Henri Louis Jules Ferdinand RÉMAURY (1833-1897)

Né le 17/6/1833 à Mirepoix (Ariège).

Admissible à l'Ecole polytechnique.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1854 : admis en classe préparatoire le 12/9/1853, classé 8 ; admis comme élève externe le 10/8/1854, classé 4 ; breveté le 2/6/1857, classé 1). Ingénieur civil des mines. Voir le bulletin de notes de Rémaury


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, juin 1898.

Biographie par P. Lemonnier.

Notre Association a perdu le l0 juin 1897 un de ses membres fondateurs dont le dévouement à notre oeuvre ne s'est jamais démenti et qui fut pendant une année président de notre comité.

Remaury est né en 1833 à Mirepoix (Ariège). Entré à l'Ecole des Mines en 1854, il en sortait en 1857 et fut admis presque immédiatement comme ingénieur aux Forges d'Ars-sur-Moselle qui appartenaient alors à MM. Dupont et Dreyfus.

Il s'y fit promptement remarquer par son ardeur au travail et par la sûreté de son jugement. Aussi lui fallut-il peu d'années pour inspirer à ses chefs une si grande confiance qu'ils lui donnèrent la direction de leurs mines et usines.

Les événements de 1870 le trouvèrent dans cette situation à la tète d'une population pleine de courage et de patriotisme, et lorsque Metz et son territoire devinrent la proie de l'ennemi, c'est en vain qu'on voulut imposer à Remaury l'obligation de mettre au service des vainqueurs les ressources de l'usine. Arrêté brutalement, il fut emmené en Allemagne et détenu prisonnier pendant plusieurs mois.

Après la paix de 1871, il fût chargé par MM. Dupont et Dreyfus de traiter de la cession des usines d'Ars à un groupe de métallurgistes allemands, il sut se montrer négociateur habile, et tirer de la situation un parti inattendu.

Aussi les anciens propriétaires de l'usine ne voulurent-ils pas se séparer de lui, et lui confièrent-ils le soin d'étudier, de construire et de diriger une nouvelle forge en territoire français, à Pompey où le personnel d'Ars le suivit presque tout entier.

Remaury travaillait là sur terrain vierge, soigneusement choisi par lui, et put donner la mesure de son talent d'organisateur par la disposition rationnelle des divers ateliers dont le plan d'ensemble sera consulté encore aujourd'hui avec fruit par nos jeunes camarades.

Remaury resta directeur de Pompey jusqu'à la fin de 1878 et vint se fixer à Paris.

Le Crédit Lyonnais le chargea de la direction de son bureau d'études industrielles; on lui confia la tâche de créer les hauts fourneaux de Villerupt.

Il retrouvait là sa chère Lorraine qu'il avait abandonnée avec regret et où il avait laissé d'excellentes relations, et des intérêts comme administrateur des Salines et des Soudières des environs de Nancy.

Puis, confiante dans ses lumières, la société de Decazeville réclama son concours, comme Ingénieur Conseil. Il trouva dans cette situation qu'il ne conserva pas longtemps, l'occasion d'étudier les ressources de cette affaire, et ce fut grâce à ses conseils et à son intervention que la compagnie de Commentry-Fourcharnbault fusionna quelques années après avec celle de Decazeville.

Remaury, infatigable, donnait en même temps ses soins à un grand nombre d'autres affaires. Qu'il nous suffise de citer le Gaz de Lyon, les Mines de Kebao au Tonkin, la Société des Allumettes dans la même région, le Génie civil, journal hebdomadaire, dont il fut un des créateurs et où il succéda à Emile Muller comme Président du Conseil. Grâce à son administration prudente, cette Revue parvint à sortir des difficultés du début et à occuper une place sérieuse dans les publications périodiques, scientifiques et industrielles.

Remaury s'occupait encore du collège Sainte-Barbe, où il avait fait ses études et dont il était devenu administrateur. Il contribuait enfin, avec le concours d'un de ses camarades et amis, à l'application des récents procédés de déphosphoration sur sole en France et à l'Étranger.

En 1878, après l'Exposition, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.

La Société des Ingénieurs civils lui accorda quelques années plus tard une médaille d'or pour son mémoire sur les ressources minières et sidérurgiques de Meurthe-et-Moselle.

En 1889 il fit partie du jury de l'Exposition universelle.

Toutes ces occupations si diverses ne l'empêchaient pas de s'intéresser aux questions sociales et économiques, et le Génie civil contient de lui plusieurs articles importants sur la matière.

Comme on le voit, cette vie courte fut bien remplie.

Remaury était un travailleur et aussi un excellent camarade, toujours prêt à accueillir les jeunes, à les aider de ses conseils, à trouver l'emploi de leurs capacités, et à les faire profiter de ses nombreuses relations.

Tous ceux qui l'ont connu et pratiqué étaient devenus ses amis et conservent de lui le meilleur souvenir.