Mort le 2/10/1962.
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promo 1920 N) et de l'Ecole des Mines où il obtient la Médaille d'Or (promotion 1922). Ingénieur civil des mines.
Président de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris (1948 à 1952).
Revue des Ingénieurs, novembre 1962 :
« A. Metral a illustré la mécanique française, et c'est au nom de la Fédération des Industries mécaniques et transformatrices des métaux que je parle. Il en avait été longtemps président : élu par ses pairs qui lui avaient manifesté ainsi leur admiration et leur estime — deux sentiments qui, par la suite, ne furent jamais démentis. Ses collègues avaient été, jadis, solidaires de lui dans le travail et dans l'action ; ils le restèrent dans l'épreuve, et ils le sont aujourd'hui, avec sa famille, dans l'affliction.
J'associe aussi à mes paroles l'Association des Elèves de l'Ecole des Mines de Paris et la Société des Amis de Polytechnique : leurs présidents m'en ont donné mission. A la tête de la première de 1948 à 1952, A. Métral y succédait à Le Besnerais, et l'on me fait remarquer que ce prédécesseur que j'ai bien connu et aimé, lui aussi d'une intelligence éblouissante et infatigable tâcheron d'un labeur écrasant, avait avant lui subi la dure épreuve d'incompréhensions injustes et passionnées.
Sur ce que fut la carrière de Métral, sur les services qu'il a rendus à notre pays, nous aurons l'occasion de revenir, quand les cœurs seront, s'il se peut, moins cruellement à vif. Nous dirons alors ce que furent le jeune ingénieur, le conseiller technique des ministres, le chef d'entreprise, le professeur, le président de grands organismes syndicaux, le prestigieux technicien admiré à l'étranger, le président très écouté d'organisations internationales qui ont tenu à être représentées ici. Carrière qui vaut d'être retracée et le sera pour servir de modèle d'intelligence et de travail.
On y trouvera aussi le courage — notamment devant l'occupant qui le condamna à mort par contumace — qui, selon moi, fut le grand moteur de ses actes. Qu'on interroge ceux qui ont travaillé à ses côtés, le voyant agir chaque jour, tous diront qu'il ne put jamais rester insensible à une peine, à un abus, à une absence d'équité, qu'il courait pour y porter remède, n'hésitant pas à se découvrir sans prudence et, sans doute, à se faire des ennemis, quand il s'agissait de défendre ce qu'il croyait être les justes droite d'autrui. On s'épuise à ces jeux du cœur, mais combien ils doivent, en fin de compte, toutes coupes bues, peser lourd devant le Juge Suprême. »
A.R. Métral a consacré beaucoup à l'enseignement. Membre de nombreux organismes scientifiques ou économiques, il avait effectué — avec un remarquable succès pour le prestige de notre pays — de multiples missions à l'étranger. Son œuvre de savant et de technicien se retrouve dans plus de cent ouvrages. Son activité professionnelle s'est exercée dans différents secteurs : mutualité industrielle, aviation, mécanique. Officier de la Légion d'Honneur à titre militaire et décoré de la Croix de guerre, il était, à sa mort, Commandeur de la Légion d'Honneur et de l'ordre de l'Economie nationale et titulaire de nombreuses décorations françaises et étrangères.
René Alquier et Roger Millot
Revue des Ingénieurs, 1949 :
Né à Lyon en 1902. — Père de cinq enfants. — Officier de la Légion d'Honneur. — Croix de Guerre 1939-45. — Décoré de plusieurs ordres étrangers.
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promo 1920 N) et en 1922-23 de l'Ecole des Mines où il obtient la Médaille d'Or.
Nommé à la suppléance de M. Painlevé à la Chaire de Mécanique des Fluides et applications à l'aviation, à la Faculté des Sciences en 1925, M. Métral a exercé des fonctions professorales, notamment à l'Ecole Supérieure d'Aéronautique, puis à l'Ecole de l'Air, au Centre de la Machine-Outil, enfin au Conservatoire National des Arts et Métiers où il est titulaire de la Chaire de Mécanique et depuis son retour en France à l'Ecole Nationale Supérieure de l'Armement où il professe les Mécaniques modernes.
Ses activités scientifiques ont trait : à l'Aéronautique, à la Mécanique générale et appliquée. Il s'est intéressé notamment dans le domaine des applications à la machine-outil, au chauffage industriel, aux recherches coloniales, aux combustibles liquides et aux laboratoires. Il est Délégué général fondateur de la Société Française des Mécaniciens. Il a réalisé des films d'enseignement.
Parmi ses nombreux travaux, on trouve des ouvrages généraux sur l'hydro et l'aérodynamique, la mécanique rationnelle. Il a été amené à étudier des questions économiques et sociales dépassant même la cadre européen.
M. Métral a souvent représenté la France à l'étranger, comme mathématicien, mécanicien ou comme technicien de l'aviation auprès de plusieurs nations d'Europe ou d'Amérique. Ses activités publiques l'ont porté à la Direction des Cabinets techniques de plusieurs ministres de l'Air. Mobilisé en 1939 dans l'Armé de l'Air comme Capitaine, il est démobilisé en 1945, comme Lieutenant-Colonel de l'Air. Dénonce à la Gestapo pour son activité antérieure à la guerre et condamné à mort, il gagne les Etats-Unis en 1941.
Activités industrielles : Fondateur d'Air-Bleu, ancien Administrateur de la Société Latécoère où il a lancé les études du Lionel de Marnier, M. Métral avait créé en Afrique du Nord en 1942 une entreprise de construction mécanique qui a réparé tout un matériel de prise récupéré pendant la campagne d'Italie, les machines-outils de l'Arsenal de Bizerte et fabriqué pour la première fois dans notre domaine d'Outremer des machines-outils modernes (tours, perceuses radiales, étaux limeurs, tailleuses d'engrenages...). Il est depuis 1946 Administrateur Directeur Général des Ateliers G. S. P. qui comptent parmi les principaux constructeurs de machines-outils.
Professeur et Ingénieur, aussi intéressé par les théories scientifiques que par les applications pratiques et par les problèmes humains, M. Métral est bien digne de présider l'Association d'une Ecole dont l'enseignement a une double vocation : la Théorie et la Pratique. Il a bien voulu malgré tant d'activités accepter de se consacrer aussi à nos camarades.
Nous l'en remercions très vivement en le priant d'accepter nos félicitations.
La Revue des Ingénieurs, novembre 1953 :
Le Président A.R. METRAL a reçu des mains de M. Jean-Marie LOUVEL,au ministère de l'Industrie et du Commerce, la cravate de commandeur, au cours d'une cérémonie intime à laquelle notre Association etait présente. Le Ministre, se refusant à choisir entre ses titres scientifiques ou industriels trop nombreux, ou à évoquer toutes ses activités nationales ou internationales, a voulu simplement rappeler que notre camarade avait été condamne a mort par les Allemands en 1941.
La Revue des Ingénieurs, décembre 1953 :
[Nous célébrons] la Cravate [de commandeur de la Légion d'honneur] de notre camarade Albert METRAL. Lorsque, l'an dernier, je remerciai en votre nom notre Président sortant de tout ce qu'il avait fait pour notre Association, je rappelai succinctement, mais dans une énumération cependant longue, les titres si variés qui caractérisent son activité et dent il a fait bénéficier ses fonctions parmi nous. Au cours de ces derniers mois, ces titres se sont encore accrus, notamment du fait du rôle de premier plan qu'il joue au sein du Comité Consultatif de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, et qui l'amène à participer de près à l'étude des problèmes si importants posés par l'enfantement de l'Europe. C'est pour notre Pays, et notre Ecole en est fière, une chance que de posséder un aussi vigilant et éminent représentant dans ces enceintes internationales. Cette cravate est la juste récompense d'une haute valeur et d'un labeur fécond.