Ingénieur civil des mines (promotion 1919 de l'Ecole des Mines de Paris).
Revue des Ingénieurs, janvier 1958 :
Ceux qui ont connu notre camarade, Louis-Jean MARIAUD, de la promotion 1919 savent quelle perte sa mort nous a fait éprouver.
Louis-Jean MARIAUD naquit à Marseille le 30 août 1896. Après ses humanités, la première guerre mondiale lui fit interrompre ses études, car il s'engagea, le 27 février 1915, à dix-huit ans et demi, pour la durée des hostilités. Une blessure grave, reçue aux attaques de la Somme, nécessita l'opération du sciatique et lui laissa une légère infirmité permanente de la jambe. Malgré cela, sur sa demande, il regagna le front. Il termina la guerre avec le grade de Capitaine d'artillerie et porteur de la Croix de guerre de la Croix de la Légion d'Honneur et de plusieurs décorations Belges et Italiennes. Démobilisé, il reprit ses études et il entra en 1919 à l'Ecole.
Sa carrière d'ingénieur, consacrée presque entièrement aux mines métalliques, se développa principalement à l'Etranger ou dans les Territoires Français d'Outre-Mer. En trois ans de Malaisie, dix ans d'Indochine, dix ans de Maroc, trois ans de Madagascar puis, après un petit intermède métropolitain, trois ans — les dernières de sa vie — de Corée, il s'occupa des problèmes de prospection et d'exploitation les plus divers concernant le plomb, le zinc, l'étain, l'or, le graphite, le cobalt, certains gisements de charbon. Il assura notamment avec succès la direction de la mine de cobalt de Bou Azzer au Maroc, qu'une deuxième mobilisation lui fit quitter en 1939.
Madame MARIAUD qui avait accompagné son mari dans tous ses voyages et dans tous ses postes, se vit refuser, en raison de la guerre, l'entrée en Corée où notre camarade était au service de l'Agence des Nations Unies pour les réparations en Corée (UNKRA). Il occupait un poste solitaire, dans le centre de la Corée du Sud et il n'y avait ni collègues ni assistants autres que Coréens. En Avril 1957 se déclara la maladie, d'apparence d'abord bénigne, qui devait l'emporter. Rapatrié par un avion sanitaire sur une civière, il mit treize jours à regagner la France par le Japon et l'Amérique. Il ne vécut que 35 jours et mourut le 7 octobre à l'Hôpital Américain de Neuilly.
Tous ceux qui l'ont connu se rappellent sa vigueur au travail, l'étendue de ses connaissances techniques, son aisance devant les problèmes les plus divers, de mine, d'électricité, de mécanique, de flotation ... Il avait une remarquable sûreté de jugement, il ne perdait jamais de vue le but à atteindre et savait mesurer ses efforts à la fois à leur objet et aux possibilités de l'entreprise. Ces qualités venaient d'être reconnues d'une manière toute particulière, dans ce milieu international de Corée, par tous ses chefs et collègues d'UNKRA ; il y était admis que nul autre que lui n'aurait pu mener à bien, seul, sans assistance, son œuvre de création d'une mine école à Yougiri en Corée. L'homme était de la même qualité et ses amis évoqueront longtemps le charme de son hospitalité et de sa conversation qui multipliait les aperçus originaux sur les sujets les plus variés. Enfin, il était un camarade modèle et nul ne se prévalait auprès de lui de ce titre de camarade sans être aussitôt reçu avec cordialité et écouté avec attention.
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