Gilbert ROITELET (mort en 2006)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1938). Ingénieur civil des mines.


Gilbert ROITELET,
par Paul DOMENJOUD et Jacques PETITMENGIN

MINES, Revue des Ingénieurs, décembre 2006 :

"Pourquoi nous, les bourgeois, le traitions-nous comme un des nôtres, lui, le pauvre pupille de la nation ?" demandait souvent Gilbert Roitelet à son délégué de promotion, qui lui répondait que "nous avions le même diplôme de la même école et que par conséquent nous n'étions pas socialement différents". Gilbert Roitelet vit une enfance difficile. Après son père, mort pour la France, il perd sa mère à huit ans. Enfant de troupe à Autun, élève au Prytanée, il entre à l'Ecole des Mines de Paris en 1938. La guerre l'amène à l'Ecole d'Artillerie à Fontainebleau.

Après la débâcle, il termine sa scolarité et entre en 1942 aux mines de Carmaux, recruté par le marquis de Solages en personne, leur propriétaire à l'époque. Il est affecté aux travaux du jour. Très actif dans l'Armée Secrète, il participe aux combats de la libération, puis descend au fond pour la "Bataille du Charbon". Un accident en taille lui fait perdre un oeil, et l'oblige à remonter au jour. Devenu Ingénieur en Chef, il est responsable, notamment, de l'usine d'ammoniac et d'engrais. Début 1968. il accompagne cette usine et son personnel dans leur transfert à CdF-Chimie, qui regroupe toutes les activités chimiques des houillères. Il participe alors largement à la mise en place de cette entreprise, en pilotant avec la CEGOS sa réorganisation d'ensemble. La fermeture de l'usine d'ammoniac de Carmaux, non compétitive face aux unités modernes dix fois plus grosses, le conduit à lancer une reconversion totale de l'usine et de tout son personnel, qui deviennent fabricants de sacs plastiques haut de gamme. Après sa retraite, Gilbert Roitelet continuera à présider les deux filiales de CdF-Chimie transformatrices de matières plastiques dans le Midi. A la suite de difficiles problèmes familiaux, il doit, sur le tard, prendre entièrement en charge l'éducation de deux petits-fils, qu'il mènera jusqu'à la fin de leurs études supérieures. Miraculeusement sauvé d'une rupture de l'aorte en Espagne, il ne bougera plus guère de Carmaux. Malheureusement, une maladie de Parkinson particulièrement agressive et invalidante gâcha les trois dernières années de sa vie. Il nous a quittés le 10 septembre 2006.

Que Blanchette, son épouse, et toute sa famille soient assurées que nous garderons toujours le souvenir de Gilbert Roitelet, de son intelligence, de son imagination, de son courage et de sa ténacité face au danger ou à l'adversité, et aussi de son sens du commandement, de son indépendance d'esprit, de sa loyauté, de son franc-parler et de sa fidélité à l'égard de tous ses collègues et amis.

Paul Domenjoud (P38) - Jacques Petitmengin (P49)