différents
impacts, pour chacune des
filières ; elles montrent qu’au-delà des
performances intrinsèques des
procédés de conversion de la biomasse, les intrants
(nécessaires aux cultures
produisant des biocarburants) et le changement d’affectation des sols
lors de
la mise en place de ces cultures sont susceptibles de modifier
radicalement le
bilan des biocarburants en termes d’émissions de gaz à
effet de serre.
CARBURANTS PRODUITS A PARTIR DE
CHARBON :
QUELLE
ACTUALITE, QUEL AVENIR ?
par Serge
PÉRINEAU
Président de World CTL
Conference
Les
Français ignorent en
général que le charbon est l’énergie fossile
numéro un dans le monde et que,
parmi les énergies fossiles, c’est lui qui enregistre la plus
forte
progression. Peu d’observateurs savent que le charbon peut être
converti en
produits pétroliers. Pourtant, depuis plusieurs
décennies, l’Afrique du Sud en
tire 30 % de ses besoins en carburants. Cette filière de
conversion est
appelée Coal-To-Liquids (CTL).
S’il est industrialisé, le
CTL n’en est pas magique pour autant : les technologies sont
complexes,
les investissements élevés, les conditions
opératoires difficiles en raison de
la nature des fluides traités et des conditions de
température et de pression requises.
par Patrick
ROMÉO
Président, France
Country Chair, Société des Pétroles Shell
L’usine
Pearl GTL, au Qatar, est la plus grande source au monde de produits GTL
(Gas-To-Liquid), issus de la
transformation du gaz naturel en hydrocarbures liquides. En
fonctionnement
nominal, sa capacité de production sera de 260 000 barils
d’équivalent pétrole par jour (140 000 barils de
produits GTL, et
120 000 barils en équivalent pétrole d’autres
liquides à base de gaz
naturel, mais aussi d’éthane, qui seront employés dans
les procédés
industriels). Elle a expédié ses premiers produits
courant 2011 et
entrera en pleine production mi-2012.
Daniel
CHAMPLON
Président de Cedigaz
et Didier FAVREAU
Senior économister
Cedigaz
Courant
2008, Cedigaz, association selon la loi de 1901 regroupant environ une
centaine
d'acteurs internationaux de l'industrie gazière, s'était
intéressée à la
production de gaz aux Etats-Unis, en croissance continue depuis 2005
alors
qu'il était admis que les ressources domestiques
s'épuisaient et motivaient des
investissements importants dans les terminaux de
regazéification. Bien sûr,
pensait-on, l'augmentation des prix du gaz sur le marché
américain jusqu'à la
mi-2008 permettait de gros efforts de production. La crise
économique, dès la
fin 2008 et durant toute l'année 2009, ramenait brutalement les
prix à des
niveaux modestes. Cependant, la production continuait de croître,
retrouvant
pour la première fois les niveaux de 1973. Il s'agissait
là en fait d'une
révolution dans l'accès massif à des ressources
non conventionnelles,
principalement celles des gaz de schiste, à des coûts
réduits grâce à l'emploi
de nouvelles technologies et de à gros efforts en matière
de productivité.
Quelles sont les caractéristiques de cette révolution,
quelle est son impact
sur les marchés internationaux et quel est son futur à
long terme à l'échelle
mondiale ? Tels sont les thèmes abordés dans cet article.
FAUT-IL INTERDIRE
L’EXPLORATION DES HYDROCARBURES
DE SCHISTE EN FRANCE ?
par Jean-Pierre
LETEURTROIS
Ingénieur
général des Mines honoraire, ancien membre du CGIET
Le
film documentaire « Gasland » du
réalisateur américain Josh Fox a
remarquablement chargé de tous les péchés
écologiques l’exploitation du gaz de
schiste aux Etats-Unis. Cette caricature, aussi talentueuse que
partisane et
dénuée de fondement scientifique, a largement
contribué à la désinformation et
à susciter dans notre pays un puissant mouvement d’opinion
opposé à
l’extraction du gaz et de l’huile de schiste. De Villeneuve-de-Berg en
Ardèche
à Doue en Seine-et-Marne, en passant par le Larzac, plusieurs
milliers de
manifestants ont protesté contre des projets d’exploration de
possibles
gisements d’hydrocarbures de schiste. Amplifiée par les
médias, puis relayée
par les élus locaux toutes tendances politiques confondues,
cette opposition
s’est traduite par le dépôt par nos parlementaires de
trois propositions de loi
visant à interdire dans notre pays la fracturation hydraulique,
seule technique
aujourd’hui disponible pour extraire les hydrocarbures de schiste.
Finalement,
la loi du 13 juillet 2011 a été adoptée en urgence
selon la procédure accélérée.
L’OPTION
POSSIBLE DU RECYCLAGE DU CO2
par Alain
BUCAILLE
Areva
La
captation-séquestration du CO2
sera
nécessaire,
Nul
ne sait précisément à quelle vitesse se
développera l’électrification des
moyens de transport. Mais on ne peut exclure, avec un prix du
pétrole se
situant autour de 150 $ / baril, que la valorisation chimique du CO2
devienne un enjeu réel.
Ce
sujet, qui restera donc de peu d’actualité d’ici à 2020,
est susceptible de
devenir beaucoup plus important par la suite.
Le point de vue des acteurs
LE
CAS DES HYDROCARBURES
NON CONVENTIONNELS
par
Christophe DIDIER, Mehdi GHOREYCHI
et Pierre TOULHOAT
INERIS
On qualifie
d’« émergents » les risques induits par le
développement d’une
activité industrielle susceptible de provoquer à terme
des effets néfastes sur
l'environnement et la santé des personnes. De tels risques
résultent souvent de
l’essor de nouvelles technologies, mais ils peuvent également
découler de
pratiques usitées de longue date, mais dont le danger
« émerge » plus
ou moins soudainement du fait de nouvelles connaissances scientifiques
ou de
l’évolution de la perception qu’en a le public.
Ainsi, la perception de
l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, mise en œuvre
depuis plus
d’une décennie aux Etats-Unis, comme un risque émergent
sur le territoire
français relève sans nul doute de cette dernière
catégorie. De sérieuses
questions, fortement relayées par la société
civile et les pouvoirs publics,
sont en effet soulevées à propos des conséquences
environnementales de
l’exploitation de cette ressource.
LES HYDROCARBURES NON
CONVENTIONNELS
NOUVELLES
PERSPECTIVES DE L'INDUSTRIE PARAPETROLIERE
par
Kamel
BENNACEUR
Schlumberger
Les
hydrocarbures non conventionnels représentent une ressource
potentielle
significative, malgré leur extraction souvent complexe. L’Agence
Internationale
de l’Energie (AIE), dans son rapport annuel de 2008, estime à 9
trillions de
barils le volume potentiel des hydrocarbures liquides susceptibles
d’être
produits (un chiffre à comparer avec les 1.1 trillion de barils
extraits à ce
jour et les 1,3-1,4 trillion de barils de réserves
prouvées). Cette estimation
inclut les huiles lourdes, les huiles
extra-lourdes, les schistes bitumineux, ainsi que les hydrocarbures
liquides
obtenus par transformation du charbon et du gaz. L’AIE fournit aussi
dans son
rapport de 2009 des estimations des ressources en gaz, qu’elle
évalue à plus de
850 trillions de mètres cubes (T m3) (à
comparer avec les 80 T m3
produits à ce jour, et avec 187 T m3 de
réserves prouvées).
LES PERSPECTIVES
DES
HYDROCARBURES NON CONVENTIONNELS,
LE
POINT DE VUE DE TOTAL
par
Jean-Jacques
MOSCONI
Total
La
vision des hydrocarbures non conventionnels s’est fortement
modifiée au cours
des trente-cinq années écoulées. La production de
pétrole en mer, même à de
faibles profondeurs, a été considérée comme
non conventionnelle, lors de son
démarrage, à la fin des années 1970. Aujourd’hui,
les productions offshore considérées
comme non
conventionnelles sont celles opérées à grande
profondeur ou celles qui posent des
problèmes spécifiques (par exemple, de
température, ou de pression). Mais dans
le même temps, le rôle joué par ces hydrocarbures
s’est fortement accru par
rapport au pétrole et au gaz conventionnels, et ce rôle ne
devrait cesser de
s’accroître dans le futur.
LES DEFIS DE
LA MOBILITE DURABLE POUR L'AUTOMOBILE
par
Theresina
MARTINET
Directeur des relations
institutionnelles, PSA Peugeot Citroën
et Pierre MACAUDIERE
Direction de la recherche et
développement, PSA Peugeot Citroën
Alors
que les constructeurs d’automobiles opèrent des changements
profonds pour
répondre aux défis de la globalisation et des
évolutions sociétales, la question
basique de l’énergie et des technologies de traction automobile
devient
primordiale et stratégique.
Les
hydrocarbures non conventionnels s’inscrivent dans la continuité
des
motorisations thermiques. Ils sont une opportunité
renforçant la dynamique vers
plus de sobriété énergétique. Mais comment
seront-ils associés aux technologies
électriques de rupture ? Le paysage dépendra
très largement de la capacité
de tous les acteurs à coopérer en vue d’une
mobilité plus durable
HORS DOSSIER :
Energie
Faits et chiffres en 2010
par Bernard NANOT
Sous-directeur
Ministère de l'Ecologie, du
Développement durable ,des
Transports et du Logement
Commissariat général
aux développement durable
Service de l'observation et des
statistiques
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