Ancien élève externe de l'Ecole des mines de Nancy (promotion 1946). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, n° 464, Nov./déc. 2012 :
Richard LYONS nous a quittés le 31 mai 2012, dans sa 88ème année. Malgré les séquelles d'un accident survenu lors de l'inspection d'un chantier du fond, il avait gardé une remarquable vitalité de corps et d'esprit. Il exerça le métier de mineur avec passion et celui de responsable d'une communauté humaine avec clairvoyance et humanité. Il eut, dans la seconde partie de sa carrière professionnelle, la charge de maintenir les compétences techniques et professionnelles d'une grande entreprise, attaquée de tous côtés au nom du modernisme et de l'économie, alors qu'elle avait été si longtemps glorifiée comme un symbole de la volonté de redressement de notre pays.
Profondément Français par le coeur, il gardait, par ses manières franches et son style direct, un fond américain qu'il tenait de son père. Celui-ci, venu en France avec l'armée des USA à la fin de la guerre, y avait fondé une famille et avait ultérieurement travaillé à la base aérienne de Toul-Rosière. Sa mère, bonne musicienne, avait veillé à ce que son éducation fut équilibrée, entre les études et les divertissements où la musique, passion de la famille, avait une bonne part. L'éducation qu'il reçut au lycée de Neufchâteau, solide et austère, forgea son caractère : c'est, par exemple, en s'imposant d'apprendre chaque jour 50 nouveaux mots d'anglais qu'il réussit à atteindre le niveau qu'il s'était donné pour objectif.
Après la Taupe à Nancy, il fut admis à l'École des Mines et de la Métallurgie de Nancy, dans la promotion 1946 dont il sortit major. Il choisit la mine, où d'ailleurs à cette époque étaient les gros bataillons. Le pays, en plein redressement, avait un besoin criant de mineurs au point que ceux qui choisissaient cette voie étaient dispensés de service militaire.
Il fut embauché, en 1949, aux Houillères de Lorraine dont l'avenir semblait particulièrement prometteur, et fut envoyé au fond comme ingénieur de quartier. La mine où il apprit le métier, Saint-Charles, était probablement la plus difficile techniquement et une des plus dangereuses de Lorraine. Il eut à affronter l'ennemi mortel du mineur de charbon, le grisou, et aussi les feux et les venues d'eau. Le commandement, dans cette mine ancienne continuellement menacée de fermeture, était particulièrement rigoureux, et il en conserva toute sa vie une empreinte, faite de stoïcisme et d'un parler très direct.
Marié en 1950 à Jacqueline et formant un couple solide au milieu des tracas du métier, ils fondèrent une famille qui s'est agrandie avec le temps. Leurs trois enfants, Gérard, Catherine et Isabelle, leur firent cadeau de sept petits-enfants et huit arrière-petits-enfants, source de bonheur essentielle.
Après Saint-Charles, sa carrière est une succession de promotions flatteuses dues à sa compétence indiscutée et à son autorité naturelle : Chef de Siège de Saint-Charles, Chef des Services Centraux Électromécaniques, Directeur des Services Centraux du Bassin, Directeur de l'Exploitation du Bassin Dirpptpnr, Directeur Général Adjoint des Houillères de Lorraine.
Il était homme de terrain, de responsabilité et de parler franc, qualités qui ne sont pas toujours appréciées dans notre pays, surtout lorsqu'il s'agit de nommer à des fonctions où l'on doit faire antichambre dans les allées du pouvoir. Persuadé que le déclin inéluctable des Houillères de Lorraine devait être mené avec discernement, il s'employa, autant qu'il lui fut possible, à le rendre acceptable pour les mineurs, toujours viscéralement attachés à leurs puits et il poursuivit sa tâche avec passion, pour maintenir les exploitations du Bassin Lorrain au plus haut niveau technique et faire progresser la sécurité des mineurs. On en donnera seulement trois exemples :
Au plan humain, dans une profession réputée pour sa rigueur, il savait trouver avec chacune des personnes sous son autorité, le style qui lui convenait le mieux, et prenait soin discrètement de leur bien-être, et de leur avenir. Il savait en user de même avec les représentants du personnel ou de l'administration. Il obtenait ainsi parfois un consensus social qui était refusé à d'autres responsables, dans une époque où le climat social était particulièrement tendu.
Resté très proche de l'École des Mines de Nancy, il s'intéressa, à chaque fois qu'il en eut l'occasion, à l'avenir professionnel de ses jeunes diplômés.
C'est en 1986 qu'il put enfin accéder à la retraite, après avoir vécu toutes les phases de l'aventure minière lorraine, de son aurore dans l'après-guerre à son crépuscule, et choisit de résider à Nancy, la ville qui lui rappelait, ainsi qu'à son épouse, le temps heureux de la jeunesse.
Jacques BONNET (E58)
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, n° 463, Sept./oct. 2012 :
C'est avec une grande émotion que j'ai appris le décès brutal de notre collègue et ami Richard Lyons.
Nous nous sommes connus à la rentrée 1946 à l'École des mines de Nancy où il avait fait le choix d'entrer parmi les autres écoles où il était admis.
Il se révéla tout de suite un des meilleurs élèves de la promo et devait d'ailleurs sortir major.
Bien que logé dans sa famille il prenait une part active à la vie des élèves de l'École.
Nous fûmes embauchés en même temps à la fin de nos trois années d'École aux Houillères du Bassin de Lorraine.
Dès ses débuts au puits Saint Charles, réputé pour ses difficiles conditions d'exploitation, il fit preuve de ses qualités de mineur, de son sens des responsabilités et de sa solidité dans les épreuves.
Au cours de toute sa carrière qu'il fit entièrement au fond il confirma cette personnalité dans différents secteurs de l'entreprise en même temps qu'il se faisait apprécier pour son sens des relations humaines.
Il gravit ainsi rapidement tous les échelons de la hiérarchie et termina comme Directeur général adjoint.
Nous avons pris notre retraite le même jour et décidâmes de regrouper nos fêtes de départ avec notre regretté camarade Pierre Georgel.
Ces années de vie professionnelle commune avaient crée des liens très étroits entre nos deux familles qui ne se sont pas distendus après la retraite malgré l'éloignement ; Richard qui avait épousé Jacqueline, une lorraine comme lui, décida de rester à Nancy où il pratiqua avec bonheur l'art d'être grand-père.
Il resta très proche de l'École, étant membre durant plusieurs années du comité directeur de la Fondation de l'Industrie, et de notre promotion, participant à nos rencontres de promo qu'il organisa par deux fois à Nancy.
Richard était chevalier de l'Ordre National du Mérite.
Je me fais l'interprète de toute la promotion pour assurer Jacqueline, son épouse, Gérard, Cathy et Isabelle ses enfants ainsi que ses sept petits-enfants et ses sept arrière petits-enfants de notre sympathie et de notre amitié.
Robert COUGOUILLE