Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1914). Ingénieur civil des mines.
Salah Ben Salah est le premier ingénieur tunisien à avoir obtenu le diplôme de l'Ecole des mines de Saint-Etienne.
Après son retour en Tunisie, il n’a pas trouvé de poste puisque ce type de poste était en ce moment réservé aux français. Il a écrit plusieurs demandes à plusieurs sociétés minières qui opéraient en Tunisie, en Algérie, en Pologne…, mais en vain. En 1922, il a pu décrocher un contrat à la société ottomane d’Héraclée comme ingénieur au siège de son exploitation de Zonguldak en Asie mineure pendant trois ans (de 1922 à 1925). Le 1er février 1928, il a été recruté par la Compagnie Equatoriale des Mines pour sa mission « Oubangui- Chari » pour une durée de 3 mois en France et 18 mois dans la colonie. La mission avait pour objectif de prospecter et de faire des sondages en Afrique française et équatoriale. L’équipe de la mission était formée de l’ingénieur Salah Ben Salah, du géologue G. Kerableff et d’un topographe... Le chef de la mission était Mr De Lenzac. Des militaires aussi soutenaient les membres de la mission tel que le commandant Morange.
Le 13 mars 1928, l’équipe de la mission s’est embarquée de Bordeaux sur le paquebot « Le Brazzaville » vers l’Afrique équatoriale. L’équipe a fait des prospections à Bassam, à Lomé (le Togo allemand), à Cotonou (capitale de Dahomey : l’actuel Bénin), à Douala (ancien Cameroun allemand), à Libreville et à Port Gentil (Gabon). Ensuite le paquebot arrive à Boma au Congo belge. Les autorités belges ont délivré un laissez-passer aux membres de l’équipe pour rejoindre Brazzaville, puis Kinshasa. Ils ont traversé le fleuve du Congo à bord du bateau belge « Le Congo- Lia » pour arriver à Brazzaville. Le 17 mai, ils ont débarqué à Bangui ; le 21 mai à Bambari, le 24 mai à Alindao, le 30 mai à Bagassou, le 1er juin à Bassou à Bakouma, le 4 juin à Mamangunda, le 5 juin à Danguiro, le 8 juin à Bakouma à nouveau. Le 12 juin ils arrivent à Yalingo, le 14 juin à Ndélet, le 15 juin à Ouadda, le 20 juin à Ouanda Djalé. Après quelques jours de prospection et de sondage dans la région de Birao, l’ingénieur Salah Ben Salah fut atteint de la maladie du sommeil, causée par la mouche Tsé-Tsé. Il s’est éteint le 28 août 1928 et a été enterré à Birao. Pour affronter l’oubli, la Compagnie Equatoriale des Mines a envoyé une plaque en Bronze portant le nom de l’ingénieur « Salah Ben Salah ». De leur côté les autorités françaises de l’époque ont veillé sur sa tombe qui existe encore aujourd’hui et l’ont ornée de rangées de fleurs.
Ses amis et ses compagnons dans la mission de prospection ont été fortement touchés de sa disparition. D’après son journal de bord, ses correspondances, Salah Ben Salah n’était pas seulement un talentueux ingénieur, il a été aussi un géographe chevronné, un bon sociologue et un fin anthropologue qui s’est investi pour son métier et la compagnie qui l’avait embauché. En outre l’ingénieur Salah Ben Salah avait tissé des bonnes relations avec des amis, anciens compagnons d’études et d’organismes français, entre autres Charles Rouveure (président de la Société Amicale des Anciens Elèves de l’Ecole Nationale des Mines), M. Magniny (président de la Société Amicale des Anciens Elèves du Cours Sogno), auxquels il avait adhéré et était un des membres actifs.
Durant sa courte carrière professionnelle, l’ingénieur Salah Ben Salah a introduit en Tunisie de nouvelles techniques et méthodes de travail dans le secteur industriel, entre autres : le ciment de laitier, les techniques américaines d’extraction des métaux et charbons, les machines à couper les poutrelles…
En 1966, Mr Ahmed Ben Salah, cousin du défunt, alors Secrétaire d’Etat des finances du président Habib Bourguiba, a eu des correspondances avec la direction de Compagnie Equatoriale des Mines. Le P.D.G de cette société, qui était en visite de travail en Tunisie lui a remis le dossier administratif de l’ingénieur Salah Ben Salah. Il l’a confié au président de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens, le premier polytechnicien tunisien, Mr Mohamed Ali Elannabi (1906-1962 ; X 1929). Malheureusement il n'y a plus la moindre trace de ce dossier dans les archives de cette institution, je me suis donc contenté de son journal de bord, de ses correspondances et effets personnels pour la réalisation de cette étude biographique.
Adel Ben Youssef (juillet 2008)