Né le 26/8/1849 à Limoges (Haute-Vienne).
Epoux de Marie Louise Françoise de BRICHE. Père de Henri de SAVIGNAC.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1870). Ingénieur civil des mines. Admis aux cours préparatoires le 6/9/1869 (classé 5) puis à l'Ecole d'ingénieurs le 18/7/1870 (classé 3). Il obtient le diplôme le 10/6/1873 (classé 3). Voir le bulletin de notes de Savignac
Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines (1924)
Notre camarade, Louis de Savignac, de la promotion de 1870, s'est doucement et pieusement éteint le jeudi saint, 17 avril 1924, dans sa soixante-quinzième année.
Il était toujours resté fidèlement attaché à notre Ecole et à notre Association ; il leur a fait honneur. Notre Comité l'a compté parmi ses membres à deux reprises différentes : de 1905 à 1900 et de 1912 à 1919. En 1914, il en avait été nommé vice-président.
A sa sortie de l'Ecole (1873), Savignac chercha d'abord sa voie dans l'industrie sidérurgique et sembla devoir s'y spécialiser. Il débuta, comme ingénieur, aux Forges de Commentry ; puis entra bientôt, comme sous-directeur, aux usines de Montataire, un des rares établissements français qui, à cette époque, fabriquât le fer-blanc. Il y étudia à fond cette fabrication et, à la suite de plusieurs voyages en Angleterre, résuma ses études dans un rapport des plus remarquables qui fixait en quelque sorte l'état de cette industrie au moment où il l'étudiait. Il est regrettable, pour nous ingénieurs, que de pareils travaux restent enfouis et ignorés dans des archives.
L'industrie des produits chimiques attira Savignac à Clermont-Ferrand pendant quelques années. En 1891, il revint à la sidérurgie. Après une inspection générale des usines de la Compagnie des Forges de Franche-Comté, il prit la direction de la plus importante, celle de Fraisans, qu'il réorganisa complètement.
En 1894, successeur de notre camarade Fabre à l'Union des Gaz, il consacra tous ses soins à cette importante Société, qu'il ne devait plus quitter et à laquelle il rendit les plus grands services comme secrétaire général d'abord, puis comme administrateur et enfin comme vice-président du Conseil d'administration.
Dans tous ces postes successifs, il avait montré son aptitude aux travaux les plus variés, l'étendue de ses connaissances et son inlassable activité. Ces qualités lui permirent de joindre de nouvelles fonctions à celles déjà lourdes qu'il remplissait à l'Union des Gaz et d'accepter, comme administrateur-délégué, la direction des mines de fer de Saint-Rémy. Il sut porter au plus haut degré de prospérité ces vieilles mines normandes.
Savignac n'était pas doué seulement de qualités professionnelles. Né en 1849, il appartenait à une génération de Français qui ont eu le privilège peu enviable de subir deux invasions prussiennes. Dans ces deux redoutables crises, il sut montrer qu'il était le digne descendant d'une vieille famille française, établie depuis plusieurs siècles en Limousin.
En 1870, lors de la première invasion, il était élève aux cours préparatoires. Bien qu'exempté de service militaire comme ayant un frère aîné officier de marine, il vînt prendre place dans les rangs de la garde nationale mobile parisienne, y servit pendant tout le siège de Paris et combattit aux affaires du Plateau d'Avron et de Buzenval.
En 1914, son âge l'éloignait du service militaire, mais il était trop bon patriote pour rester inactif. Il s'efforça, modestement et sans phrases, mais avec une énergie incomparable, de suppléer aux vides creusés par la mobilisation dans les services de l'Union des Gaz et des mines de Saint-Rémy. Il parvint, en surmontant des difficultés inouïes, à les maintenir tous en activité et à produire ainsi des tonnages importants de matières utiles à la défense nationale. Il tint jusqu'au bout : mais le prolongement d'un pareil labeur et les fatigues qu'il entraînait épuisèrent ses forces physiques. Il a succombé, victime de la guerre, conservant jusqu'au dernier jour toutes ses forces intellectuelles et morales, et même — ceux qui l'ont alors approché en ont été témoins — son ardeur au travail.
L'industrie ne l'absorbait pas tout entier, loin de là ! Il donnait une grande attention aux questions religieuses. Camérier secret de Leurs Saintetés les papes Pie X, Benoît XV et Pie XI, membre du Conseil curial de l'église Saint-Augustin, sa paroisse, et de la Commission du Vœu National du Sacré-Cœur à Montmartre, il était, en outre, le conseil éclairé de nombreuses œuvres et toujours prêt à répondre à l'appel de ceux qui avaient besoin de lui.
Je ne crois pas être aveuglé par une vieille amitié en disant que tous ceux qui l'ont connu ou seulement approché ont conservé de lui un souvenir très vif et rendu très doux par la distinction et la finesse de son esprit, par sa bonté profonde et cordiale, par la confiance souriante et l'égalité d'humeur avec lesquelles il accueillait toutes choses.
Cependant, nous ne le perdons pas tout entier. Il laisse un fils, notre camarade Henri de Savignac, qui suit dignement la carrière, l'exemple et les traditions de son père : il le prolonge parmi nous. Je suis sûr d'être le fidèle interprète de notre Association en lui adressant nos bien vives et sincères condoléances de la perte cruelle qu'il vient de subir.
P. L. Burthe (ancien élève de l'Ecole des mines de Paris, promotion 1869).