Fils de François Emile PÉLISSOT, capitaine au long cours, et de Marie Louise Elisabeth REYNAUD. Religion : catholique.
Marié à Marie Louise Antoinette PRADEL (1867-1945).
Père de :
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1878, sorti classé 186 sur 235 élèves). Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1880) : admis le 23/8/1880 comme élève externe, classé 16, il sort le 6/6/1883, classé 8. Ingénieur civil des mines. Voir son bulletin de notes
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1932 :
Jules de Pélissot était né, le 4 février 1858, à Marseille; il y est mort le 8 janvier de cette année. Il avait donc 75 ans presque révolus.
C'est là certainement une longue carrière, et la plupart d'entre nous ne l'ont pas remplie; mais ce fut aussi, chez Jules de Pélissot, une suite ininterrompue de bons et utiles exemples. En les énumérant simplement, je rendrai à sa mémoire l'hommage qui lui est dû; en même temps, je m'acquitterai d'une obligation envers l'Ecole Polytechnique et l'Ecole des Mines : je le montrerai comme un modèle à ses jeunes successeurs.
Né à Marseille, c'est dans cette ville qu'il fit ses premières études sur les bancs de l'Ecole Saint-Louis, puis de l'Ecole Belzunce. Le 5 novembre 1874, il couronnait ses « humanités » en passant, à Montpellier son baccalauréat es lettres. Puis il se tournait délibérément vers l'étude des mathématiques, de la Physique et de la Chimie. Le 15 avril 1875, il obtenait, à Aix-en-Provence, son diplôme de bachelier es sciences.
A cette époque, l'Ecole Saint-Geneviève existait déjà rue Lhomond (ancienne rue des Postes), et le haut enseignement qui y était donné par les Pères Jésuites pour préparer aux « grandes Ecoles », jouissait d'une juste réputation.
La discipline était sévère, rue des Postes; elle était même austère, et il fallait un réel courage chez un jeune homme de 17 ans pour s'y soumettre, surtout quand les premières années de sa vie n'avaient connu que les douceurs de la maison paternelle.
Jules de Pélissot eut ce courage; il en fut récompensé en se voyant reçu, au mois d'octobre 1878 à l'Ecole Polytechnique. Il est juste de dire dès maintenant qu'il avait été, dans son dur labeur préparatoire, soutenu par cette foi chrétienne, où il devait, toute sa vie, trouver un indéfectible appui.
A l'Ecole Polytechnique, Jules de Pélissot se fit de nombreux amis, tant parmi ses camarades de promotion que parmi ses anciens. Nous ne citerons au nombre de ceux-ci que les deux plus illustres, qui l'ont précédé dans la tombe : ce sont Georges Humbert et Pierre Termier, Inspecteurs généraux des Mines et Membres de l'Institut, ils laissent derrière eux le souvenir, l'un d'un géomètre éminent, l'autre d'un génial géologue; mais tous deux étaient des chrétiens convaincus et fervents et, sans aucune honte, l'amitié qui n'a cessé de les unir à Pélissot s'est fondée sur cette identité de croyances.
Cette amitié s'était fortifiée, après la vie commune de l'Ecole Polytechnique, par celle, plus intense encore, de l'Ecole des Mines. Jules de Pélissot avait, en effet, au sortir de la Rue Descartes, préféré à la carrière d'artilleur celle d'ingénieur et était entré, comme externe, au 60 boulevard Saint-Michel. A cette époque (1880) les promotions de l'Ecole des Mines n'avaient rien de comparable, comme nombre, à celles d'aujourd'hui. Les deux ou trois majors de l'Ecole Polytechnique y étaient entourés d'une sorte de respectueuse auréole, tant par leurs camarades (comme Pélissot), que par les mineurs sortis de l'Ecole préparatoire. Alors, les cours étaient moins des « amphis » que de presque familières causeries. L'atmosphère de l'école était doucement mais constamment saturée de science; elle l'était aussi de cette amitié qui préparait pour l'avenir des jeunes ingénieurs tant de force et de si solides appuis. Chez Jules de Pélissot, cette amitié fut étayée des principes du christianisme, de la plus féconde et la plus particulière de ses vertus : la charité.
En 1881, et aux vacances de 1882, il fait les deux voyages d'études, après chacun desquels il remet à l'Ecole son « Rapport ». La première année, il se borne à visiter nos exploitations du Gard et de l'Aveyron. Il y avait tout de même là matière à un intéressant travail.
Ce que vit Jules de Pélissot dans ce premier voyage formait un fondement solide à une excursion plus lointaine et plus prolongée. Ce fut celle de 1882. La Bohème, la Silésie, le Banat, la Croatie, la Carinthie, avec leurs gisements si divers, furent l'objet de son étude. Il consacra à celle-ci un « Journal de voyage » tout à fait remarquable, qui lui valut la médaille instituée par l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole des Mines pour récompenser chaque année les meilleurs de ces ouvrages.
Jules de Pélissot était donc armé pour commencer son « struggle for life ». C'est aux mines d'Anzin qu'il fait ses débuts de jeune ingénieur. A peine arrivé, on l'envoie à Vieux-Condé pour réorganiser l'exploitation d'un puits de mine, négligé depuis longtemps.
A cette époque (1884), les mines se plaignaient d'une pléthore de charbons sur leurs entrepôts. C'était treize ans après la guerre de 1870. La situation n'est-elle pas identique, en 1933, dix ans après la fin de la campagne de 1914?
En 1885, son temps, à Vieux-Condé, se partage entre la mise au point d'une invention destinée à signaler aux mécaniciens d'en haut les détresses pouvant survenir, soit dans les puits, soit dans les galeries du sous-sol, et aussi l'étude d'une pompe d'épuisement qui devra élever l'eau à 450 mètres de hauteur. Pour ce deuxième problème, il consulte un vieil ami de Marseille, M. BARRET, qui « fait autorité dans la matière », comme il l'écrit à sa famille.
Le Provençal pur sang qu'était Jules de Pélissot ne pouvait demeurer longtemps enfermé dans les brumes du Nord. En 1887, une place d'ingénieur est vacante aux Docks de Marseille...; il accourt pour l'occuper. Dès 1889, il passe sous-Directeur, et devient Directeur en 1904. Il prend sa retraite en 1914 (au début de l'année), après 27 ans de services dans cette société. Durant cette longue période, il n'avait cessé de lui consacrer son intelligence et son activité. C'est à lui que sont dus les agrandissements des entrepôts, l'installation de pèse-grains perfectionnés, la construction de chambres frigorifiques, etc.
Mais la retraite, pour Pélissot, était loin de signifier l'oisiveté. La guerre de 1914 éclate : il prend la direction de l'usine de Septèmes (Société Industrielle et Commerciale du Midi); c'est le principal fournisseur, en acide sulfurique, de la Poudrerie nationale de Saint-Chamas.
L'intendance militaire se l'adjoint, et met à profit sa compétence très complète dans les questions d'embarquements et de débarquements. La Préfecture des Bouches-du-Rhône a aussi recours à lui pour le service des allocations. Comme il l'avait toujours été durant sa déjà longue carrière, Jules de Pélissot fut, à cette époque mémorable, l'homme par excellence du dévouement, et en même temps un modèle de modestie qu'on ne peut se lasser d'admirer. Le meilleur témoignage de cette vertu, à mon sens, est que, fait chevalier de la Légion d'honneur en 1911, il ne fut jamais promu au grade supérieur... il n'avait probablement jamais pensé à le demander.
Et pourtant quel emploi utile et généreux avait-il fait de sa vie pendant les vingt-deux années qui se sont succédées de 1911 à 1933, date de sa mort. C'est la Société Immobilière Marseillaise dont il fait partie du Conseil d'administration depuis le 31 mars 1916. Il en devient le Président le 14 avril 1926. C'est l'usine de Septèmes qu'il remanie et dont il perfectionne et rénove même les procédés de fabrications. Ce sont enfin, et là il faut s'incliner avec respect, les institutions philanthropiques auxquelles il apporte un concours aussi éclairé que dévoué et désintéressé : Caisse d'épargne, Habitations salubres, Crédit immobilier, Œuvre antituberculeuse, Hôpital Paul-Desbief.
On le voit : la vie de Jules de Pélissot fut un exemple de travail et de sagesse. Quand il fut frappé de l'ultime maladie qui devait l'emporter, le grand et pieux chrétien qu'il n'avait jamais cessé d'être put chanter avec foi son « Nunc dimittis ».
Que cet exemple demeure toujours vivant et consolateur devant les yeux de ceux qui l'ont aimé : je devrais dire de tous ceux qui l'ont connu.
E. Gervais (EMP, promotion 1878).