Né le 22 février 1913. Décédé le 5 octobre 2009.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1933).
Ingénieur civil des mines.
Publié dans ABC-Mines, Août 2011, Bulletin N° 33.
André Lecomte, à qui il n'aura manqué que quelques années pour devenir centenaire, fut pendant des lustres un fidèle membre d'ABC Mines, assidu à toutes nos conférences, toujours prêt à nous apporter son concours bénévole, participant aussi longtemps que sa santé le lui a permis aux grands voyages d'étude et de découverte qui, chaque année, rythment la vie de notre Association. Au cours de la fameuse excursion du Groenland, il avait retrouvé une autre membre fidèle d'ABC Mines, Virginie Olivier, qu'il avait bien connue comme épouse d'un de ses collègues aux Houillères de Blanzy. Habitué des longues marches en montagne, André, alors plus qu'octogénaire, avait gardé une forme physique étonnante, venant au secours de quelques excursionnistes en grand danger sur les pentes glissantes du Kavnefeld. C'est peut-être là que tous deux, ayant perdu quelque temps auparavant leurs compagnons respectifs, décidèrent de se rapprocher, pour effectuer de concert une dernière route qui aura finalement duré une bonne quinzaine d'années.
La grande modestie d'André Lecomte ne l'amenait pas souvent sur le devant de la scène. Toutefois, il lui suffisait de quelques remarques pour mesurer l'étendue de sa culture ou, surtout, de quelques épisodes de sa vie passée qui aurait pu lui valoir une célébrité dont il ne cherchait guère à faire état. Lors d'une excursion près de Briançon, dans le Massif du Chenaillet, apercevant au loin le Fort du Chaberton, il nous fit part du rôle que, officier dans un régiment d'artillerie de montagne, il avait pu jouer dans l'une des rares, peut-être la seule victoire de l'armée française au début de la Seconde Guerre Mondiale. Pressentant la déclaration de guerre que les Italiens firent à la France lorsqu'ils virent la déroute des armées françaises, les troupes de montagne avaient fait tous les réglages nécessaires, puis caché les canons dans des tunnels. Lorsque la guerre fut déclarée, le fort, qui menaçait directement toute la région de Briançon, fut détruit avant même d'avoir pu ouvrir le feu.
Promotion 1933 de l'Ecole des Mines de Paris, celle-là même qui, avec Maurice Allais, a donné un prix Nobel d'Economie à la France, André Lecomte a fait toute sa carrière dans les Charbonnages, terminant comme Directeur des Houillères de Blanzy. Il fut sans doute le dernier ingénieur de l'Ecole des Mines de Paris, le dernier véritable « mineur », à se consacrer entièrement à un « or noir» qui, depuis plus d'un siècle, avait assuré le développement de notre pays. Il a connu des expériences exaltantes en Russie, ou surtout en Argentine, qui lui ont laissé de profonds souvenirs. Il a aussi connu le déclin inexorable du charbon, les effectifs qu'il dirigeait passant en quelques années de plus de 10.000 à moins de 3.000 ouvriers. Disparition progressive qui s'est passée sans heurt, sans grèves, sans confrontation majeure avec la Direction. Peu d'autres régions minières ont connu la même tranquillité, ce qui en dit long sur des qualités humaines véritablement hors du commun.
Rapprochés par la minéralogie, André et Virginie étaient devenus une sorte de symbole à ABC Mines, faisant l'admiration de tous par une entente exceptionnelle.