Ce numéro a été coordonné par Vincent Le BIEZ,
Délégation interministérielle au nouveau nucléaire (DINN)
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Préface de Joël BARRE
Délégué
Interministériel au Nouveau Nucléaire, en charge de la
supervision des programmes industriels de nouveau nucléaire en
France
La
France entretient avec l’énergie nucléaire un rapport sans
équivalent parmi les autres pays du monde. Depuis l’impulsion
donnée par le Général de Gaulle aux lendemains de la Seconde
Guerre mondiale, avec l’ordonnance du 18 octobre 1945 créant le
Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), en passant par le plan
Messmer lancé en 1974, jusqu’à l’annonce d’un programme de construction
de réacteurs nucléaires faite par le président de la République à
l’occasion de son discours du 10 février 2022 à Belfort, le
nucléaire occupe une place de premier plan dans la politique
énergétique française.
Certes,
les trois dernières décennies ont été moins porteuses pour
l’atome en France et ont pu faire croire que le sort du nucléaire
était en sursis. Dans un contexte de relative abondance
énergétique et de moindre préoccupation quant à la souveraineté
énergétique, les accidents de Tchernobyl (1986) et Fukushima
(2011) ont conduit une part croissante de l’opinion publique, en
France et dans le monde, à s’opposer au nucléaire comme source
d’énergie.
Le
changement de cap s’est opéré en plusieurs étapes au cours des
dernières années : d’abord le discours du président de la
République au Creusot en décembre 2020 indiquant que l’avenir
énergétique de la France passait par le nucléaire et lançant le
projet de nouveau porte-avions à propulsion nucléaire, puis la
remise par EDF à l’État d’une proposition concernant la
construction de 6 réacteurs de technologie EPR2 à l’été 2021,
confortée par l’étude technico-économique « Futurs énergétiques
2050 » publiée par RTE à l’automne 2021, et enfin le discours de
Belfort en février 2022 traçant la perspective d’un programme de
construction de 6 réacteurs de type EPR2, porté par EDF, et la
mise à l’étude de la construction de 8 réacteurs additionnels.
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Introduction de Vincent Le BIEZ
et Paul de
LAPEYRIÉRE
Après
un hiver pour l’industrie nucléaire, long de presque trois
décennies dans les pays occidentaux, l’heure serait-elle venue du
« nouveau nucléaire » ? Ce terme recouvre en pratique plusieurs
réalités : de nouveaux réacteurs, dits de troisième génération,
dont la technologie est déjà maîtrisée et qui répondent à de
fortes exigences de sûreté, des réacteurs de technologies
nouvelles, dites de quatrième génération visant à utiliser plus
efficacement les ressources en matières fissiles et à générer
moins de déchets nucléaires, ou encore des réacteurs de petite
taille (SMR) dont le modèle économique est basé sur la production
de série plutôt que sur l’effet de taille qui avait prévalu
jusqu’alors.
Le
nouveau nucléaire se distingue du nucléaire existant,
c’est-à-dire la base installée (principalement au cours des
décennies 1970 à 1990) qui est la deuxième source mondiale
d’électricité décarbonée derrière l’hydroélectricité (mais la
première en Europe, aux États-Unis ou au Japon) et dont la
prolongation de la durée de vie en toute sûreté représente un
défi industriel et énergétique majeur. C’est ce qu’on appelle le
Grand Carénage pour le parc nucléaire français d’EDF, avec
l’ambition d’amener les réacteurs actuels à 60 ans et au-delà.
S’il n’en sera pas question dans le présent numéro des Annales
des Mines, il est important de préciser que les enjeux et la
dynamique nouvelle en faveur du nucléaire ne se réduisent pas au
nouveau nucléaire.
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