Né le 7 aout 1947 à Nancy. Fils de Jean-Marie Scherer (1920-2016) et de Paule Marie Joséphine née Okinczyk. Frère de Jacques Scherer.
Christian est marié à Elisabeth Lafforgue. 4 enfants (3 fils et une fille), l'aîné dans l'assurance habite à New York, un pilote de chasse à Versailles, une fille vétérinaire qui dirige avec son mari une entreprise de cheminées à Aurillac, et un cadre chez Eiffage.
Christian décède le samedi 18 février 2017 au soir, à Versailles. Il est enterré le samedi 25 février au cimetière communal de Jouy en Josas.
Un culte d'action de grâce a lieu le samedi 11 mars 2017 à 17 h 00 en l'église Saint Martin de Jouy en Josas
Le père de Christian était instituteur, devenu cadre dans les télégraphes puis dans les téléphones, il passe des concours qui lui donnent un avancement accéléré dans la fonction publique, et devient ainsi ingénieur du corps des télécommunications.
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1966, entré classé 13ème et sorti classé 8ème) et de l'Ecole des mines de Paris (entré classé 7ème sur 12 corpsards). Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) de Probabilités sous la direction du Pr Neveu, Université de Jussieu - Paris, 1968. Il parlait l'anglais, l'allemand et le russe. Christian Scherer est souvent retourné à l'Ecole polytechnique à la fin des années 1990, en qualité d'examinateur d'informatique au concours d'admission à l'Ecole, fonction qu'il a exercé pendant une dizaine d'années.
Corps des ingénieurs des mines (nommé ingénieur général en 2001, il finit sa carrière à 66 ans à l'échelon spécial "E").
Christian Scherer laisse l'image d'un surdoué doté d'une très grande sensibilité. De 1958 à 1963, il suit son père qui est muté en Algérie, à Bab el Oued, où il étudie au lycée Bugeaud tout en lisant les livres d'électronique de son père. Il termine ses études secondaires au lycée Pierre de Fermat, à Toulouse, et obtient le premier prix de mathématiques au Concours général en 1964. Sa photo et une longue interview paraissent dans la presse (cf. article dans Sud-Ouest). Voir aussi : un diaporama réalisé par Jean-Louis Montagut, un camarade de lycée de Christian Scherer
Suite à sa réussite au Concours général, il passe à la télévision sur le plateau à côté de Sheila, puis il fait un voyage à Tamanrasset.
Persuadé d'être reconnu, il interpelle une jeune fille qu'il croise dans la rue et lui demande s'il ressemble à sa photo ; cette passante, Elisabeth, deviendra son épouse et lui donnera 4 enfants.
En terminale, il gagne à nouveau un 2ème prix de physique au Concours général (1965). Reçu en maths-sup' au lycée Louis le Grand, il continue à correspondre avec Elisabeth restée à Toulouse. Après un mois en 1ère année de classes préparatoires, Christian souhaite accélérer ses études afin de pouvoir revoir Elisabeth le plus vite possible, et demande au proviseur de sauter une classe et d'entrer directement en 2ème année de classes préparatoires. Devant cette situation inédite, et après concertation entre les professeurs des 3 classes de mathématiques spéciales, il est décidé d'autoriser à 3 élèves à sauter une classe : Christian Scherer, André Voros et Jean-Charles Naouri. Les deux derniers entrent à l'Ecole normale supérieure, mais Christian échoue en faisant une copie blanche à l'épreuve de maths, et se résigne à entrer à Polytechnique (où il est classé 13ème sur plus de 300 admis) après une seule année de classe préparatoire.
Nous sommes en 1966. Elisabeth quitte alors Toulouse et va travailler en région parisienne. L'Administration militaire oblige Christian à signer un engagement qu'il ne se mariera pas en cours de scolarité à Polytechnique. Il aurait pu demander une dérogation, mais il préfère se marier en secret avec Elisabeth en 1967. Leur fils aîné Alexandre naît en mars 1968, avant les troubles de mai et avant la fin de la scolarité de Christian à l'X ! Christian installe à cette époque, à titre bénévole, des cables téléphoniques dans les chambrées (caserts) de l'Ecole. Pendant la période troublée de mai 1968, il fait la connaissance de son camarade de promotion et agitateur politique Alain Lipietz avec lequel il restera toujours ami sans partager les convictions ni l'attitude rebelle contre l'ordre établi. Ayant besoin d'argent, il fait un travail d'été à la Sollac, où il est introduit par son beau-frère Daniel, comme manoeuvre ajusteur P3 : il y découvre que les ouvriers veulent recevoir des primes en espèces afin de cacher ce complément de salaire à leurs épouses !
Il fait une année de service militaire (1968-1969) au Bureau de recherche opérationnelle de l'Armée de terre, où il travaille avec son camarade de promotion Yannick d'Escatha à l'ancêtre du premier drone !
Entré en 1969 à l'Ecole des mines de Paris, il fait des stages à CEGOS Tymshare et à la CII. Il découvre Unix. A CEGOS Tymshare, il implémente un analyseur du langage COBOL et participe à une équipe branchée sur le langage APL (1971). A la CII, il contribue au développement d'un interpréteur de SIMULA développé par une équipe dirigée par Jean Ichbiah.
Christian Scherer fait l'essentiel de sa carrière dans l'Administration française, à l'exception d'une courte mise en disponibilité en entreprise et pour création d'entreprise. A sa sortie de l'Ecole des mines en 1972, il commence par 6 années dans le service ordinaire des mines, d'abord dans l'arrondissement minéralogique de Metz (sous-arrondissement de Strasbourg), puis à Caen, où il est aussi chargé de mission auprès du préfet de région pour les questions industrielles. De 1976 à 1979, il s'occupe du service interdépartemental de l'industrie et des mines (SIIM) pour les régions Aquitaine et Poitou-Charentes, à Bordeaux, puis est directeur-adjoint de la DII de Bordeaux (1980-83). Il s'y occupe de déchets et de risques industriels notamment.
Photo de gauche : Dominique Petit, X62, ingénieur général des mines honoraire a été le patron de Christian Scherer à Strasbourg de 1972 à 1975 et a conservé avec lui des liens d'amitié toute sa vie Photo de droite : Christian Scherer et Dominique Petit à Strasbourg (photo prise entre 1972 et 1975) En 1975, Petit a été nommé chef du service des mines d'Amiens, et Scherer est parti à Caen. |
En 1983, Christian tente alors un passage dans le privé, à ECOPOL SA, SERETE Ingénierie, un bureau d'études filiale du CEA qui s'occupait de pollution. Il ne s'y plait pas, la quitte en 1984 et crée une entreprise pour commercialiser des logiciels pédagogiques, notamment des logiciels développés et testés en environnement scolaire par son beau-frère, Ernest Rougé.
Revenu dans l'Administration en 1986, Christian Scherer essaie d'y propager la culture internet et Unix.
Affecté d'abord au service des études et de la statistique du Ministère du travail (1986-1987), il réalise le schéma directeur informatique des services extérieurs du Travail et de l'Emploi. Ce travail a duré un an, et a eu des suites intéressantes. Il a ensuite été nommé chargé de mission pour l'informatique auprès du délégué général à l'Emploi (1987-1994). Il s'occupe alors d'un schéma directeur pour l'ANPE, l'UNEDIC, et l'AFPA. Il découvre que les chiffres qui remontent au délégué général sont faux. Il met au point une nouvelle procédure informatisée permettant de faire remonter des données plus correctes.
A partir de 1990, l'Etat dégage des budgets significatifs pour mettre au point des bases de données sur les actions de formation professionnelle dans les régions ainsi qu'au niveau national. Sont impliqués Centre Inffo, un organisme national d'information sur la F.P. qui édite également des fiches pratiques sur la F.P., mais aussi les préfets de région et les délégués régionaux à la F.P. dépendant tant des préfets que des conseils régionaux. Christian Scherer travaille alors en liaison avec liaison étroite avec Stéphane Akonde, le responsable informatique de la F.P. au niveau de la région Ile de France. A partir de 1993-94, le ministère du travail met la main sur les responsabilités de la F.P. et décentralise les responsabilités informatiques dans des organismes régionaux, les CARIF, très soucieux de leur indépendance. La tâche de Christian devient davantage administrative et ne laisse plus beaucoup de place à l'innovation et à des nouveaux développements techniques, ce qui explique son départ de ce poste.
A partir de 1994, Christian Scherer est affecté tantôt à la direction de l'action régionale et de la petite et moyenne industrie (DARPMI), tantôt au service du Conseil général des mines. Ivan Chiaverini avait été nommé directeur de la DARPMI en décembre 1994 à la place de l'ingénieur des mines Marcel Gérente. Christian Scherer a découvert que cet administrateur était l'auteur d'un recueil de poèmes et lui a proposé de l'éditer. Il travaille ensuite avec Jean-Jacques Dumont qui succède en septembre 1997 à Ivan Chiaverini.
Photo de droite: Ivan Chiaverini, photographié par Christian Scherer le 19 avril 1997 |
| Christian est nommé commissaire général adjoint de l'Exposition universelle de 2004, qui devait se tenir à Dugny (Seine-Saint-Denis), mais le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, décide en août 2002 d'annuler le projet. Suite à cet avatar, il redevient chargé de mission auprès du directeur de la DARPMI, Jean-Jacques Dumont. Il développe alors un forum et de la messagerie pour les services extérieurs du ministère de l'industrie. Photo de droite: Jean-Jacques Dumont en décembre 1997, photographié par Christian Scherer
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En novembre 1994, Christian s'émerveille lors d'une démonstration de Mosaic, Veronica et d'un moteur de recherche. Il comprend l'intérêt des nouvelles technologies de communication pour animer la vie publique. Il sensibilise le directeur de l'Ecole des mines de Paris, Jacques Lévy, à cette cause, et demande à deux équipes de l'Ecole des mines de l'aider : celle de Robert Mahl à Fontainebleau et celle de Gladys Huberman au Centre de calcul de Paris. Il achète un Mavica, l'un des premiers appareils photo numériques grand public. Il devient aussi un grand adepte de la mémoire numérique du net.
Tout en continuant son activité principale dans l'Administration, il crée plusieurs sites web dont les plus connus ont été Adminet (admi.net, adminet.org, adminet.com, bientôt dérivés en variantes nationales), Evariste (site web pour informer les PME), ensmp.net (pour garder la mémoire d'événements). En mai 2000, Philippe Batreau, que Christian considère comme l'un de ses fils spirituels, crée adminet.fr sur un modèle voisin de admi.net
Photo de droite: Philippe Batreau (juin 2005) |
Christian crée aussi de façon informelle un Club des webmestres de l'Administration (CAWA) avec une réunion mensuelle dans un café-internet, une liste de diffusion email avec convocation et compte-rendu mensuel, et un blog constamment mis à jour.
Il prend l'initiative de mettre le Journal Officiel sur internet (dont il publie rétroactivement des extraits à partir de débit 1992), d'abord de façon artisanale, puis de façon systématique avec le concours de l'Ecole des mines. Cette initiative se heurte à la volonté de confier un mandat exclusif de service public à la société ORT, qui avait reçu un monopole par application du décret n° 96-481 du 31 mai 1996. Le secrétariat général du gouvernement demande alors au directeur de l'Ecole des mines, Jacques LEVY, de respecter la légalité du décret. Christian Scherer se sent menacé, ainsi que le laisse entendre le photomontage ci-contre publié en 1995 en couverture d'une revue informatique grand public. Il internationalise le mouvement qui fut baptisé plus tard "Open Law" et conclut des accords avec des universités étrangères pour la création de sites miroirs, principalement celle de Sarrebrück où le professeur de droit Maximilien Herberger accepte d'héberger un site web avec des lois et décrets français. La Déclaration de Sarrebrück du 16 novembre 1997 officialise cette volonté des juristes de porter le Droit à la connaissance libre et gratuite de tout un chacun, de même que les Protestants de la Réforme voulaient que les textes sacrés soient connus et interprétables par tous. Plusieurs amis français de Christian participent à la signature à Sarrebrück, parmi lesquels Pierre Mayeur, à l'époque administrateur au service informatique du Sénat, qui a twitté après le décès : Christian Scherer, génial X, aiguillon de l'internet public ... et rajoutait ensuite : J'ai eu la chance de le connaître fin 1995 ou début 1996. Je faisais partie de la petite équipe (nous étions 2 !) ayant lancé le site web du Sénat. Christian a été un formidable aiguillon, innovateur et provocateur de l'Internet public. Il etait très soucieux de créer et d'animer une véritable communauté, à travers le Cawa. Nous étions ensemble à Sarrebruck il y a maintenant 20 ans pour la fameuse déclaration. Adminet et droit.org ont été une très belle aventure. Une très belle chance de l'avoir connu, j'espère être digne de sa mémoire ...
Christian avait tout pour être conformiste, la religion, la formation, le statut et il s'est offert un conflit public et frontal avec l'administration qu'il a gagné. On peut rapidement penser qu'un ingénieur des mines est conscient de son statut protecteur, mais il faut bien constater que rares (très rares) sont ceux qui s'en servent pour faire évoluer ce qu'ils trouvent anormal et dans la grande majorité des cas la peur de perdre ce statut est au contraire un frein absolu. Christian aimait d'ailleurs se comparer à Louis POUZIN, qu'il admirait parce que Louis avait combattu de l'intérieur la politique de la direction générale des télécommunications (DGT, future France Télécom) qui ne voulait pas l'avénement en France d'un réseau de la recherche semblable à Internet. L'attitude courageuse de Pouzin était admirée par nombre de supporters (y compris Jean-Michel YOLIN ou Alexandre MOATTI). Pouzin avait créé le réseau Cyclades en 1970 sur le modèle d'Arpanet (futur Internet), qui fut démantelé en 1977 sur les ordres de la DGT qui craignait qu'un Internet français sonne le glas du protocole X25 du Minitel. Pour Pouzin et les adeptes d'internet, ce fut le départ d'une lutte qui n'a été gagnée qu'en 1992-93, et Pouzin n'a été décoré qu'en 2003. |
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Les relations entre Christian et le S.G.G. se normalisent progressivement.
C'est Henri Plagnol, secrétaire d'Etat chargé de la Réforme de l'Etat de juin 2002 à mars 2004, qui fait décerner à Christian l'Ordre national du Mérite sur proposition de Pierre de la Coste. Ce dernier, qui avait été conseiller technique du ministre de l'industrie Franck Borotra de 1995 à juin 1997, avait fait octroyer une subvention de 300.000 F à l'Ecole des mines en 1997 pour mettre le Journal Officiel en ligne. Il avait proposé de réaliser la navigation entre les textes du J.O. grâce à un système d'hyperliens, et il avait apprécié qu'Adminet ait implémenté ces propositions.
| Photo de gauche : Pierre de la Coste, le 25/2/2017
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Après sa retraite en 2013, Christian continue ses activités communicatives sur internet comme dans le passé.
Peu intéressé par la politique, il participe toutefois à une liste aux élections de conseillers départementaux dans les Yvelines en 2015, comme suppléant d'une candidate DVD qui emporte 10,6 % des suffrages ; il défend alors les valeurs patriotiques, la police, la famille.
Une semaine à peine avant son décès, il souhaite témoigner au 3ème procès relatif à l'explosion AZF de Toulouse, et se fait porter en civière dans le Tribunal.
Les mises à jour du CAWA et d'Adminet se sont arrêtées quelques semaines seulement avant son décès.
Baptisé catholique à sa naissance, Christian s'est par la suite rallié au protestantisme. En effet, pendant son séjour à Caen, son supérieur hiérarchique essaie de le convaincre d'entrer dans la franc-maçonnerie, et la lecture de textes maçonniques ésotériques le fait réfléchir sur la religion. Il voit une contradiction entre la pratique de la religion chrétienne et celle de la franc-maçonnerie, et finit par décider de pratiquer le christianisme dans sa variante protestante.
Christian Scherer, c'était le courage, l'enthousiasme, la communication, la vie. C'était aussi la fidélité en amour et à ses amis, et l'acharnement au travail. Il n'abandonnait jamais un objectif qu'il s'était fixé. Il ne se plaignait pas ; en plein coeur d'une crise, il voulait toujours croire que les choses allaient s'améliorer. Esprit très indépendant, il avait fait pleinement sienne la devise de l'Ecole polytechnique : Pour la Patrie, la Science et la Gloire. Si une directive hiérarchique contrevenait à ces principes de base, il ne retenait que la partie de la directive compatible avec les valeurs fondamentales. Très attaché à son ordinateur et aux valeurs communicatives, il avait demandé symboliquement que son ordinateur soit enterré avec lui. Il avait désigné quelques "fils spirituels" pour lui succéder dans ses travaux, sans trop croire dans cette suite. Mais surtout il tenait aux valeurs familiales, avec son épouse Elisabeth, ses 4 enfants et ses 10 petits-enfants. Il disait toujours qu'il avait été totalement fidèle à Elisabeth depuis le premier jour de leur rencontre.
Publication :
La seule oeuvre publiée de Christian Scherer est Les mémoires d'un logiciel (1999), publié aux Éditions du Paradis. Il s'agit de l'histoire d'un logiciel qui parle de lui-même à la première personne, et raconte sa vie. Peu avant sa mort, Christian voulait le rééditer en complétant l'histoire avec la circulation sur internet et les virus assassins.
Les 3 fils de Christian : de gauche à droite, Alexandre, Jean-Philippe, Timothée (25/2/2017) Photo R. Mahl
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Des sites web sauvegardés par Christian Scherer | |
www.adminet.fr/ (le site de son ami Philippe Batreau)
www.annuaire-du-net.net/ www.annuaire-ile-reunion.re/ www.annuaire-mondial.com/ www.annuaire-public.com/ www.annubel.com/ www.atoomic.com/ www.bakchich.info/ (le site de son ami Jean-François Probst) www.chemineepio.com/ (le site commercial de sa fille Johanna) www.cgm.org/ (le premier site web du Conseil Général des Mines, un service du Ministère de l'industrie où oeuvraient divers amis de Christian) www.droit.org/ (un site créé par Robert Mahl pour héberger divers textes juridiques, sur l'initiative de Christian) www.e-atlantide.com/ www.eclipsis.fr/ www.e-voyageur.com/ www.express.fr/ www.fiches-pratiques.net/ www.france5.fr/ www.iledelareunion.net/ |
www.itinerances.info/
www.lexpansion.com/ www.liberte-scolaire.com/ www.malango.net/ www.mirti.com/ www.ndf.fr/ www.net-liens.com/ www.noogle.fr/ www.photos-voyage.com/ www.polytechnique.fr/ www.protelnews.net/ www.reunion-974.com/ www.runweb.com/ (un site lié à l'île de La Réunion) www.telecom.gouv.fr/ www.vigi-gender.fr/ (les idées de Christian sur la différence des sexes) www.wozzor.com/ www.wsis-si.org/ |
Jean Grisel Photo Christian Scherer (2006) | En 2006, Jean Grisel faisait de la veille sur des informations pour l'Université de Paris 7 Diderot ; il a par la suite fait de la veille pour la conférence des présidents d'université. Il avait ainsi une préoccupation commune avec Christian Scherer qui s'enthousiasmait alors pour de nouvelles méthodes d'indexation et de recherche d'information. Le commentaire de Jean au sujet de Christian :
A sa remise de décoration, le ministre [H. Plagnol] a dit dans son discours que dans l'empire austro-hongrois il y avait une décoration spéciale pour les officiers qui ayant désobéi sur le champ de bataille avaient assuré la victoire, et que c'est cette décoration qu'il aurait fallu lui donner. Ce qui était un bon résumé de son action. |
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Ci-contre une image de la page d'accueil d'admi.net, début 2017, peu avant le décès de son créateur.
| Le site comportait différentes rubriques qui étaient mises à jour quotidiennement. Christian Scherer affectionnait particulièrement la rubrique "Ecrivain public" qui donnait des modèles de lettres à envoyer à l'Administration, et celle qui donnait des liens vers toutes sortes de rapports administratifs, y compris des rapports internes à l'Administration française qu'il publiait dès que un de ses amis les lui transmettait. Le site a longtemps comporté une rubrique "CAWA" (Club des Webmestres de l'Administration).
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Une image de la page d'accueil du sous-site admi.net/jo qui permettait de consulter le Journal Officiel. Christian a commencé ce service dès fin 1991, en recopiant d'abord à la main les textes sur un site hébergé à l'Ecole des mines de Paris ! Lorsque l'Ecole s'est fait rappeler à l'ordre par le Secrétariat Général du Gouvernement, il a fallu créer un site séparé de celui de l'Ecole des mines, et ce fut admi.net
| Dès 1998, la rubrique du J.O. était très regardée, et représentait plus de la moitié des accès au site Adminet. A partir de 2005, le site officiel Légifrance a été plus facile à consulter, et la rubrique admi.net/jo a perdu progressivement de son intérêt.
| Georges Silber en 2011, ici photographié par R. Mahl à l'occasion d'un cours à MINES ParisTech sur les outils de traitement de documents en XML tels ceux du J.O.
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La page de J.O. du 1er janvier 1992 a été conservée telle qu'elle apparaissait à cette époque sur le site web de l'Ecole des mines (on ne parlait pas encore de Adminet). Il n'y avait pas encore de sommaire, mais au sein des textes les lois et décrets sont cliquables et donnent le texte intégral du texte de référence. Bien entendu, la plupart des liens ne fonctionnent plus comme jadis.
| Par la suite, grâce à l'appui de R. Mahl et du Centre de recherches en informatique de l'Ecole des mines à Fontainebleau, l'installation quotidienne des textes du J.O. sur adminet et droit.org a pu être automatisée. La présentation des sommaires ou des textes s'est améliorée. Chaque code ou article de code, chaque texte de loi ou décret numéroté devenait cliquable et conduisait au texte intégral, ce qui peut sembler tout à fait normal actuellement, mais représentait un énorme progrès de présentation par rapport à ce qu'offrait Légifrance à l'époque. 10 ans plus tard, Légifrance avait rattrapé tout son retard grâce à une révision globale de son architecture informatique, et a par la suite fait mieux que adminet en offrant, pour chaque texte, une version en vigueur et des versions antérieures. Admi.net/jo et droit.org ont alors été marginalisés et ont cessé très progressivement d'être mis à jour à partir de 2007. Le Centre de recherches a obtenu différents contrats dans le domaine de l'informatique juridique et plusieurs thèses de doctorat s'en sont suivies. Lorsque le Centre de recherche s'est recentré dans un autre domaine et a réduit les développements en informatique juridique (2011), un de ses plus brillants chercheurs, Georges Silber, a quitté le Centre pour créer une startup, LUXIA, qui a poursuivi l'activité du Centre en matière juridique.
Chaque fois que Christian se passionnait pour un sujet "administratif" ou apparenté, il créait une nouvelle rubrique sur Adminet. Voici quelques rubriques qu'il a particulièrement soigné, avec des informations très complètes qu'il essayait de mettre à jour régulièrement avec combien de difficultés :
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Il y avait parfois des réactions négatives à la méthode de Christian d'accumuler sur le web, dans un certain désordre, des informations sur toutes sortes de sujets administratifs alors que l'Administration française était souvent réticente à la communication sur internet. Les réactions pouvaient provenir de la part de collègues agacés, mais aussi du public comme le résume l'email suivant reçu le 30 août 1995 :
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c'est un peu gros d'appeler cela le reseau de l'administration. Lorsqu'on lit cela on s'attend tout naturellement a trouver des adresses e-mail. Mais rien! A part la culture l'administration francaise n'a rien, rien de rien et je pese mes mots. Trouvez-moi un seul ministre (a part celui de la culture) une seule administration ouverte au public qui soit joignable par e-mail. Même votre ministre de tutelle n'a pas son e-mail. Alors a quoi servent des pages pleines d'informations qui renvoient l'usager a lui-meme? L'internet c'est la communication. Si elle se cantonne a fournir des infos, on va pas aller bien loin... j'attends.... Salutations et bon courage. Margrethe RONNOW. Paris. Ce genre de réaction encourageait Christian à mettre les bouchées doubles et non pas à abandonner la partie ! |
Alain Lipietz (X66 corps des ponts et chaussées, et militant engagé) a écrit le 12 mars 2017 au sujet de Christian Scherer :
[ ... ] Il m'a soutenu y compris moralement pendant la difficile épreuve de ma présidentielle de 2001. Solidarité des hétérodoxes ? Bien sûr, un défenseur de l'environnement [...] et grand défenseur du service public. Mais politiquement, nous étions souvent aux antipodes l'un de l'autre, parfois même radicalement.
[ ... ] Pour moi, Christian fut d'abord une « bouille ». Une bouille de gentil hérisson. Un sourire qui ne s'éteignait jamais vraiment, même dans la perplexité, sous une masse de cheveux en épis. À la cérémonie, on a parlé de « bonhommie ». C'était plus que ça : une forme de curiosité bienveillante généralisée, oscillant de l'enthousiasme au léger scepticisme.
Aurait-on pu ne pas l'aimer ?
Dès les premiers jours à l'X il me réquisitionna pour aller chercher au fond de la banlieue un énorme stock de connecteurs et autres babioles électromécaniques d'occasion, que nous ramenâmes péniblement, pare-choc traînant sur la chaussée [ ... ] Et aussitôt il se mit à nous câbler. Tous. Le souvenir que je garde de lui : deux années à « nablater » (bricoler, de l'opérateur « nabla », couteau suisse du calcul différentiel) pour ses camarades, passant de chambre en chambre avec ses pinces, ses cruciformes et ses câbles. Je ne sais plus pour quoi exactement, le téléphone ? Ce n'était pas en tout cas internet ... ça viendrait.
[ ... ] Comme Julian Assange, il avait pour doctrine de publier gratuitement tout ce qui tombait de la Main de l'Etat (« l'Open Law »), se heurtant d'emblée, non au Secret défense, mais à des privilèges d'Ancien régime, à des Fermiers généraux de la publication [ ... ].
Adieu Christian, hérisson souriant de la révolution silencieuse.