Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1935). Ingénieur civil des mines.
Revue des Ingénieurs, août 1949 :
Raymond Saias, né à Marseille le 18 mars 1915, était de la promotion 1935 de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris. Il était médaille d'or de sa promotion.
Depuis septembre 1948, il était Directeur de la Mine de la Cadière, mine de lignite située a La Cadière, dans le Var, gisement difficile. Le 21 février 1949, vers 18 heures, il apprend que le feu vient de se déclarer à la mine. Le chef porion tente vainement, en raison du danger encouru, de le dissuader de se rendre dans la galerie en flammes. Il ne l'écoute pas, pensant aux hommes du fond.
Dans la galerie, un éboulement de roches incandescentes le renverse, ainsi que les hommes du fond. Il est le plus grièvement brûlé, son corps protégeant un peu ceux des mineurs du fond. Domptant sa douleur, il sort de la mine par ses propres moyens. Malgré tous les soins que lui donnent des spécialistes envoyés de Paris, il meurt le 23 février à 21 heures, après d'horribles souffrances.
Cette mort n'est nullement la conséquence d'un acte de témérité irréfléchie. Elle résulte du don total de Raymond Saias à son œuvre d'ingénieur et à la pleine conscience de ses responsabilités. Sa mort a révélé en effet que depuis le 15 septembre 1948, il avait accepté, en plus de la responsabilité technique de l'exploitation de la mine, les responsabilités matérielle et financière de la gestion avec un désintéressement absolu. S'il avait fait abstraction de ses propres intérêts, c'est en fait qu'il désirait maintenir en activité une mine qui était devenue « sa mine » par le travail qu'il y avait fourni, et pour éviter le chômage à des ouvriers auxquels il avait communiqué sa foi. Il n'a pas hésité dès lors, à se rendre dans la galerie en flammes pour y défendre, en personne, ces ouvriers et cette mine, auxquels en définitive il aura consacré, en pleine jeunesse, ses peines, ses ressources et sa vie.
Raymond Saias, mobilisé en 1939, avait reçu a Croix de guerre 1939-40.
Pendant l'occupation, il avait préservé un grand nombre de jeunes gens du S.T.O., en les embauchant plus ou moins fictivement à la mine. A la Libération, il était chef du Groupe F.F.I. de la région. L'estime qu'on lui portait unanimement l'avait fait nommer Conseiller municipal de Bandol (Var).
Nous nous inclinons devant la douleur de sa veuve, de ses parents, de son frère — Ingénieur des Ponts et Chaussées. Nous transmettons à tous nos camarades ce très bel exemple de vie et de mort d'un Ingénieur qui a tout sacrifié à ses devoirs de Chef. La croix de la Légion d'Honneur lui a été attribuée à titre posthume, et il a été cité à l'ordre de la Nation, le 20 juin, dans ces termes :
« M. Raymond SAIAS, ingénieur civil des mines, pour les motifs suivants : Après s'être distingué dans la Résistance, s'est totalement consacré à la direction de la mine de la Cadière. A fait preuve dans cette tâche particulièrement difficile de qualités, de courage, de sang-froid et de complète abnégation, prenant pleinement conscience de ses responsabilités. Apprenant qu'un incendie venait de se déclarer dans la mine, s'est immédiatement rendu dans une galerie en flamme afin d'essayer de sauver les mineurs du fond. A trouvé la mort dans cet acte de dévouement le 23 février 1949. »