Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1928). Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1935 :
Nous apprenons la mort tragique et imprévue de Emile Stibiski, décédé au cours d'écoles à feu de deux jours, au camp de la Vallebonne, près de Lyon, des suites d'une intoxication par l'oxyde de carbone, due au mauvais tirage de son poêle, par une brusque et violente tempête de neige pendant la nuit.
Il fut retrouvé le matin inanimé dans sa chambre et, malgré les soins les plus dévoués des professeurs agrégés de l'Ecole de santé militaire, notre malheureux camarade finit par succomber au bout de 36 heures.
Stibiski, qui appartenait à l'armée active, était lieutenant au 54e régiment d'artillerie, en garnison à Dijon.
Les obsèques eurent lieu en présence de très nombreux officiers de la garnison de Lyon avec, à leur tète, le général gouverneur Dosse et plusieurs généraux.
L'absoute fut donnée à la chapelle de l'hôpital Desgenettes et son corps conduit ensuite à la gare Perrache pour l'inhumation à Dijon.
Les honneurs militaires ont été rendus par une section du 54° régiment d'artillerie.
Le colonel Mouton adressa à son si regretté lieutenant un adieu vibrant et ému au nom du Régiment; puis le lieutenant Desecures, au nom de ses camarades de l'Ecole de Fontainebleau, — en ces termes :
« Au nom de tous les camarades de notre promotion de Fontainebleau, je viens te dire un dernier adieu.
« Arrivé en 1932 parmi nous, tu avais tout de suite trouvé les sympathies et les amitiés que ton esprit vivant et ton entrain cordial attiraient.
« Et puis, nous découvrîmes peu à peu des qualités plus profondes : qui donc n'a jamais trouvé en toi le camarade plein de coœur, l'ami prêt à venir en aide? Tout en toi était plein de promesses; ton âme était belle. Pourquoi faut-il qu'une fin si tragique, et que nous aurions voulu plus digne de toi, vienne t'arracher brusquement à tes parents, à tes camarades?
« Si, un jour, la patrie exige de nous le plus grand sacrifice, ce sera pleins de tristesse que nous verrions ta place, déjà vide parmi nos rangs.
« Tu nous a quittés, mais l'oubli ne ternira jamais en nous la belle image de ton âme vibrante. Adieu. »
Stibiski, malgré sa courte carrière, avait déjà reçu des distinctions très flatteuses : une lettre du Maréchal Pétain, alors Ministre de la Guerre, pour une invention relative à la défense contre aéronefs, invention qui venait d'être reprise par la section technique du Ministère comme susceptible d'applications très intéressantes; et, le jour même de sa mort, il devait aller à Dijon pour effectuer la réalisation technique de son invention avec le concours d'un de ses cousins, chef-outilleur de grande valeur. Notre camarade en avait construit lui-même le prototype.
La consternation de son régiment à la nouvelle de la mort tragique, les regrets unanimes de ses chefs, de l'Etat-Major du Corps d'Armée, des nombreux amis que lui avaient valus sa conscience, sa haute culture scientifique et ses sentiments de camaraderie unanimement appréciés, enfin la douleur de ses camarades des Mines, représentés par le lieutenant Chandessais, du 75e R.A.D.C, prouvent l'étendue de la perte que viennent de faire notre Ecole et l'Armée.
Que cette manifestation soit, pour sa famille, à laquelle notre camarade n'avait jamais donné que des satisfactions, un adoucissement à sa douleur, ainsi que la pensée seule vraiment consolante : vita mutatur non tollitur.
H. C.