Polytechnique (promotion 1818), corps des mines.
Frère de Bonaventure Jean Marie LORIEUX (X 1811). Mari de Stéphanie FAULCON de MARIGNY (1808-1881). Père de Edmond Marie LORIEUX (X 1851), Théodore Marie LORIEUX (X 1854, patron du corps des ponts et chaussées) et de Stéphanie épouse de Eugène de Monet de la Marck (1826-1867 ; X 1845, capitaine de frégate mort à Saïgon). Grand-père de Edmond Théodore LORIEUX (1867-1932 ; X 1886).
Annales des Mines, 6e série t. 10, 1866.
M. Lorieux, inspecteur général des mines en retraite, a succombé le 17 décembre 1866 à la maladie dont il avait ressenti les premières atteintes il y a quatre ans. Après le service funéraire célébré dans l'église Saint-Thomas-d'Aquin, son corps a été transporté à Nantes. Nous donnons ici les paroles d'adieu que M. Combes n'a pu prononcer, et dans lesquelles il rend à la mémoire de son ami et ancien camarade d'école un hommage auquel s'associeront tous les membres du corps des mines et toutes les personnes qui ont eu l'honneur de connaître M. Lorieux.
Messieurs,
Je ne puis quitter la dépouille mortelle de l'homme excellent auquel m'attachaient les liens d'une amitié de cinquante ans, sans lui adresser un dernier adieu. Mais saurai-je, dans le trouble où je suis, trouver des paroles qui apportent quelque consolation à celle qui fut sa compagne dévouée et à ses enfants, qui répondent à vos regrets et à ma propre douleur.
Lorieux, entré à l'École polytechnique à l'âge de dix-huit ans, choisit à sa sortie le service des mines. Après trois autres années d'études, il débuta dans la carrière comme professeur à l'École des mineurs de Saint-Étienne, où il a laissé, comme partout où il a passé, les meilleurs souvenirs. Il fut ensuite envoyé dans les départements de l'ancienne Bretagne, avec résidence à Nantes. On sait combien les fonctions des ingénieurs des mines sont variées et souvent délicates. Chargés de la surveillance des mines et des usines au point de vue de la sûreté des hommes et de la conservation des richesses minérales, ils n'ont à intervenir directement dans la conduite des travaux que dans des cas d'urgence exceptionnellement rares. Leur action ordinaire ne peut se fonder que sur la confiance qu'ils savent inspirer. Nul ne posséda jamais à un degré plus élevé que Lorieux les qualités propres à acquérir ce genre d'influence. Il attirait tout d'abord par son accueil bienveillant, sa franchise, son désir manifeste d'être utile. Bientôt après, la rectitude de son esprit ouvert et libéral, ses connaissances solides, l'étude consciencieuse qu'il avait faite des questions sur lesquelles il avait des conseils ou un avis à donner, lui gagnaient l'estime et l'affection des personnes appelées à avoir des relations avec lui.
Il occupa successivement le poste d'ingénieur en chef à Valenciennes, à Versailles et à Paris, jusquà sa nomination au grade d'inspecteur général. Son autorité était grande dans le conseil des mines, et lorsque l'heure de la retraite vint à sonner pour lui, tous ses collègues se séparèrent de lui avec un regret d'autant plus vif que l'année précédente, dans sa dernière tournée d'inspection, il avait été atteint par la maladie à laquelle il vient de succomber.
Lorieux a été un ingénieur éminent, aimé et estimé de ses collègues et de tous ceux qui l'ont connu. Mais c'est dans l'intimité, dans le sein de la famille qu'il fallait le voir et le connaître pour l'aimer et l'apprécier. Quelle chaleur de coeur jusqu'à la fin! quelle absence d'égoïsme, de vanité et d'orgueil ! quel amour du bien et de l'honnête! Quels trésors de dévouement et de tendresse! quelle constance et quelle sûreté dans son amitié! Cher ami, cher compagnon de voyage, le souvenir de ton admirable bonté ne s'effacera point de mon coeur, et je ne cesserai de te regretter qu'en cessant de vivre.
Lorieux a eu le bonheur de voir ses deux fils entrer avec succès dans la carrière où il les avait précédés et où son souvenir les suivra. Il a eu la joie de les voir mariés ainsi que leur plus jeune soeur et d'embrasser ses petits-enfants, qui ont encore animé de quelque gaieté ses derniers jours. Il a supporté sa longue et dernière maladie avec une patience qui ne s'est jamais démentie, s'occupant moins de lui-même que des siens, et donnant à sa santé beaucoup moins de soins qu'ils ne l'auraient voulu. Il a plu à Dieu de le rappeler à lui plus rapidement que nous ne l'attendions. Sa mort a été tranquille. Que la ferme espérance de le retrouver un jour affermisse et relève les coeurs brisés par une séparation si cruelle, mais qui n'aura qu'un temps!