Fils de Julien COUTURE (directeur de société ; mort le 6/5/1958) et de son épouse née Mathilde BONNEAU.
Frère de Jean Désiré COUTURE (1913-2006 ; X 1932 ; corps des mines), qui fut Président des Houillères du bassin du Nord et du Pas de Calais, puis Secrétaire général de l'énergie de 1963 à 1973.
Marié à Mlle MICHEL en 1933. En secondes noces, à Yvonne GALOT.
Enfants : Josette (épouse Jean-Michel ALEXANDRE le 25/10/1962), Bernard, ainsi que 3 enfants du premier mariage de Yvonne GALOT : Luce (Mme Michel BOUSQUET), Michèle (Mme Philippe BRET), Marcel-Pierre.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1928) et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines. Licencié en droit.
Ingénieur général des mines depuis 1961. Commandeur de la Légion d'honneur.
Sa carrière se déroule presque exclusivement au service de l'État. Il se passionne pour l'industrie et la technique minière. Il est d'abord à Saint-Etienne, où il enseigne notamment la législation et l'xploitation des mines. Ingénieur en chef des mines à la libération, puis directeur général adjoint des Houillères du Bassin de Lorraine (1946-1950). Après 1950, il devient directeur des Mines de la Sarre jusqu'en 1957, année au cours de laquelle ces mines sont remises à l'Allemagne. Il succède à Pierre GUILLAUMAT comme administrateur général délégué du gouvernement près le Commissariat de l'énergie atomique (1958 à 1963). Il préside ensuite plusieurs sociétés : les Mines de potasse d'Alsace (1963-1967), l'Entreprise Minière et Chimique (1967-1972), SOFDIAM (1973-1976), ENERCO (1974-1978).
Il préside le conseil de perfectionnement de l'Ecole des mines de Saint-Etienne de 1960 à 1973. Il préside la société amicale des anciens élèves de Polytechnique (1970-1971) et la Société de l'industrie minérale (après 1978).
Publié dans La Jaune et la Rouge, no 251, août-septembre 1970
Le Conseil d'Administration de l'A.X. a élu, dans sa séance du 17 juin 1970, notre camarade Pierre COUTURE (1928) comme Président de l'A.X.
Pierre COUTURE est né à Paris le 25 février 1909. Reçu major de la promotion 28 de l'Ecole Polytechnique, il sort dans le Corps des Mines et suit les cours de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (promo 30). Il est également licencié en droit de la Faculté de Paris (1933) et licencié es sciences de la Faculté d'Alger (1935).
En service ordinaire des Mines à Constantine (1933-1935), puis à Saint-Etienne (1935-1943) où il professe, en outre, pendant 8 années à l'Ecole des Mines de cette ville, il devient ensuite adjoint au Directeur des Mines au Ministère de l'Industrie.
Dès la libération de la Lorraine, il « pantoufle » aux Houillères de Sarre et Moselle, mais la nationalisation des Charbonnages le replace en position de service détaché dix-huit mois plus tard. Il est nommé Directeur général adjoint des Houillères du Bassin de Lorraine (1946-1950), puis Directeur général des Mines de la Sarre, devenues Saarbergwerke A.G. jusqu'à leur remise à la République Fédérale Allemande (1950-1957).
Appelé par Pierre GUILLAUMAT à coordonner les problèmes que posait la construction d'une usine de séparation des isotopes de l'uranium, il lui succède au poste d'administrateur général, délégué du gouvernement près le Commissariat à l'Energie atomique (1958-1963).
Il prend, le 1er janvier 1964, la présidence du groupe des Mines Domaniales de Potasse d'Alsace et, fin 1967, après la fusion de cet établissement avec l'Office National Industriel de l'Azote, fusion qui donne naissance à l'Entreprise minière et chimique, il en est nommé Président du Conseil de Surveillance.
Ingénieur général des Mines, il est membre du Conseil général des Mines et Président du Conseil de Perfectionnement de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne.
Il est commandeur de la Légion d'Honneur.
Depuis son retour à Paris fin 1957, Pierre COUTURE a consacré à l'X et à notre Société amicale une part très notable de son activité.
Il a été membre du Conseil de Perfectionnement de l'Ecole, de 1958 à 1963.
Il a fait partie du Conseil d'Administration de l'ancienne S.A.X., depuis 1959 jusqu'à sa fusion en 1963 avec la S.A.S., puis de la nouvelle A.X., depuis 1963, où il a été vice-Président jusqu'en 1968. Après une interruption imposée par les statuts, il est revenu au Conseil de l'A.X en 1969.
Dans le cadre de ces activités, il a présidé les commissions suivantes de l'A.X. : celle sur le « choix des carrières à la sortie de l'Ecole Polytechnique », de 1962, et celle sur « l'enseignement supérieur et les Grandes Ecoles » de 1967. Les deux rapports de ces commissions, signés de P. Couture, ont figuré dans les éléments consultés par la commission LHERMITTE de 1968, pour son rapport au Ministre des Armées.
Enfin, signalons que notre camarade a donné deux articles aux numéros spéciaux annuels de « La Jaune et la Rouge », l'un dans le numéro de 1963 sur la Recherche au C.E.A., l'autre dans le numéro de 1966 sur l'Industrie chimique de la potasse.
MINES Revue des Ingénieurs, juillet 1984 :
Pierre COUTURE, Inspecteur Général des Mines, s'est éteint subitement d'une rupture d'anévrisme le 24 avril, laissant sa famille et ses amis français et allemands, dans un grand désarroi. Il venait d'avoir soixante-quinze ans et rien ne laissait présager une fin aussi brutale.
Ainsi s'achevait la carrière exemplaire d'un grand commis de l'Etat, carrière soutenue par la passion avec laquelle il a assumé les grandes responsabilités qui lui furent confiées et marquée aussi par ses qualités exceptionnelles, intellectuelles et humaines dont la droiture, la bonté et la modestie ne furent pas les moindres.
Les très nombreux témoignages apportés à sa famille en apportent la preuve.
Après un premier prix de mathématiques avec mention, au concours général, Pierre COUTURE est reçu en 1928, à 19 ans, à Normale et à Polytechnique. Il choisit cette dernière école dont il sortira major de sa promotion pour entrer à l'Ecole des mines de Paris comme élève-ingénieur.
Constantine, en 1931, est son premier poste; il en profite pour passer la licence en droit et celle es sciences. Muté en 1935 à l'arrondissement de Saint-Etienne, il assure huit années durant, la formation des élèves de l'Ecole des mines. Nombreux sont encore ceux d'entre eux qui gardent le souvenir de son enseignement.
En 1943, le Directeur des mines A. FANTON D'ANDON l'appelle auprès de lui pour le seconder. Il veut le préparer à prendre dans l'industrie minière, les hostilités terminées, des responsabilités opérationnelles de très haut niveau.
Pierre COUTURE va en premier lieu, les exercer en qualité de directeur général adjoint des Houillères du bassin de Lorraine. Il y a la tâche difficile de fondre en une entité unique et solide les diverses exploitations locales qui viennent d'être nationalisées.
Au départ de R. BABOIN, en 1950, la direction générale des mines de la Sarre lui échoit naturellement. Il en poursuit, avec succès, le rétablissement et en assure le développement dans des conditions auxquelles ses successeurs à la tête des Saarberwerke, après 1957, rendront un magnifique hommage.
Il assure la mise en application pour le 30 septembre 1957 du traité signé un an plus tôt par lequel la Sarre était rattachée à la République Fédérale. Il s'attache à cette occasion l'estime et l'amitié de ses interlocuteurs.
Mais il prend surtout un soin tout particulier à négocier les conditions de départ et de reclassement du personnel français des Mines. Facilitée par le concours, acquis par lui, des sociétés françaises, Houillères de bassin, sociétés minières et sidérurgiques, cette opération par son application, son sens inné de la justice et sa profonde connaissance des hommes fut considérée comme exemplaire.
Ainsi se terminait le premier point fort de la carrière de Pierre COUTURE. Une deuxième période s'ouvre alors pour lui.
En 1958, Pierre GUILLAUMAT, son camarade de promotion, alors ministre des Armées, le propose au Général de Gaulle. Celui-ci cherche un responsable, capable de mettre sur pied un organisme rendant la France indépendante en matière d'énergie nucléaire. Le poste d'Administrateur général délégué du Gouvernement auprès du Commissariat à l'Energie Atomique lui est confié. Dans cette tâche exaltante, il peut déployer son intelligence exceptionnelle, son goût de la technique, son infaillible mémoire, sa connaissance approfondie de l'administration et son sens politique éprouvé. Il est le père de l'usine de séparation isotopique de Pierrelatte qui est à la base du programme nucléaire pacifique national.
Cette mission achevée, l'industrie minière l'appelle à nouveau. Nommé Président des mines de Potasse d'Alsace, il prend en charge le renouveau de cette société dans le cadre d'un plan à long terme. Il en réussit la fusion avec l'Office de l'Azote (ONIA) pour créer l'Entreprise Minière et Chimique, tâche considérable qu'entraînait cette restructuration.
Les liens étroits tissés avec l'industrie allemande, la confiance dont il jouit dans les milieux politiques et industriels d'Outre-Rhin, lui facilitent l'expansion des investissements industriels des Potasses dans le monde, avec entre autres, la création des Potasses du Canada et celle de l'usine d'engrais PEC-RHIN à Ottmarsheim.
L'année 1975 met un terme à ses activités industrielles. Mais il ne peut rester inactif et sa réputation lui vaut d'être appelé à la Présidence de la Société de l'Industrie minérale.
Il continue avec foi à poursuivre les efforts de ses successeurs MANGEZ (1920) et CHERADAME (X 1925, CM 1927) pour redonner à cette société fondée par L. GRUNER (X 1827, CM 1830) son lustre et son rayonnement international. Le Congrès annuel tenu à Paris l'an passé connut ainsi, avec près de huit cents participants, un succès dont il pouvait avec raison être fier.
Son mandat de président s'achevant, il s'apprêtait à transmettre ses fonctions au successeur de son choix. Sa mort ne lui a pas permis de le faire officiellement.
Telle fut la carrière riche et pleine d'un grand serviteur de l'Etat d'un grand patron. Combien de ses anciens collaborateurs avaient pris l'habitude de le consulter lors des moments difficiles de leur vie professionnelle, nombreux sont ceux auxquels il a apporté ses conseils et n'a pas ménagé son appui.
Avec Pierre COUTURE a disparu un homme qui - comme le dit le vieil adage - «faisait honneur à l'homme».