INSTRUMENTS
PUBLICS DE RÉGULATION
EDITORIAL
par François VALÉRIAN
Rédacteur en chef des Annales
des Mines
Contrôler
une activité ne se
réduit plus à constater des infractions et infliger des
amendes. La régulation
se substitue de plus en plus au contrôle, jusque dans le langage
des
administrations. Or, réguler un processus, c’est l’accompagner,
le canaliser, tenter de l’orienter
à l’intérieur de bornes
ou de digues.
Réguler une
activité industrielle ou agricole dans une
perspective de protection de l’environnement, c’est d’abord comprendre
cette
activité pour en connaître les contraintes propres et les
impacts possibles.
Jusqu’où cette connaissance doit-elle aller ? Sans doute
pas jusqu’au
point où le contrôleur se confond avec le
contrôlé et s’approprie toutes ses
contraintes. Existe-t-il sur tous les sujets actuels de
régulation une
connaissance établie ? Non, et c’est bien la raison pour
laquelle une
régulation publique est nécessaire : à la
connaissance scientifique des
impacts, nécessairement imparfaite et en progrès,
répond une connaissance
politique de l’acceptabilité sociale d’un risque. De cette
connaissance
politique découle le besoin d’une régulation.
A
l’interface entre connaissance
politique et connaissance scientifique, on trouve des normes et des
seuils,
parfois arbitraires pour les scientifiques, parfois choquants pour
l’opinion,
mais toujours nécessaires. La fixation de ces normes
procède d’une discussion
entre les pouvoirs publics et les acteurs concernés :
discussion
multiforme, qui peut porter sur les moyens ou sur les fins, aboutir
à des
règlements ou à des contrats, discussion risquée
car elle suppose de la
confiance entre les parties mais trouve son origine dans la
méfiance vis-à-vis
d’une activité.
Confiance et méfiance entre
pouvoirs publics et acteurs économiques, mais aussi confiance ou
méfiance de
l’opinion vis-à-vis de cette relation entre public et
privé : le jeu des
instruments de régulation s’inscrit dans un espace à
trois pôles dont les
relations peuvent aisément dégénérer en
crise. Il ne faut pas exclure toutefois
un scénario vertueux, où les instruments de
régulation permettent d’orchestrer
une politique globale : c’est sans doute ainsi qu’il faudrait
envisager la
lutte contre l’effet de serre.