Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1943). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES, Revue des Ingénieurs, janvier 2006 :
Jean, mon grand frère est décédé le 18 août dernier. Il était né en 1922 à Charleville où il fit ses études secondaires au Lycée Chanzy. Nous étions imprégnés de par la profession de notre père par l'ambiance industrielle d'une grosse fonderie de fonte (Deville). La période de la guerre marqua profondément ses 6 années de 1939 à 1945 : évacué sur ordre en mai 40, il passa son bac à Limoges, puis fit son année de math. sup. à Lyon au Lycée du Parc, ne pouvant pas regagner le domicile familial en zone interdite. Il parvint à le faire à l'été 41 et passa 2 ans de taupe à Louis-le-Grand (Z de la taupe B). Aux concours de 1943, il fut reçu aux Ponts, à Centrale, aux Mines de St-Etienne et de Nancy. Il choisit St-Etienne, renseigné sur le régime très spécial et efficace de l'enseignement pratiqué, par notre cousin germain Guy GERNELLE (E1935). Il échappa de peu au STO dans l'été et put ainsi rentrer à l'Ecole en Octobre. Juillet 44 : départ précipité de la Maison des Elèves pour échapper à la rafle des allemands et put se mettre à l'abri dans un maquis de l'Ardèche en suivant son camarade de promo Camille MEYRAND. La fin heureuse en 1946 de cette période troublée fut son mariage avec la sœur de Camille Meyrand. Ils eurent rapidement 2 enfants, Jacques devenu architecte et Marie-Geneviève décédée précocement en 2003. Ce deuil l'affecta profondément, ainsi que toute la famille.
Sa carrière résumée fut tellement enrichissante qu'il put la prolonger jusqu'à plus de 70 ans, par accord des dirigeants de la Sté Aubert et Duval (aciers spéciaux). De 1946 à 1957, il enseigna à l'Ecole dans le Service Métallurgie et fut donc bien connu par les élèves de 10 promotions. De 1957 à 1959, il travailla dans la nouvelle grosse aciérie brésilienne de Volta-Redonda (Rio de Janeiro) comme conseiller pour la construction des laboratoires, selon un contrat conclu par l'IRSID. Sa famille l'accompagna ; ils apprirent tous le portugais, y firent de nombreux amis et le Brésil devint pour eux, et jusqu'à aujourd'hui leur seconde patrie. Puis il entra dans la Société Aubert Duval, spécialiste de la fabrication des aciers fins, des alliages et des super-alliages les plus performants à l'échelle mondiale. Il y devint le plus haut responsable des questions métallurgiques, déterminantes dans une société de ce genre. Il connut tous les problèmes cruciaux dans les domaines de l'aéronautique, de la marine, du nucléaire etc. Il publia de nombreux articles et s'engagea personnellement dans l'emploi industriel d'aciers très spéciaux encore inconnus dans les années 50-60. Son action fut couronnée de succès. Il partagea sa retraite entre Paris et Trouville, dans une partie de la Normandie qui lui plaisait beaucoup.
Handicapé depuis peu dans ses déplacements à pied, il conduisit sa voiture sans problème jusqu'à 48 h avant son décès. Ses obsèques eurent lieu au Père-Lachaise.
Pierre PAPIER (Ecole des mines de Saint-Etienne, promotion 1947)