Georges MAILLARD (1856-1902)


Maillard, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1878). Ingénieur civil des mines.

Père de 2 garçons. L'un n'a pas eu de descendance, l'autre a eu des enfants, dont notamment Jean-René Maillard (né en 1933 ; X 1955) qui est lui-même le père de Catherine de Gourcuff (avocate) dont un fils se retrouve sur les bancs de Mines-ParisTech (promotion 2009).


Publié dans le Bulletin de l'amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, février 1902 :

Nécrologie : Georges MAILLARD
par Félix BOLLAERT

Notre camarade Georges-Paul Maillard a été brusquement, enlevé à l'affection des siens, le 11 janvier 1902, à l'âge de quarante-cinq ans et demi.

Né à Lillers (Pas-de-Calais), en juillet 1856, d'une excellente et très honorable famille de fonctionnaires, il entra à l'âge de dix ans au lycée du Havre, où il fit des études classiques très remarquées.

Reçu bachelier ès-sciences en juillet 1874 et bachelier ès-lettres en novembre de la même année, devant l'Académie de Caen, il continua ses études mathématiques, vers lesquelles il se sentait vivement attiré, dans une des plus fortes Écoles de Paris.

Il fut admis en octobre 1876 aux cours préparatoires de l'École Nationale Supérieure des Mines et nommé, en octobre 1877, élève externe à ladite École.

Il ne tarda pas à y occuper un des premiers rangs, mais il dut interrompre ses cours pour accomplir, de novembre 1879 à novembre 1880, son service militaire, comme engagé conditionnel d'un an avec sursis, au 27e régiment d'artillerie, à Douai.

Ayant quitté le régiment avec les galons de maréchal-des-logis, il termina ses études à l'École Nationale des Mines, dont il sortit le premier, après avoir concouru avec la promotion 1878, qui suivait sa promotion d'entrée. De plus, il emporta de haute lutte la médaille d'honneur, et son brevet de sortie porte la mention suivante : « Journal de Voyage : travail synthétique bien coordonné, dessins soignés, excellent journal de voyage qui a obtenu la médaille spéciale de 300 francs instituée par l'Association amicale des Elèves de l'École des Mines. » Dans l'Assemblée générale du 16 juin 1881, M. Fournier, président de l'Association, rend compte, en termes élogieux, de ce travail (Bulletins de l'année 1881, pages 93, 94, 95), consacré a l'industrie belge, et M. de Chancourtois, président de l'Assemblée générale, un des professeurs de Georges Maillard, souligne, par quelques mots, l'appréciation flatteuse du rapporteur des Journaux de Voyage.

Dès sa sortie de l'École des Mines de Paris, Georges Maillard entra au service de la Société des Mines de Lens, à laquelle il a consacré, de la façon la plus laborieuse et distinguée, les vingt années de sa carrière industrielle.

« Son poste de début au Bureau des Études (Discours de M. E. Reumaux, agent général de la Société des Mines de Lens, sur la tombe de notre regretté camarade), le conduisit rapidement à diriger les travaux de sondage qui, a cette époque, complétaient la reconnaissance de la concession, puis le creusement de la fosse n° 9, dont il fut chargé, le mit aux prises avec les difficultés que rencontre l'ingénieur des mines dans la lutte contre les forces naturelles. Le succès avec lequel il sut mener à bonne fin cet important et délicat travail, le talent d'ingénieur et l'énergie qu'il y déploya appelèrent sur lui l'attention de ses chefs, qui lui confièrent le service de l'exploitation de la fosse n° 1. Dans ces nouvelles fonctions, dont il s'acquitta avec l'ardeur qu'il mettait en toutes choses, il se montra plein de ressources, avisé autant que circonspect, bon chef et bon organisateur. Sous sa forte impulsion, son service prit un grand relief, et le jeune ingénieur, apprécié par ses chefs, distingué par ses collègues du bassin houiller du Pas-de-Calais, voyait s'ouvrir devant lui le plus brillant avenir, lorsqu'il fut touché par les premières atteintes de la maladie et dut se résigner à quitter ses travaux de prédilection.

» Un nouveau champ, encore peu exploré, se présenta alors à son activité. Le rapide accroissement de la production avait donné au service des approvisionnements une importance de plus en plus grande. Il fallait à la tête de ce service un chef compétent et habile. Georges Maillard était l'homme de la situation. Sa connaissance du matériel et des besoins de l'exploitation, son habitude de la conduite du personnel, sa fine intelligence, le désignaient.

» Successivement ingénieur, puis ingénieur en chef, il créa le service et l'organisa. Il y apporta un esprit d'ordre et d'économie des plus remarquables et rendit, dans cette situation nouvelle, d'éminents services à la Société des Mines de Lens.

» Une force de volonté, une énergie peu commune, l'admirable dévouement d'une épouse accomplie, la chaude affection de tous les siens, la cordiale sympathie de tous ses collègues, je puis dire de tous les ingénieurs de notre bassin houiller, dont la présence en si grand nombre en ce triste jour est le beau témoignage, la haute confiance que lui témoignait le Comité d'administration de la Société des Mines de Lens, le soutinrent pendant les dernières années de sa vie, alors que sa santé était devenue chancelante.

» Son humeur toujours égale, son activité toujours exemplaire, nous donnaient l'illusion, l'espoir qu'il n'était pas irrémédiablement atteint. Jusqu'à la dernière heure, il resta debout à son poste. Emporté par une crise le 11 janvier a dix heures du soir, il travaillait encore à quatre heures après-midi.

» Maillard comptait autant d'amis que de collègues : la loyauté de son caractère, la sûreté de ses relations, la bonté de son coeur, l'urbanité et la courtoisie de son accueil, le charme et l'intérêt de sa conversation, tout séduisait un lui. »

Pendant de longues années, Georges Maillard prêta un dévoué concours, comme secrétaire, à la Société de l'Industrie minérale (district du Nord). Hommage a été rendu à ses services par M. Ludovic Breton, ingénieur, membre du Bureau de la Société, en ces termes, qui méritent d'être reproduits :

« Le 15 décembre dernier, la Société de l'Industrie minérale réélisait pour la quatorzième fois, comme secrétaire, avec M. Cambessédès, l'ingénieur Georges Maillard. Ce fut à la réunion du 15 janvier 1888 qu'on fit appel à son dévouement : « Vous êtes un laborieux, vous ferez un secrétaire modèle, malgré vos nombreuses occupations », lui dit-on, et il était si bon qu'il ne put refuser. Il venait d'être chaleureusement applaudi dans une communication qu'il avait faite avec M. Dinoire sur les appareils divers de perforation à la main employés dans les Mines. Cette question était déjà, à cette époque, toute d'actualité.

» Pendant 14 ans, la Société de l'Industrie minérale, au nom de laquelle je prononce ces paroles d'adieu, a eu un de ces secrétaires rares qui n'ont jamais cessé de s'intéresser à sa fortune. Sa mort fait, au milieu de nous, un vide difficile à combler. Georges Maillard était notre ami à tous, et sa perte inspirera des regrets à tous les membres de notre Société. »

Outre la communication que Maillard a lue le 15 janvier 1888 à l'Industrie Minérale, sur la perforation à la main, communication insérée dans le tome 2 de la 3e série du Bulletin (1re livraison 1888), et qu'il a faite en collaboration avec M. Dinoire, son collègue aux Mines de Lens, Georges Maillard est l'auteur d'une Note sur la dynamite-gomme, qui a paru au tome XV, 2e série lre livraison, 1886. L'étude pratique à laquelle a trait cette Note, fut faite en deux séries d'essais, tentés sur les veines Dusouich et Théodore, des mines de Lens.

Notre camarade était un patriote de coeur et d'âme. Nommé sous-lieutenant de réserve à la 8e batterie du 27e régiment d'artillerie en avril 1882, il s'acquitta de ses devoirs militaires avec goût et entrain. Il passa avec son grade dans le 1er régiment territorial d'artillerie en avril 1888 et fut promu lieutenant en second en juin 1890. Il eut un vrai crèvecoeur le jour où sa santé ne lui permit plus de continuer ces fonctions qu'il aimait.

Nous croyons avoir montré quel exemple notre cher camarade laisse à ceux qui l'ont connu, fréquenté et airné, d'une existence toute de devoir, consacrée à une même affaire industrielle à laquelle il était vivement attaché, et au développement de laquelle il a apporté un remarquable contingent d'efforts.

Le Comité d'administration de la Société des Mines de Lens a tenu à marquer son regret d'avoir perdu un si dévoué chef du service, dans le procès-verbal de sa séance du 13 janvier 1902, dont voici l'extrait :

« M. l'Agent-général a la douleur de faire part au Comité de la mort de M. Maillard, ingénieur en chef du service des approvisionnements. Chargé de cet important service en 1890, lorsque sa santé le força d'abandonner son poste d'ingénieur du fond, M. Maillard l'a dirigé avec une compétence et un dévouement que M. l'Agent général a maintes fois signalés et auxquels il tient, une fois de plus, à rendre un suprême hommage.

» Le Comité, s'associant aux sentiments manifestés par M. l'Agent général, décide qu'un extrait du présent procès-verbal sera adressé à Madame Georges Maillard, en témoignage de sa sympathie et des profonds regrets que lui cause la mort prématurée de ce serviteur d'élite. »

La presse locale a rendu compte des funérailles de notre camarade dans les termes suivants :

« Mercredi ont eu lieu, au milieu d'une affluence considérable, les obsèques de M. Georges Maillard, ingénieur chef d'un des principaux services de la Société des Mines de Lens, et secrétaire de l'Industrie minérale, décédé à l'âge de quarante-cinq ans.

» En tète du cortège marchaient l'harmonie des Enfants de la Plaine et: la compagnie des sapeurs-pompiers ; venaient ensuite de magnifiques couronnes offertes par le Comité d'administration et les employés de la Société et par les agents du service des approvisionnements que dirigeait le défunt, puis diverses délégations d'ingénieurs, membres de la Caisse de secours, etc.

» Le deuil était conduit par M. René Maillard, le distingué avocat à la Cour d'appel de Douai, frère du défunt, accompagnant le jeune fils du défunt.

» Suivaient immédiatement M. A. Descamps, vice-président du Comité d'administration de la Société des Mines de Lens et M. Reumaux, agent général, en tête de tout le personnel, ingénieurs et employés de la Société. On remarquait dans l'assistance quantité de notabilités du monde des Mines et d'amis du défunt venus de tous les points de la région.

» Les cordons du poêle étaient tenus par M. Ludovic Breton, membre du Bureau de l'Industrie minérale ; M. Naissant, inspecteur principal du Matériel et des Machines des Mines de Lens ; M. Bergerat, ingénieur de la fosse n° 2 ; M. Hugon, ancien élève de l'École des Mines de Paris, camarade de promotion du défunt ; M. Laloyaux, chef de Bureau des Approvisionnements, et M. Morel, membre de la Caisse de secours des Mines, dont faisait partie notre camarade.

» Après le service en l'église de Lens, le corps a été transporté à St-Omer, ou a eu lieu, vers quatre heures, l'inhumation dans le caveau de la famille Mantel.

» A l'arrivée en gare de St-Omer, se pressaient nombre de notabilités et amis de la ville, venus pour témoigner leur sympathie à M. le docteur Mantel, dont le défunt était gendre, ainsi qu'à toute sa famille. »

A la gare de Lens, avant le départ pour St-Omer, plusieurs discours ont été prononcés, le premier par M. Reumaux, agent général des Mines de Lens, au nom de la Société ; le deuxième par M. Ludovic Breton, au nom de l'Industrie minérale ; le troisième par le signataire de cette notice, ami et camarade de promotion de Georges Maillard ; le quatrième par M. Laloyaux, au nom des employés du service des Approvisionnements.

Notre cher camarade laissera chez tous ceux qui l'ont connu, un profond souvenir, fait d'estime et d'affection pour ce travailleur d'élite et cet ingénieur distingué !

F. BOLLAERT.