Décédé le 16 octobre 2015 à Sainte-Foy-lès-Lyon, âgé de 87 ans. Epoux de Ingrid, née ZETTERMAN. Père de Elisabeth (Mme Philippe RAVAUD), Pierre, Christine.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1949). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Mars/Avril 2016 N° 484.
Notre camarade Bernard Riveau vient de s'éteindre après de longues et douloureuses années de maladie. L'amour de la vie ne l'avait jamais quitté : il avait passionnément aimé la montagne qu'il a parcourue, hiver comme été, avec ses copains, puis avec ses enfants et ses petits-enfants, et il avait découvert la mer avec la «Royale».
Très jeune il a assumé de grandes responsabilités, comme assurer à vingt-sept ans le lancement d'une usine de semi-conducteurs, une première en France, à Saint-Egrève pour la CSF.
Sérieux, nous, les élèves des Grandes Écoles nous l'étions en général, confrontés aux problèmes que posait le redressement de la France et intérieurement coupables de n'avoir pas pris part aux combats, il s'en était fallu d'un an ? De deux ?
Nous n'étions qu'à quelques centaines de mètres de Saint-Germain des Prés que nous découvrions dans les films, ça nous distrayait, mais les discussions oiseuses de cafés, les queues de cheval et les galipettes dans les caves, ça ne nous intéressait guère. Et Bernard non seulement était sérieux, mais il faisait sérieux, ce qui a joué en sa faveur dans les recherches d'emploi. Sérieux il l'a également été, outre mesure probablement, dans sa jeune vie sentimentale : qui d'entre nous n'aurait pas simplement secoué ses épaules pour se débarrasser de telle ou telle, qui ne savait pas ce qu'elle voulait, si notre avenir alors en dépendait ? On pourrait aller jusqu'à dire que Bernard se sentait responsable vis-à-vis de tous ceux, et toutes celles qui croisaient sa route. Exagéré ? Peut-être mais si tous étaient comme lui, le monde ne s'en porterait-il pas mieux ?
Rassembleur, syndicaliste, président de l'UGE (Union des Grandes Écoles), il a défendu farouchement le statut des Grandes Écoles menacé par les visées de l'Université, plutôt de gauche, jalouse des pouvoirs et des succès des étudiants qui avaient choisi la voie ardue et contraignante des concours.
Bernard ne s'est jamais ménagé, rejetant d'emblée les vacances faciles, au bénéfice de longues randonnées, à pied, à vélo, et à ski, d'escalades inaccessibles aux gens ordinaires. «Havard avait accepté de travailler avec moi...». Cette phrase renversait les rôles dans ce qui a suivi, une conversation sur le boulevard Saint-Michel où nous nous étions rencontrés par hasard fin 54. Mais surtout, alors que pour beaucoup, elle n'aurait été qu'une aimable figure de style, elle reflétait dans la bouche de Bernard un grand respect des autres, et une admiration non feinte pour leurs capacités supposées, à ces «tout bons» comme il disait, sans parler de sa fidélité sans failles en amitié.
Allergique à ceux qu'il qualifiait d'un vocabulaire bref mais expressif, mais étonnement patient avec eux, il ne tolérait pas l'injustice. C'est ainsi qu'après avoir travaillé à la CGE, chez Cont Edison, et Westinghouse, il a passé plus d'années chez Bendix que ne l'aurait justifié le seul souci de sa propre carrière, pour soutenir un patron, devenu l'homme à abattre. Généreux il a prodigué à des étudiants en science une formation économique pour faciliter leur insertion dans les entreprises. Enfin, à partir de 1972, il a pu donner toute sa mesure au sein de l'IDI qui lui a confié le sort d'une demi-douzaine de cadavres potentiels, dont il a extrait un ensemble capable d'exporter des usines clé en main dans le monde entier et particulièrement en URSS. Bernard a réuni le long de sa carrière perspicacité, compétence et humanité.
Cyril Havard (P49)