Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1904). Ingénieur civil des mines.
Publié dans le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Janvier-Février-Mars 1919
Lucien Ramon passa la plus grande partie de sa jeunesse à Illiers (Eure-et-Loir), où son père était percepteur. Après de fortes études, il entra à l'Ecole des Mines. C'était un charmant camarade ; tous ceux qui l'ont connu se rappellent avec quel dévouement et quel entrain il prenait part à nos réunions et à nos soirées amicales, où il apportait le concours de son esprit très ouvert et très fin.
Dès sa sortie de l'Ecole, il entra à la Société française de la Viscose (soie artificielle) où il retrouvait MM. Doury (P 1887) et Vergnole (P 1903). Il fut successivement chef de laboratoire et chef de fabrication, d'abord à l'usine de Vals-les-Bains, puis à celle d'Arques-la-Bataille. Dans cette industrie, relativement nouvelle, il montra tout de suite ses aptitudes comme chimiste et metteur au point d'essais. Il eut aussi l'occasion d'accomplir des missions industrielles fructueuses en Angleterre, en Allemagne et en Belgique. Au bout de quelques années, il fut engagé comme directeur à l'usine de Venaria-Reale (Société Italienne de la Viscose), près de Turin, qui dépend de la même industrie. Ses qualités et son activité lui acquirent rapidement la confiance des administrateurs de sa Société, et un bel avenir l'attendait.
Entre temps, il s'était marié et avait eu deux gentils enfants.
C'est dans son poste de directeur de l'usine de Venaria-Reale que la guerre le surprit. Il partit et prit part aux premières campagnes comme sous-lieutenant au 274e régiment d'infanterie, puis au 3° génie. Sa brillante conduite lui valut d'abord la citation suivante (à l'ordre du 274e d'infanterie) :
« Du 8 au 13 juillet 1915, pendant l'occupation des tranchées de première ligne, sous un feu violent et très précis d'obusiers, a réussi, grâce à des mouvements en tiroirs, appropriés et heureux, effectués dans une tranchée non pourvue d'abris, à faire échapper complètement sa troupe aux effets de l'artillerie, malgré trois obus tombés exactement dans la tranchée à l'emplacement de sa section. »
A la fin du mois de septembre 1915, il fut blessé mortellement dans un assaut, en Artois. Transporté à l'hôpital Cochin à Paris, il ne put être sauvé par les soins dévoués dont on l'entoura et s'éteignit doucement au bout de quelques jours, le 6 octobre 1915, en murmurant de belles paroles de résignation chrétienne.
Sa dernière action d'éclat lui avait valu la deuxième citation suivante (à l'ordre de l'armée) :
« Officier plein de courage et de sang-froid. S'est élancé à l'assaut à deux reprises, sous une pluie de balles, après avoir fait preuve d'une activité admirable dans l'organisation de la tranchée conquise. A été grièvement blessé en tête de ses sapeurs. »
Ainsi est disparu ce camarade, auquel nous attachent tant de souvenirs et d'affection. Puisse la mémoire que nous lui vouons être un réconfort pour Mme Lucien Ramon et ses enfants, pour les parents, les sœurs et toute la famille de notre cher camarade !
E. V.