Marié à Colette Geuinlé. Père de Alain (X66), Catherine, Hélène (née le 7/5/1958).
Ingénieur civil des mines de Paris (promotion 1942).
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, juillet-septembre 2003
Disparu brutalement chez lui peu de jours avant Pâques 2003, Georges, d'ascendance maternelle juive, avait été admis au concours d'Elève Titulaire de l'Ecole des Mines de Paris, en 1942, Paris étant alors sous occupation allemande nazie.
En cours de première année, vers la moitié de 1943, en moins de 8 heures, les Elèves de l'Ecole nés en 1922 voyaient leur carte d'identité tamponnée au commissariat de police de quartier, de la mention "Allemagne", au titre des lois de Vichy sur le S.T.O. (Service Obligatoire du Travail), prises sur injonction allemande.
Grâce à l'action, salvatrice pour les requis, mais compromettante pour lui, du Directeur de l'Ecole Edmond FRIEDEL, Ingénieur général des Mines, ces élèves furent embauchés sur l'heure dans les Mines de Charbon du Nord et du Pas-de-Calais (alors Sociétés privées). Georges fit partie du lot. Comme Ingénieur stagiaire, il permit l'amélioration du système pneumatique des marteaux-piqueurs. La région, au nord de la Somme, était déjà, de fait, annexée par l'Allemagne. Elle relevait du commandement allemand de Bruxelles, et non de Paris.
Georges y resta jusqu'à ce que, début 1944, une ordonnance médicale, dangereuse pour son auteur, lui permît d'aller, sans risque apparent pour lui, se soigner par le repos, chez ses parents, réfugiés dans la région de Pau. Ils pensaient pouvoir passer clandestinement en Espagne.
En fait, ils furent dénoncés, arrêtés, et firent partie d'un convoi Toulouse-Drancy, Drancy où régnait alors la dictature du sinistre Alois Brunner, essentiellement relative aux personnes juives. Ils restèrent environ trois mois à Drancy, passés à la comédie macabre de "former" la décision de Brunner quant à l'appartenance ou non, de tel ou tel, à l'ethnie fatale qui conduisait celle-ci aux Camps de la mort, de Drancy en Allemagne.
Le débarquement des Alliés et le soulèvement de Paris sauvèrent Georges et ses parents de la déportation, avant qu'un dernier convoi vers l'Allemagne pût partir : le Consul de Suède ouvrit les portes du camp, gardé jusqu'au bout par des gendarmes français, même après le départ des nazis.
Georges passa la plus grande partie de sa vie professionnelle chez "Pont-à-Mousson", secteur chauffage et ventilation, au Centre de Recherches. La fusion ultérieure avec "Saint-Gobain" l'amena à Paris, chez "Eco-France" où il a terminé sa carrière active.
D'un naturel chaleureux et fier de sa famille, il ne ménageait pas ses efforts pour contribuer à l'esprit de solidarité et de camaraderie qui anime l'Association des Mines de Paris. Récemment, il participait activement au Baptême de la Promotion 2002, à l'Ecole. Georges LIPIETZ demeurera, avec les Camarades de sa Promotion 1942, morts à la guerre, fusillés ou déportés, un témoin irréfutable des événements tragiques contemporains de cette Promotion dans sa jeunesse.
Georges, à la fin de sa vie, jugea indispensable que soit associée à son nom l'épitaphe relative à ce qu'il avait vécu :
Jacques DUBROEUCQ (42)
Délégué de la Promo 42 de l'Ecole des mines de Paris
à la suite de Robert BARBOT
Voir aussi : Biographie de Lipietz sur Wikipedia