Fils de Emile SOLACROUP (1850-1927 ; X 1869, corps des ponts et chaussées) et de Marie HÉBERT.
Petit-fils de Antoine Emile SOLACROUP (1821-1880 ; X 1839, corps des ponts et chaussées, directeur de la Compagnie d'Orléans) et de Louise Henriette GAUTIER-DAGOTY.
Frère de Jean Virgile SOLACROUP.
Cousin de Edouard Charles Emile HEURTEAU.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion admise en 1900 et entrée en 1901). Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, février 1916 :
Né le 21 mars 1878, notre camarade avait fait ses études au Lycée Louis-le-Grand, puis était entré à l'École des Mines en 1900, après une année de service militaire au 106e régiment d'infanterie. A sa sortie de l'École, Ch. Solacroup, qui avait beaucoup voyagé en Orient et en Russie, s'était adonné à l'industrie sucrière dont son arrière-grand-père — le grand Cail — avait été un des plus illustres promoteurs. Après quelques stages aux usines de Chantenay, de Flavy-le-Martel, il administrait d'importantes fabriques russes, avec une rare compétence. Sollicité par un ami de son père qui avait su apprécier ses exceptionnelles qualités d'intelligence et de caractère, il était entré comme son collaborateur dans plusieurs affaires de mines de fer en Normandie et en Russie, et avait pris une part active à la constitution et à la gestion de la Société des Hauts-Four-neaux et Aciéries de Caen. Pendant toute la période de constitution de cette affaire, son bon sens très ferme, sa diplomatie avisée et sa rare maturité contribuèrent, dans une large mesure, à organiser, affirmer et accroître la prépondérance française qu'avaient acceptée, avec peut-être une arrière-pensée de retour, les Allemands détenteurs initiaux de l'affaire, et à instituer une gestion technique et financière rigoureusement française.
Tous ceux qui l'approchaient dans le domaine des affaires appréciaient hautement sa parfaite courtoisie dans les discussions les plus serrées, sa lucidité d'exposition, son jugement si sûr et si fin, sa loyauté absolue. Une sympathie magnétique émanait de ce jeune homme à la belle stature, à la figure énergique et fière, aux yeux débordant de bonté. Mais pour ceux qui le fréquentaient journellement, qui vivaient avec lui, quelle perte irréparable ! Son caractère droit, son humeur toujours égale parmi les préoccupations les plus sérieuses, sa maîtrise absolue de soi, sa pondération en faisaient un homme de bon conseil; sa complaisance inépuisable, sa cordialité souriante en faisaient un camarade singulièrement attirant ; mais avant toutes choses, il avait un cœur infiniment délicat, une bonté exquise. Il aimait à rendre service par un véritable besoin de dévouement et d'affection, et s'en excusait presque. Son être respirait la bonté tout naturellement, comme les fleurs dégagent leur parfum. Ceux-là seuls qui l'ont vraiment connu peuvent mesurer par leur chagrin l'étendue de leur perte : c'est comme un lambeau de leur cœur qui s'arrache !
Charles Solacroup est mort glorieusement. Mobilisé comme lieutenant au 18e territorial, puis nommé capitaine au même régiment après avoir pris part à diverses actions, il fut versé sur sa demande dans l'armée active et reçut le commandement d'une compagnie du 69e Bataillon de Chasseurs à pied. Lancé à l'assaut des deuxièmes lignes ennemies en Champagne, il tombait le 27 septembre, à l'aube, en tête de sa compagnie, qui fut, avec son chef aimé, citée à l'Ordre de l'Armée.
Sa mort, survenant quelques jours à peine après l'anniversaire de la mort de son frère (promotion 1906), frappe cruellement un grande famille d'ingénieurs qui s'éteint avec lui. Mais son nom est de ceux dont la gloire s'empare pour les rendre immortels !
Nous garderons pieusement le souvenir de cet excellent camarade, qui, dès son entrée à l'Ecole, n'avait cessé de participer activement à toutes les manifestations de sa vitalité. Étant élève, il avait été un des promoteurs du Bal des Mines. Puis, malgré ses occupations absorbantes et ses fréquents voyages, il avait été nommé d'enthousiasme au Comité de l'Association, dont il était trésorier-adjoint. Il était fier de ce titre, dans lequel il ne voyait qu'une occasion de plus d'aider ses jeunes camarades à leurs débuts.
Ce nous est un grand apaisement dans notre douleur de penser que notre cher camarade a trouvé là-haut, après une vie si brève et déjà si bien remplie, le bonheur et la récompense dont il était si digne !
Robert LE CHATELIER.