par Pascal LEFEBVRE
Editorialiste
LA GUERRE DES
TEMPS
par
Jean-Emmanuel RAY
Professeur à
l'Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne)
Article sur la simple
gestion du temps ? Non, article sur la philosophie de la vie. Le
but de
notre existence est-il vraiment de faire plusieurs choses à la
fois, et d’être
à plusieurs endroits en même temps ? La
modernité signifie-t-elle de
préférer la multiplication des interlocuteurs à
l’angoisse d’un simple face à
face…peut-être avec soi-même ? Toute cette agitation
pour gagner du temps,
pourquoi faire ? On risque de perdre ses proches, et de ne plus
faire ce
qui nécessite du temps, comme penser, inventer, créer.
Mais, inconscient de ces
enjeux, l’homme pressé traque tout ce qui fait gagner du temps,
et modifie
radicalement les rapports entre le travail et la vie privée.
L’EGYPTE ET
LES EXPERTS
par Michel CALLON
Professeur à l'ENSMP
Michel
Callon rend compte du
livre décapant de Tim Mitchell, Rule of
Experts. Il faut avouer qu’à sa lecture, on ne peut que
changer son regard
sur les politiques de développement, sur les sciences sociales
en général, sur
l’histoire postcoloniale de l’Egypte, sur les experts des organisations
internationales…Tout est lié, rien n’est neutre. Ainsi, le
moustique est en
fait plus dangereux que des tanks, le système de
propriété foncière est une
machine de guerre, la cartographie crée l’économie,
l’anthropologie est
manipulée par la CIA, le « paysan
égyptien » est une pure invention
destinée à justifier la mission de l’Occident en Orient.
Pour avoir une plus
juste vision de la réalité, il faut désenclaver
les sciences sociales,
rapprocher le monde naturel du monde social et le monde technique du
monde
politique.
LE PARADOXE DU
RETARD DE L’INDUSTRIE
SPATIALE
DANS SES FORMES ORGANISATIONNELLES ET DANS L’USAGE DES TIC
par Victor DOS SANTOS
PAULINO
Université de Nice,
Sophia Antipolis, DEMOD/GREDEG
L’innovation est un des
thèmes majeurs de notre époque. Et, telles les
Lumières, elle ne pourrait que
faire progresser l’activité humaine. Or, ce
présupposé est faux :
l’inertie organisationnelle peut être un atout. L’industrie
spatiale, dont
l’objet paraît être d’innover, n’innove pas dans son
organisation et rechigne à
utiliser les TIC. Bien sûr, il faut nuancer. Les
ingénieurs n’auront pas la
même obsession de la
stabilité
organisationnelle et technologique, selon qu’il s’agit d’un satellite
de
télécommunication commandé par un client
privé ou d’une mission scientifique
commandée par l’Etat. Mais il n’en reste pas moins vrai que pour
atteindre un
optimum de fiabilité technologique, l’inertie de l’organisation
peut
représenter un véritable avantage concurrentiel.
VEOLIA ENVIRONNEMENT : UN MODELE
DE CHANGEMENT
ORGANISATIONNEL HYBRIDE
par Christophe PLOUVIER
Ecole Polytechnique
Jusqu’à
présent, deux
possibilités semblaient offertes aux entreprises qui
souhaitaient agir sur leur
propre destin : la transition ou la révolution. Avec Veolia
2005, plan
d’efficacité destiné à Veolia Environnement, nous
voilà au cœur d’un nouveau
modèle, qui combine évolution et radicalité. Ce
modèle hybride, s’il assemble
les avantages des deux types de changement et leur permet de pallier
leurs
défauts réciproques, n’est pas un simple amalgame.
S’agit-il pourtant d’un vrai
changement ou d’une hypocrisie organisationnelle ? A constater la
place
marginale du plan 2005 au sein de l’Organisation, on peut mesurer les
limites
du modèle : manque de légitimité de
l’équipe du projet, manque
d’implication de l’ensemble des acteurs, approches différentes
des contrôles de
gestion…Pourtant une véritable synergie dynamique s’est
instaurée entre les
deux approches chez Veolia Environnement, sans doute
« grâce » à un
contexte très particulier. Ce qui interdit toute
généralisation.
DES DIFFICULTES DE LA
REFERENCE A LA PRATIQUE
A propos du livre Managements de l’extrême de Michel
Berry,
Paris, Editions Autrement, 2006
par Michel VILLETTE
ENSIA
FOUCAULT ET LA
GESTION : QUEL RAPPORT ?
A propos du livre
Gouvernement,
organisation et gestion : l’héritage de Michel Foucault,
sous la
direction de Armand Hatchuel, Eric Pezet, Ken Stackley et Olivier
Lenay,
Québec,
Les Presses de l’Université de
Laval, 2005
par Jean Michel SAUSSOIS
ESCP-EAP
MYTHOLOGIE
DES « MODERNES »
A
propos du livre L’étrangeté
française,
de Philippe d’Iribarne,
Paris, Seuil, 2006
par
Alain HENRY
Agence Française de
Développement
LA
PSYCHOLOGIE AU CHEVET DU TRAVAIL
A propos
du livre Cliniques du travail, de
Dominique Lhuilier,
Editions Erès, collection
Clinique du travail, 2006
par Marie-Anne DUJARIER
Maître
de conférence en sociologie à l'université de
Paris III
et à l'Ecole polytechnique
AUTRES TEMPS, AUTRES LIEUX
|
LA DOUBLE
« JOINT-ADVENTURE » DE PME
FRANÇAISES EN CHINE :
UNE ETUDE DE CAS
(1994-2004)
par Michèle DUPRE
Sociologue, chercheur
associé au GLYSI-SAFA, ISH-LYON
et Etienne
de BANVILLE
Chercheur économiste
CNRS au CRESAL, à Saint-Etienne
Et
si toute PME tentée par
l’international était condamnée à
s’autodétruire en tant que PME ? Quand
on sait qu’une PME qui ne vise pas le marché mondial est sans
avenir, cela veut
dire qu’il faut des trésors d’audaces, de remises en cause et
d’imagination
pour assurer la transition, inéluctable, vers la mondialisation.
Malheur à ceux
qui s’unissent sans véritable stratégie de
conquête. L’addition des forces ne
suffit pas. Vite dépassés par les
événements, ils doivent faire appel à de
nouveaux associés qui n’hésiteront pas à modifier
structures et dirigeants, à
rechercher de nouveaux clients et à développer des
activités complémentaires.
Car telle est la condition de la survie de la joint-venture,
qui finira par échapper totalement à ses
initiateurs.
LA REFORME DE
LA RECHERCHE PUBLIQUE AU JAPON :
UNE RENOVATION EN COURS
par Hiroatsu NOHARA
Chargé de recherche au
LEST-CNRS
La
réforme de la recherche
publique au Japon est profonde et ambitieuse. Elle vise à
renouveler l’économie
japonaise, et pour cela à créer une trentaine
d’universités japonaises qui
seront « les meilleures universités
mondiales ». On est loin de la
période de l’après Seconde Guerre mondiale, où
tout lien entre industrie et recherche
était combattu car soupçonné d’alimenter le
« militarisme japonais ».
Aujourd’hui, changement radical d’état d’esprit : la
compétitivité des
universités japonaises au niveau mondial repose sur l’excellence
de leurs
recherches dans certains domaines (biotechnologie, informatique,
nouveaux
produits, recherche médicale, notamment), mais surtout sur la
contractualisation de leurs relations avec l’industrie et la
création de
start-up universitaires. Le gouvernement japonais invente
de nouvelles règles du jeu :
autonomie de gestion du budget, du personnel, des brevets, obligation
de
résultats, rentabilisation des brevets,
« défonctionnarisation » des
chercheurs…L’université japonaise doit désormais
concilier les horizons
temporels différents de la recherche fondamentale et de la
profitabilité
d’entreprise.