Fils de Pierre PIATON et de Marie Céline MICHEL. Né le 26/6/1853 à Lyon (Rhone).
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1873 ; entré classé 238, sorti classé 53) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1875). Ingénieur civil des mines.
Juge au tribunal de commerce de Lyon, membre du directoire de la Caisse d'Epargne du Rhône, il devient conseiller municipal de Lyon en 1896. Il administre diverses sociétés (notamment Mines de Roche la Molière, Société d'économie politique de Lyon). A la Compagnie du gaz de Lyon, il travaille sur la mécanisation de la manutention de la houille et du coke. Il réconcilie les gaziers et les électriciens.
Citation du site de l'Association Française du Gaz :
Il fut administrateur de nombreuses usines à gaz, de la Société des produits chimiques dAlais et de la Camargue, de lAluminium français et de la Société générale de force et de lumière.
En 1881, il adhéra à la Société technique, dont il devint le président en 1901. Il présida le congrès de Paris en 1902 et celui de Toulon en 1903. En 1909, il fut élu président du Syndicat professionnel de lindustrie du gaz.
Avec perspicacité, il évoqua lors du discours quil prononça en 1902 en tant que président, linfluence quune union plus étroite entre lindustrie du gaz et celle de lélectricité pourrait avoir. Il fut en quelque sorte le précurseur de lunion des industries électriques et gazières à en juger par létude très documentée quil réalisa sur les conditions dexploitation dune entreprise commune déclairage au gaz et déclairage électrique.
Il préside l'Association Française du Gaz de 1901 à 1903.
Publié dans le Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines, nov.-déc. 1917
M. Edouard Kaeuffer, vice-président de la Société Technique de l'Industrie du Gaz en France, a prononcé aux obsèques de notre regretté camarade Maurice Piaton une allocution d'où nous extrayons les passages suivants :
« Peu de temps après sa sortie de l'Ecole des Mines, qui avait fait suite à deux ans d'Ecole Polytechnique, M. Piaton prenait en 1880 la direction du Bureau qu'il a depuis administré, en sorte que je puis dire qu'il a consacré à l'Industrie du Gaz la majeure partie de son existence industrielle.
« Dès 1881, il était membre de notre Société et douze ans après, les suffrages de ses collègues l'appelaient à siéger parmi les membres du Comité dont il devenait successivement vice-président en 1900 et président en 1901. C'est à ce dernier titre qu'il présida les Congrès de Paris en 1902 et de Toulon en 1903.
« C'est lui qui mit sous nos yeux, lors de la réception du Congrès à Toulon, la première installation de chargement mécanique des cornues. Ce procédé, par la suite, devait ouvrir la voie à des modifications industrielles profondes en modernisant l'usine à gaz par l'application de la manutention mécanique au transport des houilles et cokes.
« Il fut parmi ceux de nos collègues qui comprirent les premiers tout l'intérêt que. présentait pour l'avenir de notre industrie une collaboration intime et complète du gaz avec l'électricité.
« Cette vue du l'avenir se précisa dans l'intéressant discours qu'il prononça lorsqu'il prit la présidence de notre Société, il fit une étude tres approfondie et documentée sur la comparaison des conditions de l'exploitation par la même entreprise de l'éclairage au gaz et de l'éclairage électrique par station centrale.
« Les conclusions de cette étude ont été depuis complètement vérifiées par les résultats pratiques.
« Ces considérations dont vous voudrez bien me pardonner le côté un peu technique vous mettront à même d'apprécier à la fois la place considérable qu'avait prise parmi nous l'homme éminent dont nous honorons aujourd'hui la mémoire et aussi l'étendue de la perte que nous avons à déplorer.
« Depuis quelques années, nous avions eu la préoccupation de voir chanceler sa santé, mais il n'en avait pas moins conservé la plus grande activité.
« Aussi, lorsque vinrent les jours difficiles de notre industrie, conséquence imprévue d'une guerre sans précédent dans l'histoire du monde, il fut à son poste pour apporter par les affaires qu'il administrait le concours le plus dévoué aux fabrications de la Défense Nationale.
« Il sut lutter vaillamment pour la sauvegarde des intérêts qui lui étaient confiés en face de la délicate situation créée par le fait de la fixité des prix de vente du gaz opposée à la hausse imprévisible de la matière première.
« Tous ces soucis d'affaires furent hélas ! accompagnés d'un deuil de famille qui, pour glorieux qu'il était, ne le laissa pas moins accablé de douleur.
« Lorsqu'il fallut se décider à l'intervention que randait nécessaire son état de santé, il s'y prêta avec toute la résignation du chrétien doublée de la résolution de l'homme énergique envisageant toutes les conséquences de l'avenir.
« Il eut la magnifique pensée de désirer cette intervention pour pouvoir, a-t-il dit, se remettre complètement afin d'être à même, après la victoire, de consacrer toute son activité aux affaires industrielles en vue de suppléer à, l'absence de ceux qui, si nombreux, sont, glorieusement tombés pour la France.
« N'est-ce pas là un sentiment qui éclaire d'un jour particulièrement lumineux la mémoire de celui que nous pleurons !
« Il ne disparaît pourtant pas ; ses fils, et en particulier son fils aîné, notre cher collègue, ainsi que son beau-frère, M. Martin, notre collègue également, continueront dans notre milieu les traditions de travail et de haute honorabilité qu'il leur a léguées.
« Qu'il me soit permis en terminant d'apporter à sa veuve l'hommage ému de notre profonde sympathie, que sa famille et tous ceux qui le pleurent puissent éprouver un adoucissement en sachant que notre famille gazière est tout entière avec eux dans cette douloureuse circonstance. »
Nous ajouterons à cette allocution, des extraits de celle qui fut prononcée sur la tombe de Maurice Piaton par M. Auguste Isaac, président honoraire de la Chambre de commerce de Lyon :
« Fils d'un père distingué qui fui lui-même un modèle d'activité, d'intelligence et de dévouement au bien public, il fit de brillantes études consacrées par l'entrée à l'Ecole Polytechnique, qui le conduisit à l'Ecole des Mines. Son esprit précis et rigoureux était fait pour les sciences qui préparent à la fois à la profession d'ingénieur et à la conduite des grandes affaires. Entré d'abord comme ingénieur à la Compagnie des Mines de Roche-la-Molière, dont il présidait hier encore le Conseil d'administration, il ne tarda pas à être attiré par des entreprises plus variées ; il devint peu à peu un spécialiste émérite dans la création et l'administration des compagnies d'éclairage, par le gaz d'abord, puis par l'électricité, quand les progrès de la science et le voisinage des forces hydrauliques des Alpes eurent fait de notre ville un centre important d'exploitations nouvelles.
« Vous m'excuserez de ne point énumérer tous les Conseils dans lesquels on le pria successivement d'entrer, gaz, produits chimiques, construction mécanique, énergie électrique. J'ai peur d'en oublier. A Paris comme à Lyon, à l'étranger aussi bien qu'en France, les avis de Maurice Piaton étaient écoutés avec déférence. Il avait la science, l'expérience, la prudence qui n'excluait pas l'initiative, il avait la. fermeté, la connaissance des hommes et la loyauté, impeccable dans les relations. Bon sans faiblesse, bienveillant et attentif, désireux de rendre service à ses concitoyens, il accepta les délicates fonctions de juge consulaire, et celles non moins épineuses de conseiller municipal. Ce n'est pas que la politique le séduisît ; il pensait seulement rendre service par son expérience, ses habitudes de calcul et de prévoyance ; il s'imaginait que les intérêts d'une grande ville, et même que ceux d'un grand pays pourraient être étudiés et dirigés comme ceux d'un vaste Conseil d'administration où les passions non moins que les paroles inutiles, ne sont que des pertes de forces. Mais la destinée l'appelait ailleurs, dans le monde des vraies affaires où l'on peut plus librement passer de la conception à l'exécution et où le temps a plus de prix.
« Il garda toutefois le goût des questions d'intérêt général, et la Société d'Economie politique, devenue pour lui un centre d'observation et d'étude, le choisit pour président, comme l'avait été son père. La guerre le trouva dans ces fonctions, où il aurait été appelé à faire la synthèse des répercussions économiques de la catastrophe mondiale, s'il avait pu vivre jusqu'à son terme. Mais il avait ébauché une partie de ce travail énorme, et tout récemment il nous distribuait une conférence faite au début du dernier hiver sur la situation financière de la France.
« Laborieux à l'excès, l'esprit ouvert à toutes les conceptions scientifiques et industrielles, entouré de fils dignes de lui. sur le concours de qui il pouvait compter pour alléger son fardeau, si la marche des événements avait été normale, il a été frappé comme tant d'autres ; il a dû payer son tribut patriotique à la douleur paternelle, en même temps que l'absence de ses collaborateurs naturels, et les complications imprévues nées de la guerre rendaient chaque jour sa tâche plus difficile et ébranlaient sa santé. Il a vu venir le danger avec une âme virile et chrétienne, il en a mesuré tous les risques, et il a succombé dans son désir de reprendre plus complètement sa vie de travail consciencieux au milieu de sa famille. La famille ! C'est là qu'était tout son cœur et il était bien placé, auprès d'une admirable compagne dont mon silence respectera la douleur infinie d'épouse et de mère, mais que nous prierons tous d'accepter, ainsi que ses enfants, l'expression de la plus profonde sympathie. La Famille et le Travail ! C'est sur ces deux termes que fut concentrée toute l'existence qui vient de s'éteindre. Piaton a connu et admirablement rempli les devoirs du fils aîné devenu chef de famille, puis ceux du père, comme ceux du grand patron qui ne se désintéressait pas du sort de ses subordonnés. Je n'en veux qu'une preuve, c'est la dernière décision qu'il fit voter par le Conseil de Roche-la-Molière et Firminy en faveur des enfants des ouvriers mineurs. Il parlait peu, mais les mesures brièvement exposées et pratiquement réalisées remplaçaient les discours. Trop perspicace pour ne pas entrevoir tous les problèmes que l'avenir nous réserve, il n'eût pas reculé devant les tâches inquiétantes de l'après-guerre. Mais Dieu l'a dispensé de celle nouvelle épreuve et sa miséricorde s'est contentée de la belle et utile besogne qu'il a faite pendant près de quarante ans.
« Gardons précieusement son souvenir ; par plus d'un trait, il restera un modèle et quand nos regards se porteront sur la place restée vide au milieu de nos Conseils, notre pensée se recueillera sur des souvenirs de labeur, de dignité et de sagesse, de compétence très étendue, de courtoisie et de correction, de dévouement et de courage. »